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La Cendre et la Braise de Ramius



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Informations

» Auteur : Ramius - Voir le profil
» Créé le 22/06/2019 à 10:26
» Dernière mise à jour le 24/08/2019 à 09:48

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Amitié   Mythologie   Présence d'armes   Suspense

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Chapitre 13 : Un Sage en visite
φ

Je n’ai pas très faim aujourd’hui, alors plutôt que de partir en chasse dans la ville, je me dirige vers la campagne environnante. Dépouiller un buisson de ses baies suffira à me laisser survivre un jour ou deux. Cela m’épargnera aussi d’avoir à traquer une proie ; ce n’est guère facile dans les ruelles tortueuses de Cnossos, qui sont justement celles où il y en a le plus.

Il me semble que nous n’avons pas encore vraiment abordé le sujet de la nourriture, avec Dédale… Celui-là, pour le coup, j’y ai été exposé progressivement : l’architecte n’accommode que peu ses repas, mais assez pour que je saisisse l’idée, et ne m’en rende plus compte quand j’ai eu l’occasion d’assister à une cuisine plus compliquée.

À l’inverse, lui ne s’est jamais demandé comment je me sustentais dans la ville. Certes, ça peut se comprendre. Non seulement je n’ai pas hésité à picorer par-ci par-là dans son assiette, pour goûter ; mais en plus, je me contente d’assez peu par rapport à de nombreux autres Habitants, sans parler des Humains. Il est donc logique qu’il n’ait pas remarqué que certaines nuits (parce qu’en plus, je dors moins que lui, et moins profondément !), je m’éclipsais discrètement pour aller chasser.

Ainsi, Dédale ne sait sans doute pas que la nourriture d’un Habitant se compose régulièrement d’autres Habitants, non moins présents dans l’Essence. Je pense qu’il en serait choqué (est-ce que j’ai évité le sujet inconsciemment pour cette raison ?) ; mais moi, j’ai vécu toute ma vie de cette façon, et ça ne m’a jamais particulièrement posé problème.

Bien sûr, je suis (souvent) conscient que j’aurais peut-être pu avoir une conversation avec ces gens que je suis en train de manger ; mais après tout, c’est dans l’ordre des choses. Il y a des proies et des prédateurs, parce qu’il est plus nourrissant de manger quelqu’un qui a une forte affinité avec l’Essence que les baies d’un buisson qui passe son temps à attendre qu’on vienne tester ses ruses. Néanmoins… Je suis curieux du point de vue de mon ami Humain à ce sujet.

Là. Serait-ce… Non, pas le genre de buisson à porter des baies. Mais la végétation est tout à fait satisfaisante ; fournie mais pas trop, promettant des buissons qu’elle sera incapable de cacher. Je laisse couler la rivière de mon attention sur tout le paysage, attendant simplement que mes yeux reconnaissent une forme familière. Voilà bien pourquoi il est moins fatiguant de chercher un buisson que de chasser.

L’astre est plus ou moins au Zénith. Ce qui ne signifie pas seulement que j’ai une bonne luminosité, mais aussi que Dédale est réveillé. Ce fait se rappelle à moi en même temps que l’amertume de ce matin. Je ne sais pas trop pourquoi j’essaie de l’aider à surmonter les risques de la vie en société ; peut-être parce que je le considère comme mon ami le plus proche ? Quoi qu’il en soit, c’était une idée plutôt inconséquente. Je ne la regrette pas ; mais la cohabitation avec l’Humain m’est devenue légèrement plus difficile. Je l’admets, c’est pour ne pas éclater de rage que je suis sorti de la ville en journée. Bref.

Ah, là ! Ce coup-ci, j’en suis convaincu : j’ai trouvé mon repas du jour. Maintenant, il s’agit de l’attraper. Je descends lentement, en scrutant les broussailles autour du buisson. Aucun mouvement ; pas d’autre mangeur de baies sur place. Il se trouve que c’est un mauvais signe, et je m’arrête donc à bonne altitude pour vérifier que la zone est sûre.

