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Pokemonis T.1 : La Pokeball perdue de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 17/02/2016 à 09:04
» Dernière mise à jour le 14/12/2018 à 22:44

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 44 : Le siège de Jartobylon ( 4ème partie )
Kerel



L’officier Pokemon qui nous dirigeait, le commandant Scarhino, était tombé au combat, tué sur le coup par une puissante attaque feu perdue. Peut-être même était-ce une attaque venant d’un Paxen. Je n’en savais rien. C’était tellement le chaos autour de nous qu’il était impossible de dire qui lançait quoi. Et la mort de notre commandant n’allait pas améliorer les choses. Nous n’avions plus personne à qui obéir, et ça allait vite devenir du chacun pour soi. Le Pokemon de notre groupe qui utilisait l’attaque Téléport était mort lui aussi, ce qui faisait de Cresuptil notre seul moyen de se téléporter. Mais comme nous ne recevions plus d’ordres, impossible de savoir quand le faire. Si nous nous trompions, nous pouvons nous téléporter vers une patte de Jartobylon qui était justement en train de frapper le sol.

Moi, je m’efforçais de rester près de Cresuptil et de le défendre. Je doutais cependant qu’il nous soit encore utile. S’il ne s’était pas encore téléporté tout seul pour prendre la fuite, c’était parce qu’il avait trop peur pour bouger ou même ouvrir les yeux. Il était prostré à genoux par terre, se tenant la tête de ses frêles mains, et appelant ses jails à l’aide. Le feu de la forêt était arrivé jusqu’à nous, et il devenait de plus en plus difficile de respirer. Je m’attendais à mourir d’un instant à l’autre, mais d’ici là, je tenais bon, et je continuais à tuer des Pokemon ennemis. En dépit de la fatigue, des blessures et du manque d’oxygène, il me semblait que je pétais la forme. J’en ignorais la cause, mais mes coups portaient plus forts que d’habitude, et je pouvais stopper des attaques spéciales de Pokemon à mains nues sans que cela ne me cause plus de dommages qu’un coup de poing humain.

- Ils ont fait une percée dans la base ! Cria quelqu’un. Retraite ! Défendez la cité !

J’ignorai qui avait parlé, mais ça ne pouvait être qu’un Paxen. Je n’avais rien contre le fait de remonter dans la cité. Ici, le feu allait finir par nous atteindre, et tenir la position n’était plus possible. Jartobylon devra défendre ses membres seuls. Mais comment remonter, au juste ? Je n’étais pas doté d’ailes, et je n’avais aucun partenaire qui le soit ici. En tous cas, les Paxen commençaient à rompre ce qui restait des rangs, chacun partant à sa façon où à celle de leurs partenaires Pokemon. En me baissant pour éviter un éclair qui passait par là, je secouai Cresuptil par ses frêles épaules.

- M’sieur Cresuptil ! On ne peut plus tenir ici ! Il faut filer, retourner dans la cité ! Téléportez-nous !

Évidemment, j’aurai tout aussi bien pu m’exprimer en langage Zarbi, car Cresuptil ne parut pas m’entendre. Quand la situation devenait trop explosive autour de lui, il avait la fâcheuse habitude de se réfugier dans un monde imaginaire où les jails dansaient devant lui et où les pierres précieuses lui faisaient de grands sourires. Le seul moyen pour le ramener à la réalité aurait été de lui secouer des jails sous son nez, mais je n’avais pas d’argent sur moi à l’heure actuelle.

Pestant pour moi-même, je soulevai le Pokemon et me mit à courir. Cresuptil ne pesait pas grand-chose, Arceus merci. Mais avec l’armée impériale derrière moi, je n’irai pas loin. C’est alors que Jartobylon souleva son pied une nouvelle fois. Les impériaux se dispersèrent au plus vite avant que le pied ne retombe fracasser la terre et provoquer un nouveau séisme. Ça eut l’avantage de me faire échapper à mes poursuivants, mais l’onde de choc du tremblement ne m’épargna pas. Je m’étalai au sol, en cherchant à éviter les débris de terres et de roches qui retombèrent tout autour. Malgré le choc, Cresuptil avait toujours son regard absent et marmonnait des paroles incohérentes.