Et ça ne rate pas : en volant en cercles autour de ma cible du jour, j’aperçois une anomalie. Un morceau de végétation douteux. Je replie mes ailes et me laisse tomber sur quelques longueurs de moi-même ; le changement dans mon angle de vue me laisse entrevoir un morceau de chair, vite escamoté sous une couche de feuillage. Pas assez vite : j’ai reconnu un Cocon-en-Feuille. Ses Essences de la Type plante 6G et de l’ Type insecte 6G ne tiendraient pas un seul instant face à mon Type feu 6G, et si je me posais, il ne s’en prendrait pas à moi.

Mais il n’en a pas l’intention : c’est une ruse. Il voudrait que quiconque vienne dans ce buisson le surveille ; je vérifie donc la végétation en face de lui. Sans rien trouver, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a rien. Voyons voir… Ce-palais-à-Cnossos-aux-colonnes-enspiralées-de-rouge-et-d’ombre-soutenant-un-bloc-d’obsidienne-taillée. Gagné !

Le Trompe-Poison a pris, bien malgré lui, une apparence plus pierreuse, semblable à une façade de palais. Ces gens-là ont, malgré leur faiblesse dans l’Essence du Type psy 6G, une capacité surprenante à ressembler à ce qu’on croit trouver à leur place. Ici, de l’herbe. Mais si on est prévenu, et qu’on pense assez fort à autre chose… La supercherie cède, et elle cède pour tous les Trompe-Poison alentour. Je suis donc certain que celui que j’ai repéré est seul.

Cela fait donc deux sentinelles autour de ce buisson. Vu leur relative faiblesse, il n’y en a sans doute pas d’autres. Néanmoins, je prends le temps d’en être sûr avant de me poser (enfin). Une coïncidence fortuite fait que j’ai un œil braqué sur chacun des deux buissons qui voulaient me surprendre ; comme c’est étrange ! Entre cette preuve que je les ai vus et mon Essence de Type feu 6G, ils ne bougeront pas. Je peux manger tranquillement, sans craindre de me faire empoisonner dans le dos. C’est-à-dire que je mangerai quand j’aurais vérifié que ces baies ne sont pas toxiques.

On n’atteint pas un âge aussi avancé que le mien en rognant sur les mesures de sécurité ! Et j’ai encore de longues années à vivre si je me conforme toujours à cette prudence. À peine cette pensée vient-elle à l’esprit qu’un battement d’aile l’en chasse, et me voilà à nouveau complètement ouvert à mon environnement. Dans le même temps, j’opère une autre gymnastique familière.

Le bruit était léger, un peu tendu. Plutôt jaune que rouge. Et mal amorti. L’aile qui l’a causé avait vraisemblablement un bord droit, mais des parties anguleuses. Ses plumes ne sont pas taillées pour la discrétion, mais ça ne ressemble pas non plus à des plumes de vitesse. Il s’agit plus probablement de plumes amorphes, utilisées pour autre chose que le vol.

Mon invité est donc un utilisateur de l’Essence du Type psy 6G ; je parierais sur un Œil-Voyant. Et je suis raisonnablement sûr de savoir lequel, alors je picore une autre baie avant de relever ma tête et de trahir enfin que j’ai entendu quelque chose. Un coup d’œil suffit à confirmer cette certitude : l’ermite de la montagne-aux-pentes-sans-longueurs est sorti de sa retraite pour venir me voir.

Je le soupçonne de surveiller les alentours dans l’Essence, parce qu’il ne prend pas la peine de vérifier après moi qu’aucun prédateur n’attend son atterrissage pour lui bondir dessus. Il pourrait aussi me faire confiance pour avoir sécurisé la zone, et il aurait sans doute raison, mais ça ne lui ressemble pas. Lui aussi vivra longtemps.

Bien le bonjour, Icare le Voyageur !

— Bonjour. Tu n’as pas eu trop de mal à me trouver, j’espère ?