- Allez quoi, fichu Pokemon avide de pognon ! Lui hurlai-je. Vous ne pourrez pas reconstituer votre fortune si on crève ici ! Utilisez Téléport bon sang !

De dépit, je l’ai giflé, un geste qui m’aurait été impensable il y a encore quelque temps. Mais rien n’y fit, et le chaos autour de nous ne fit que s’aggraver. Qu’est-ce que je fichais ici, au juste ? Pourquoi tout ceci ne pourrait-il pas être un rêve tordu ? Oui, j’aurai aimé me réveiller dans la demeure de Monsieur Noctali, à Ferduval, et me rendre compte que tout ça n’avait jamais existé…

- Kerel…

Tiens, j’entendais même la voix lointaine de Maîtresse Cielali. Peut-être était-ce vraiment un rêve après tout, et ma maîtresse était en train d’essayer de me réveiller ?

- KEREL !

Mais non, ce n’était pas un rêve. C’était bien la voix de Cielali que j’entendais, mais elle venait d’ici. Ma maîtresse arrivait vers nous par les airs. J’étais si content de la voir en vie et prête à nous porter assistance que j’en oubliai que j’étais censé ne plus l’appeler Maîtresse.

- Maîtresse ! Si vous pouviez nous déposer quelque part, ça ne serait pas de refus…

Cielali fondit sur moi, et, tenant Cresuptil d’une main, je m’agrippai au dos de ma maîtresse. Il y avait toujours pas mal de combats dans les airs, mais pour l’instant c’était dix fois plus sûr qu’en bas.

- On ne peut plus les retenir, dis-je à Cielali. On est restés autant qu’on a pu.

- Le noble Jartobylon a des réserves, répondit-elle. Il tiendra plus longtemps que vous, même seul face à un millier de Pokemon. Ce n’est pas le cas de la cité. Tu as vu ce skipper se crasher tout à l’heure ?

- Je l’ai senti avant de l’avoir vu.

- C’était le skipper que j’étais en train d’attaquer. Probablement celui du colonel Tranchodon. Il s’est écrasé volontairement. Ça veut dire que le colonel est sûrement en vie, et en ce moment même dans la cité !

Tranchodon… La raison pour laquelle Cielali et moi avions pris part à cette bataille. Épuisé et blessé comme je l’étais, je ne me sentais certainement pas de taille à me mesurer à ce monstre, si tant est que je l’aurais été même en pleine forme. Mais je pensai une nouvelle fois aux parents de Cielali, à la Vallée des Brumes et à Sol, et alors, la haine balaya une nouvelle fois la prudence. De toute façon, à quoi bon faire preuve de prudence maintenant ? Soit Tranchodon était vaincu, soit les Paxen étaient détruits. C’était simple.

- Alors, direction l’endroit où le skipper s’est crashé, Cielali, dis-je avec force.

La Pokemon acquiesça, apparemment ravi du ton que j'employais. Il n’y avait plus de maîtresse qui tenait, maintenant. Plus de hiérarchie. Nous étions un humain et un Pokemon qui allaient combattre notre ennemi ensemble. Nous étions des égaux. Nous étions des partenaires. Comme Cielali ne passait guère inaperçu avec un humain et un autre Pokemon accrochés à elle, elle fut vite prise pour cible par plusieurs impériaux volants. Elle avait beau esquiver pour échapper aux attaques, mon poids et celui de Cresuptil la ralentissait, et elle aurait été incapable d’attaquer comme ça.

Nous ne dûmes notre salut qu’à Sire Cernerable qui, d’un bond prodigieux du sol, éloigna les Pokemon volants d’un seul regard. On avait été briefés sur le talent spécial de Cernerable, et nous savions que si nous restions près de lui, nous ne risquions rien. Alors que nous nous trouvions au niveau de la cité et de ses murs verts comme ceux d’un Colisée, Cielali se mit à voler à la hauteur de Cernerable. Sur le dos du Sixième Fondateur, le chef Astrun nous salua de la tête.

- Content de voir que vous êtes en vie, tous les deux. Nous nous replions à la base. Il nous faut contenir la brèche.

- C’est Tranchodon, cracha presque Cielali. C’est de lui qu’il nous faut nous occuper. Si on élimine son chef, l’armée impériale perdra confiance et sera vite mise en déroute !

- Je doute que même mon Intimidation Aggravée fonctionne contre lui, dit Cernerable. Il est le plus féroce des officiers de Légionair, et on peut parfaitement faire confiance à mon ancien élève pour se dégoter les Pokemon les plus dangereux. Si Tranchodon a vaincu Solaris, je crains de ne pas pouvoir faire mieux qu’elle.

- Nous l’affronterons tout de même, avec ou sans vous, rétorquai-je.

Je ne voulais pas répondre sur ce ton, et Cernerable, sans cesser de courir, me glissa un de ses regards perçants. Je me rappelai alors ce qu’il m’avait dit encore récemment sur le chemin de la haine et de la vengeance. Mais je ne voulais pas y penser. Pas maintenant. Tant pis si je ne valais pas mieux que Ludmila sur ce point. Je ferai mon diagnostic mental une fois ce salopard de Tranchodon mort, et si c’était moi qui devait mourir, je n’aurai même pas à le faire.

Cielali me transporta jusqu’à la brèche au second niveau de la cité, Cernerable et Astrun derrière nous. Je déposai bien vite un Cresuptil inutile au sol, puis je contemplai le spectacle qui nous faisait face. Le colonel Tranchodon, seul et couvert de blessures et de brûlures se tenait face à Ludmila, Penombrice, ainsi qu’à deux Paxen aux habits étranges et à leurs partenaires Pokemon qui encadraient la fille Chen comme si elle était le messie. Il y avait également Tannis, qui essayait tant bien que mal de se tenir en retrait derrière Pandarbare.

Face aux griffes violettes et luisantes d’énergie dragon de Tranchodon, Ludmila maniait un bâton Desgen anormalement grand et au design différent. Elle s’en sortait bien, du moins pour une humaine face à un monstre comme Tranchodon, mais elle se serait fait embrochée ou coupée en deux depuis longtemps si elle ne disposait pas du soutien de Penombrice et de ses étranges garde du corps aux manteaux blancs. Elle contrait les attaques Dracogriffe de Tranchodon autant qu’elle le pouvait, tout en se tenant à distance de son long cou et donc de son horrible tête aux larges défenses tranchantes qui ne demandaient qu’à découper Ludmila en petits morceaux.

Mais après avoir contré et immobilisé le Desgen de la fille Chen, Tranchodon ouvrit grand sa gueule pour créer le début d’une attaque Dracochoc. Même si elle n’était pas complète, tirée ainsi à bout portant, elle aurait été suffisante pour réduire la tête de Ludmila en bouillie, si seulement Pandarbare ne s’était pas élancé pour donner un formidable coup de poing à son ancien supérieur, qui le détourna de sa trajectoire. L’attaque Dracochoc partit donc contre le mur de pierre qu’elle fit partiellement exploser. En compensation, Tranchodon donna un retour de queue à Pandarbare qui le repoussa de plusieurs mètres en dépit de sa taille et de son poids. Après quoi seulement, le colonel remarqua la présence des nouveaux venus, c’est-à-dire Cielali, moi, et les deux leaders Paxen.

- Ah, décidément, mes cibles se bousculent pour venir jusqu’à moi aujourd’hui. Vous êtes tous si pressés de mourir de ma main, ça me réchauffe le cœur…

Son ton condescendant et sûr de lui me fit bouillir intérieurement, mais je gardais encore assez de self-control pour savoir que courir jusqu’à lui en hurlant et en agitant mon bâton Desgen serait une idée quelque peu débile. Pour vaincre cet adversaire-là, la prudence était de mise. Il allait falloir ruser, attaquer en même temps de divers cotés. Nous étions douze contre lui, en comptant les deux Paxen aux manteaux blancs et leurs partenaires. Enfin, dix plus précisément, car Tannis n’avait pas d’arme, et Cresuptil était toujours dans les vapes. Tranchodon défia sire Cernerable du regard.