Pas vraiment. En te cherchant, à l’instant, j’ai vu un tas de gravats organisés avec une certaine précision. Parfois, tu écartes ces pauvres petits Trompe-Poison d’une façon un peu brutale.

— Ils ne peuvent pas s’en rendre compte, autant en profiter !

Enfin, je n’étais pas venu te faire la morale. En fait, j’aurais voulu voir cet Humain.

— Dédale ?

Lui-même.

***
Sans surprise, nous trouvons Dédale chez lui, avachi sur sa table de travail avec une feuille blanche sous les yeux et une mine de charbon à la main. Visiblement, il a profité de mon absence pour essayer de dessiner un bâtiment quelconque, mais sans succès. Il nous voit entrer, puis nous interpelle après quelques secondes, sans grande conviction.

Tiens ! Ce doit être ce fameux sage. Un plaisir de vous rencontrer !

Moi de même, architecte. Icare m’a parlé de vous en termes relativement élogieux.

— C’est vrai, ça ? Petit cachotier, va.

Estime-toi heureux ! ai-je rétorqué. Tu as échappé à une discussion fascinante mais qui t’aurait assommé.

— Déjà que je ne suis pas trop dans mon assiette…

Tu parles dans l’Essence du Type psy 6G, maintenant ? C’est nouveau, ça, Icare.

— Le Langage est inaccessible aux Humains.

— Ah. Bref ! Permettez-moi de me présenter, je n’ai pas de nom. On m’appelle simplement le sage.

— Ou le piaf.


— Je m’y attendais un peu, à vrai dire. Je suis Dédale, architecte et futur cadavre. Et pas la peine de me vouvoyer, j’ai horreur de ça !

Y’a moyen, répond-il avec une nuance insolente.

— Merci. Qu’est-ce qui me vaut l’honneur de… ta visite ?

La curiosité, ça marche ?

Ça, c’est louche. Le sage est curieux, certes, mais pas au point de faire un si long trajet pour parler à quelqu’un. Mais pourquoi cacher ses raisons ?

Ça a marché pour Icare. Mais en ce moment, il n’y a pas grand-chose à voir dans cette baraque. Tu tombe au plus mauvais moment, à vrai dire…

Oh. Je ne voudrais pas déranger…

— Non, ce n’est rien. J’imagine qu’il vaut mieux parler plutôt que se morfondre.

Toujours, oui ! Il y a un problème ?

— Vois-tu,
lui dis-je sur le ton dont on énonce un secret, les Humains ont plus de mal à accepter la mort que nous.

— Ah, oui, un cas classique. Si on discutait de tout et de rien, donc ?


Je maintiens mon impression ; cette patience ne ressemble pas à l’ermite. Il attend quelque chose de l’Humain ; mais quoi ?

Avec plaisir ! Cependant, à en croire Icare, vous ne serez pas trop de deux pour mettre de l’optimisme par ici.

Ben voyons.

— Rire ! Ça lui ressemble bien, d’être aussi cynique.

— Tu peux parler !


— Oh, ça va. La plupart du temps il arrive à avoir l’air joyeux.

Par les dieux, mais vous vous liguez contre moi !

— Bien sûr
, commence le sage en imitant le sourire de Dédale. Tu es tellement facile à charrier.

— Tiens, c’est la première fois que j’entends un juron d’Habitant ! Il a un équivalent Humain, en plus.

Justement, je l’ai traduit par l’équivalent Humain.

— Je n’avais même pas remarqué que vous parliez tous les deux en Grec.


— À propos de dieux, d’ailleurs.

Ah, je vois que nos divagations ont éveillé ta curiosité !

— Oui. Qui sont ces dieux ? Je veux dire, pouvez-vous me résumer un peu leurs aspects, leurs domaines ?

Ça dépend de la précision attendue.

— Il y en a pas mal, donc ça pourrait prendre un bout de temps. Pourquoi cette curiosité, d’ailleurs ? C’est un sujet un peu… éloigné de la réalité.

— Dit celui qui y plonge le bec deux fois par jour.