- Ah, le Sixième Fondateur des Paxen en personne, susurra le colonel. C’est la première fois que nous nous rencontrons. Quelle extraordinaire pression quand on croise votre regard, je dois l’avouer ! Tout mon corps fourmille de peur et me pousse à reculer.

Je songeai que si Tranchodon ressentait cela, c’était que l’Intimidation Aggravée de Cernerable devait fonctionner. Tranchodon était bel et bien apeuré. Mais lui, contrairement aux Pokemon lambdas, ne laissait pas sa peur le dominer. Il devait au contraire s’en servir pour être encore plus redoutable. Tranchodon n’était pas seulement un Pokemon horriblement fort ; c’était aussi un incroyable soldat.

- Cela me navre à chaque fois de voir de si brillants Pokemon sombrer dans le fanatisme, fit Cernerable. Tu ne fais pas honneur à notre race, jeune Tranchodon.

Le colonel éclata d’un rire guttural.

- Et c’est le plus grand traître Pokemon de l’Histoire qui me dit cela ?

Sans prévenir, Tranchodon attaqua Cernerable à une vitesse folle. Le Fondateur Paxen se cabra pour contrer la Dracogriffe avec ses cornes, mais le colonel impérial usait d’une force telle que Cernerable baissait de plus en plus l’échine, et ses pattes commençaient à flancher. Astrun, sur son dos, tenta d’attaquer avec son bâton Desgen, mais Tranchodon usa alors de son attaque Grimace, et à cette distance de sa gueule de cauchemar, Astrun fut momentanément pétrifié de terreur. Cielali et moi, nous nous lancions au secours de sire Cernerable, en même temps que Ludmila, Penombrice et les autres Paxen derrière, mais Tranchodon, d’un revers de tête tout autour, balaya la salle d’une attaque Draco-Rage, qui nous repoussa tous. Cernerable put utiliser ses pouvoirs psychiques pour repousser un peu son assaillant, et se dégager en catastrophe. Tranchodon ne bougea pas, se contentant de le regarder d’un air déçu.

- J’ai entendu beaucoup d’histoires à votre sujet. Votre savoir et votre force étaient connus dans tout l’Empire. Même Son Excellence le Général Légionair, quand il parle encore de vous, c’est toujours avec nostalgie et respect. Et que vois-je aujourd’hui ? Un vieux Pokemon lent et faible, tout juste capable de me faire des sermons ! Votre réputation a-t-elle seulement été fondée sur votre talent spécial, Cernerable ?! Solaris avait beau être une humaine d’un âge canonique, elle était bien plus redoutable que vous !

Cernerable était légèrement essoufflé, mais répondit à Tranchodon avec un amusement perceptible dans la voix.

- Je n’ai jamais prétendu être plus fort que Solaris. Je ne suis que l’évolution d’un modeste Cerfrousse, et comme son nom l’indique, un Cerfrousse n’est pas spécialement un monstre de combat.

- C’est vous qui avez enseigné au Général, quand il n’était qu’un Airmure, comment évoluer, remarqua Tranchodon. Cerfrousse et Airmure n’étaient pas censés pouvoir le faire, mais vous, vous avez trouvé comment. Soyez gentil de me révéler vos secrets avant de mourir.

- Que t’importe ? Cela ne marchera pas sur toi. Tu ne peux plus évoluer.

- Vous croyez ? Contra le colonel avec un inquiétant sourire.

Tranchodon repassa à l’assaut, et cette fois, nous étions tous prêts. Avec Cielali à mes cotés, je rejoignis la mêlée.


***


Tannis




Tout le monde affrontait le colonel Tranchodon. Que ce soit Ludmila, Penombrice, les deux Paxen aux manteaux blancs et leurs Pokemon, Pandarbare, ainsi que Sire Cernerable, le chef Astrun, Cielali et Kerel qui venaient d’arriver. Tout le monde à part moi. Moi et Cresuptil, qui gémissait un peu plus loin au sol. J’étais aussi inutile que ce gredin adepte des jails, et ça me rendait fou. Parmi tout ce beau monde, c’est moi qui étais censé être le Paxen le plus apte au combat. Mais qu’aurai-je pu faire ? Je n’avais pas de bâton Desgen. Aurai-je dû aller affronter Tranchodon au corps à corps ? Essayer de le mordre ? J’étais quasiment sûr que mes dents allaient céder avant ses écailles. Pas de partenaire Pokemon, pas de bâton Desgen, et même pas de souvenirs sur ma vie ici.

Au final, qu’étais-je ? Pas grand-chose. À quoi je servais ? À pas grand-chose non plus. On m’avait sorti de ma stase cryogénique juste pour obtenir les infos sur la Pokeball de l’Empereur. Maintenant, et bien qu’Astrun affirmait le contraire, je ne voyais pas ce que j’avais de plus dans la tête qui pourrait être encore utile aux Paxen. J’étais rentré dans ce qui fut jadis ma maison, mais je ne me sentais pas chez moi ici. Même avec ma mère, qui pourtant ne ménageait pas ses efforts pour moi. La seule chose que je connaissais depuis mon réveil, c’était mes amis, mes compagnons. Kerel, Cielali, Cresuptil, Dame Sol, Penombrice et Ludmila. Je me sentais bien avec eux. Mais Tranchodon m’avait pris Sol, et s’en prenait maintenant aux autres. Sans eux, je n’avais plus rien. Alors au diable les consignes d’Astrun qui voulait que je ne m’implique pas. Les Paxen ne pouvaient pas me refuser le droit de me battre pour et avec mes amis. Même Ludmila ne le pouvait pas !

- JE T’INTERDIS DE LEUR FAIRE DU MAL, TRANCHODON !

Je ne m’étais pas rendu compte que je hurlais. Je ne sais pas pourquoi je l’avais fait. Comme si ma colère et mon ressentiment avaient pris voix et s’étaient exprimés à ma place. Ce cri, je l’avais poussé d’une voix très différente de la mienne. Pas d’une voix désespérée, suppliante ou juste pleine de haine. Non. D’une voix autoritaire, de quelqu’un qui avait l’habitude d’être obéi. Et bizarrement, cela eut son effet. Tranchodon cessa immédiatement son combat contre mes amis. Perplexe, comme se demandant pourquoi il l’avait fait, il recula précipitamment et me regarda d’un air effaré.

- Q-qu’est-ce que tu as fait là, humain ?!

Il semblait réellement perturbé. Les autres Pokemon présents aussi. La Sucreine et le Gallame des protecteurs de Ludmila avaient le même air effrayé en me regardant. Cielali et Pandarbare paraissaient ne plus me reconnaître. Penombrice et Cernerable m’étudiaient avec un air calculateur qui me déplut profondément. Et même Cresuptil était sorti de son hébétude. Qu’est-ce qu’ils avaient tous à me regarder comme si j’avais insulté leurs mères ? Je n’avais fait que hurler sans réfléchir…

Les humains, eux, ne furent nullement affectés par ce mystère. Ludmila et Kerel poussèrent même à leur avantage en acculant un Tranchodon toujours sonné contre le mur avec leurs bâtons Desgen. Ce dernier avait perdu sa fougue sauvage et contrait les attaques avec difficulté. Les Pokemon alliés se reprirent à leur tour, me quittant du regard pour retourner se battre comme si rien ne s’était passé. Mais quelque chose s’était passé au contraire. J’étais peut-être un idiot, mais même moi je l’avais remarqué. Et je n’étais pas le seul, car Cresuptil se leva et vint me retrouver.

- C’est toi qui as fait ça, Chalk ?