— Eh bien. Depuis quelques temps, je suis en comme qui dirait en panne. Je n’ai plus d’inspiration, et ça, pour un esthète, c’est un peu dérangeant.

C’est valable. Incomplet, mais valable.

— Ça va, fais pas ton Type psy 6G !

— Et tu peux me dire ce que je ferais, sinon ? Bref.


— C’est toujours comme ça vos discussions ?

Non, là je nous trouve plutôt raisonnables.

— C’est rassurant.

Mais laissons parler le sage, je sens qu’il trépigne d’impatience à l’idée de jouer son propre rôle de conteur.

— J’ai un peu l’habitude que tu fasses le clown, en même temps.

— Merci, merci.

— Bref. Je ne sais pas trop par où commencer.

— Raconte-lui la naissance des Entités !

— Bien sûr. C’est ça, crois-y. Bref ! Ce que nous appelons Dieux, Icare te l’a sans doute déjà dit, ce sont des entités qui vivent dans l’Essence, voire même en tant qu’Essences, et qui y laissent des traces.


— Et dont vous supposez qu’elles laissent ces traces plus ou moins volontairement, oui.

Surpris, le sage se tourne vers moi. (C’est-à-dire qu’il m’ignorait plus ou moins pendant que j’essayais de le perturber.)

Quoi, tu lui as dit ça ?

— Est-ce faux ?

— En partie. Ces traces sont là surtout parce que ceux qui les laissent ont la flemme de les enlever. Enfin, quelque chose dans le genre.

— Oulà, une flemme divine ! Ça doit être pas mal, ça.

— Les Dieux pourraient ne laisser aucune trace de leur présence dans l’Essence. Étant donné la puissance qu’ils semblent avoir, ce serait tout à fait possible. Mais leur nature même génère énormément de traces.

— Et il ne leur servirait à rien de les enlever. Je vois, oui.

— Voilà. La nature en question…

— Relax !

— … consiste en des réseaux, des courants d’Essence. Ils ressemblent un peu à des toiles, des ensembles de filaments reliant des points de convergence. Et ces ensembles pulsent, ce qui laisse penser qu’ils sont vivants.

— C’est précis comme vision.


— Mais que relient ces filaments ? De simples nœuds du filet, ou bien… quelque chose comme des corps divins ?

Je ne sais pas. Ma vision n’est pas assez précise pour voir au-travers de ces nœuds, car ils concentrent trop d’Essences souvent contradictoires…

— J’ai pas suivi, tu peux recommencer au début ?


Dédale éclate de rire, tandis que le sage me foudroie du regard. Incroyable : j’ai réussi à l’énerver ! Je ne savais même pas que c’était possible, ça !

Sérieusement, Icare ?

— Ben quoi ?


Il soutient mon regard un moment, puis détourne les yeux pour fixer un Dédale en train de se calmer. (À grand-peine.) Quant à moi, je suis de plus intrigué par le comportement étrangement sociable de l’ermite. Il est venu chercher quelque chose. Quoi ? Est-ce que je l’ai aidé ou embêté ? Pourquoi garde-t-il le silence ? Aucune réponse ne me vient à l’esprit.

Au moins, admet-il, tu nous l’as déridé un peu.

— C’était mon objectif depuis le début, si tu n’avais pas remarqué.


— C’est gentil à toi… sage, merci pour cette histoire. Si courte et si vraie soit-elle, je crois bien qu’elle a restauré mon imagination. Me voilà à nouveau prêt à créer, et peu importent les choses aussi triviales que la mort ! De vous à moi, c’est agréable d’avoir retrouvé cet état d’esprit.

Je pense que s’il peut durer, ça sera agréable pour moi aussi.

— C’est ça, prend ton tour pour me charrier.

En tant que… fervent utilisateur de l’ Essence du Type psy 6G, je vais devoir pinailler un peu à ce sujet.

—Ah bon ? En quoi ?

Icare souhaitait à l’instant que cet état d’esprit soit durable ; comme ce sera plus confortable pour vous deux, je pense que je peux vous livrer une partie de la clé du problème.