- Mais fait quoi bon sang ?! M’écriai-je.

- J’en sais rien moi ! Mais quand tu as hurlé, j’ai eu des frissons dans tout le corps, et ta voix a résonné longtemps dans ma tête. Même si je n’étais pas Tranchodon, j’ai subitement eu envie de t’obéir et de faire cesser le combat, comme si tu m’avais proposé un million de jails en échange. C’était effrayant…

Effrayant… Oui, c’était le mot. Parfois, je m’effrayais moi-même. J’avais des visions que je ne comprenais pas, des sensations qui ne me semblaient pas être les miennes, et voilà que maintenant je pouvais provoquer des espèces de chocs aux Pokemon juste en criant. Et au final, toujours la même question : qui étais-je ? Tannis Chalk était la réponse, ça je le savais. Pas seulement parce qu’on me l’avait dit ; je savais, au plus profond de moi, que c’était la vérité. Mais ça posait alors une autre question : qui était Tannis Chalk ?


***


Tranchodon




Jamais un humain ne m’avait pris autant au dépourvu que le Paxen Tannis Chalk il y a quelques instants. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Le fait est que quand cet humain inutile m’a crié de ne pas faire de mal à ses camarades, mon corps et mon esprit s’étaient comme arrêtés un moment, comme si par instinct je lui avais obéi. Pourquoi ? Je n’en savais rien. C’était comme si j’avais eu face à moi mon ancien instructeur de l’armée alors que je n’étais qu’un jeune Coupenotte obéissant. Ma volonté m’avait été arrachée l’espace d’un instant. J’aurai pu penser à un moment d’inattention de ma part, mais la réaction de mes adversaires Pokemon avait été la même que la mienne. Il y avait donc quelque chose avec ce Tannis Chalk, et je n’aimais pas ça.

Mon trouble se fit ressentir dans le combat. Ludmila Chen et l’esclave de Cielali se déchaînaient contre moi. L’humain aux cheveux rouges - ce Kerel - semblaient anormalement rapide et ses coups très puissants. Quant à Chen, elle maniait un bâton Desgen plus grand que la moyenne, et plus résistant. Il y avait quatre membres de l’Escouade Zéro de Chen, deux humains et deux Pokemon. J’en avais déjà affronté, de ces gars-là autrefois. Ils étaient forts, très forts. Et avec cela je devais affronter mon propre traître de subordonné Pandarbare, et le tout avec la pression horrible que me provoquait Cernerable et son Intimidation Aggravée.

Peut-être avais-je été trop gourmand. Malgré ma puissance et mon expérience, je reculais. Un par un, je les aurai tous exterminé bien sûr, mais là ils étaient comme en synchronisation, surtout Ludmila et les membres de son escouade. Chen et son damné Penombrice formaient un duo redoutable en combat. Elle m’attaquait de front tandis que son partenaire fait d’ombre et de glace tentait de me prendre par surprise. Et Penombrice était celui dont je me méfiais le plus ici. Mon type Dragon me rendait vulnérable à la glace. Ceci dit, la glace serait le dernier de mes soucis si je me faisais blesser par un bâton Desgen. Cette arme impie, crée par le traître Anthroxin, était mortelle pour tous les Pokemon, quels qu’ils soient. Mes écailles avaient beau être solides, si l’embout empoisonné d’un bâton Desgen rentrait en contact avec mon sang, ça en serait terminé de moi. Et cela, c’était intolérable !

Pourquoi ces misérables Paxen me forçaient-ils à reculer ? Comment osaient-ils ? J’étais le terrible colonel Tranchodon de l’Empire, le chromatique, celui aux écailles noires et aux yeux rouges, le plus puissant officier du Général Légionair ! Il n’y avait pas une seule partie du territoire impérial qui ne me redoutait pas. Tous les Pokemon tremblaient à mon nom, même ceux qui n’avaient rien à se reprocher, et je donnais des cauchemars à tous les humains de l’Empire. Alors, pourquoi étais-je en train de perdre ?!