— Quelle générosité !

— Ne m’en décourage pas…


Je me tais, pour l’instant. Je n’ai guère envie de fâcher le sage, et j’ai réussi à faire sourire Dédale ; je peux donc raisonnablement me permettre d’arrêter de jouer le trouble-fête.

Un problème a toujours une cause et des solutions. Bien entendu, la solution la plus efficace est de supprimer la cause, si c’est possible. Donc, voici le problème : tu es, Dédale, dans un état proche de l’abattement complet.

— Ce que je trouve plutôt raisonnable, puisqu’on m’a condamné à mort.

Et que fais-tu du type Esprit ? Par exemple, les Ombre-Souriante ; je crois que vous les appelez Ectoplasma ?

— Eh bien. Tu semble déjà en avoir rencontré ; pour ma part, j’ai toujours cru que ces Habitants-là étaient des légendes urbaines.

La mort est-elle la fin ?

— Certains croient que non. J’aurais tendance à penser que oui. Et maintenant, j’en doute à nouveau ! Je commence à comprendre ce qu’Icare trouve de si passionnant à vos conversations philosophiques…

Le problème, ce n’est pas que tu vas mourir bientôt, Dédale. Un problème se situe le plus souvent dans le présent. Selon moi, ton problème est que tu es déjà mort.

— Ça c’est pas philosophique. Je parlerais plutôt de sophisme. À moins que ce ne soit encore un de ces fichus tours de passe-passe de l’Essence du Type psy 6G ?


À ma grande surprise, le sage répond dans le Langage. Autour de lui, celui-ci prend les significations de la confiance, de silence et de vérité. Sibyllin, mais il m’a déjà fait le coup pendant une journée entière. Ce qu’il veut dire, c’est oui, mais tais-toi et fais-moi confiance ! . Quel que soit son but, c’est donc de Dédale qu’il veut le tenir caché. Ça semble logique ; il est venu ici presque exclusivement pour l’architecte, après tout. Je n’en reste pas moins sur ma faim.

Le concerné, n’ayant rien entendu de cette réponse ni de mes pensées, ne sait pas ce qu’il perd. Mais il gagne son temps, en réfléchissant à ce que le sage vient de dire. Enfin, plutôt de transmettre, du coup. Je dois reconnaître que c’est assez perturbant, comme idée.

C’est logique, oui.

Tant mieux pour lui s’il arrive à assimiler ce concept bizarre, hein.

Je veux dire… être vivant et mort à la fois, pour le coup, ce n’est pas logique. Mais, comme image, c’est assez vrai. Qu’est-ce que vivre, sinon s’en donner des raisons ? Et alors, à partir du moment où on accepte la mort, on est mort. Tu mérites ton titre de sage !

Je sais.

Il n’a pas pu s’empêcher de prendre un ton légèrement satisfait, quoique son air fier de lui m’incite à considérer qu’il plaisante. Pour ma part, je suis sidéré ! En quelques mots, mon ami le piaf a réussi à redonner envie de vivre à mon ami l’Humain, là où moi qui le connais pourtant bien mieux, j’en ai été incapable ! Dédale n’a pas la moindre idée de la justesse des mots qu’il vient de dire…

Soudain, un doute me saisit. Serait-ce précisément pour atteindre cet objectif que l’ermite est venu jusqu’à Cnossos ? Ça me semble fort probable ; et ce soupçon est conforté par le fait qu’il s’arrange ensuite pour terminer la conversation en un temps franchement court, malgré mes blagues, et donc pour s’en aller. Il laisse derrière lui un Dédale plus heureux et toujours cet horrible doute.

Je ne m’appuie peut-être sur rien pour penser ça, mais il me semble que le sage est venu ici pour modifier le comportement de l’architecte. Or, il voit l’à-venir ; et je reste persuadé qu’il l’a vu récemment. Et s’il intervient, ce doit être exceptionnel…

Qu’a-t-il vu de si désagréable, pour essayer de l’empêcher ?