Je m’étais réservé la Gemme Noire pour affronter Jartobylon ; l’utiliser contre Chen et ses insignifiants compagnons aurait été une insulte et l’aveu d’une certaine impuissance de ma part. Mais tant pis. J’allais devoir méga-évoluer plus tôt que prévu. De toute façon, dès que je l’aurai fait, ces misérables seraient condamnés. À qui donc iraient-ils raconter qu’ils ont réussi à me pousser dans mes retranchements ? J’utilisai mon attaque la plus puissante, Colère, pour faire reculer mes adversaires.

- Il est fini ! Cria Ludmila Chen. Colère est son dernier atout. Il sera confus après cela !

- Pauvre idiote ! Crachai-je. C’est toi qui seras confuse ! Contemple la toute-puissance de l’Empire Pokemonis, humaine !

Comme le Général Légionair me l’avait dit, j’écrasai entre mes griffes la Gemme Noire. Elle explosa, et un tourbillon obscur m’envahit. Je hurlai malgré moi. La douleur était atroce, mais aussi incroyablement délicieuse. J’avais l’impression que mon corps fondait puis était reconstitué. Ça n’avait rien à voir avec une évolution normale. Je me souvenais quand, de Coupenotte, je suis devenu Incisache, puis ensuite un Tranchodon. Je n’avais pas souffert. Là, j’endurais le martyr. Je pouvais sentir tout le pouvoir maléfique de cette Gemme Noire crée en labo. Je ne sais pas avec quoi ils l’avaient fabriqué, mais c’était sans conteste avec une matière mauvaise. Mais je m’en fichais, car je pouvais sentir ma puissance se décupler seconde après seconde.

Les Paxen face à moi, ne comprenant pas ce qui se passait, reculèrent. Quant à moi, à travers la douleur et les éclairs noirs qui transformaient mon corps, je pouvais voir le sol reculer en dessous de moi. Non, le sol ne reculait pas : c’était moi qui grandissais. Mon corps s’allongeait, autant en longueur qu’en largeur. Je me sentis plus lourd, comme si je portais une épaisse armure. Très vite, ma tête toucha le plafond de cet étage de la cité, qui céda bien vite tandis que je continuais à grandir. Je fis s’écrouler tous les murs autour de moi, et même le sol qui céda sous mon nouveau poids.

Oh oui… c’était si bon ! Je la sentais ! Cette nouvelle puissance qui m’envahissait ! On pouvait dire qu’en passant d’Incisache à Tranchodon, ma puissance globale avait doublé. Mais là, c’était bien au-delà de ça. La Méga-Evolution Obscure devait avoir triplé mes pouvoirs. C’était à peine si je pouvais les contenir ! Je mourrai d’envie d’utiliser une nouvelle fois mon attaque Colère pour tout ravager autour de moi. Le hurlement que je poussai était bien loin de celui habituel.

Quand ma transformation fut terminée, j’examinai mon nouveau corps. Je devais faire maintenant dans les vingt mètres de haut. La couleur de mes écailles était maintenant d’un véritable noir de jais. Mon cou était plus long et plus épais. Pareil pour ma queue. J’avais des piques dans le dos. Mes défenses à mon visage faisaient désormais la moitié de mon corps, et avaient la teneur d’une épée. Leurs lames avaient une couleur or, et je sentais qu’elles pourraient trancher n’importe quoi. J’avais aussi les mêmes lames sur mes mains, et une seule de mes griffes aurait été capable de transformer un humain en pâtée.

Avec ma nouvelle taille, je pouvais contempler tout le champ de bataille en dessous de moi. Tous les combattants - qu’ils soient Paxen ou Impériaux - avaient cessé leurs combats pour me regarder avec horreur. Jartobylon avait tourné son long cou pour voir celui qui avait à moitié détruit sa cité rien qu’en se transformant. Oh oui, ils pouvaient avoir peur, tous autant qu’ils sont ! Car j’étais Méga-Tranchodon Obscur, et rien ne pourrait plus jamais m’arrêter !





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Image de Méga-Tranchodon Obscur :