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Pokemonis T.1 : La Pokeball perdue de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 11/11/2015 à 08:56
» Dernière mise à jour le 07/11/2016 à 18:42

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 34 : Vision de l'horreur
Tannis



En d'autres circonstances, j'aurais été plus que ravi de voyager en tête à tête avec Ludmila, même s'il fallait compter sur la présence de Cresuptil. Mais l'heure n'était pas vraiment au badinage. Même un insouciant comme moi le savait. Grâce à Cresuptil et à ses pouvoirs psychiques, nous avons pu descendre de la montagne sans trop de casse. Mais nous étions seuls, en territoire hostile, tout près d'une cité fortifiée impériale, probablement pourchassés par Tranchodon et ses sbires, et séparés de nos compagnons. Dame Sol s'était sacrifiée pour nous permettre de fuir ; face à tous ses adversaires, même un indécrottable optimiste comme moi ne pouvait que conclure à sa mort. Nous avions vu Penombrice fondre entièrement sous l'action d'une attaque feu, et Kerel et Cielali étaient partis de leur coté ; sur le versant opposé. Ils étaient eux aussi peut-être déjà morts. Et le comble de tout ça, c'était que nous avions perdu la Pokeball de l'Empereur. Tout avait été fait en vain.

Après que nous nous soyons éloignés le plus possible de la cité de Vrucas-Bord, au pied de l'Asicon, Ludmila avait fini par s'asseoir au même le sol, la tête entre les mains, et refusait de bouger depuis dix minutes. Je craignis qu'elle n'ait commencé à craquer. Pourtant, Ludmila avait toujours représenté la force et l'inflexibilité à mes yeux. C'était aussi pour ça que j'étais fou d'elle. Une Ludmila faible, fragile et ne souhaitant plus se battre était pour moi impossible.

- Nous devrions... tentai-je avec hésitation. Nous devrions vraiment partir, je pense. Le coin n'est pas sûr.

Sans relever la tête, Ludmila ricana.

- Pas sûr, hein ? Parce que tu connais un endroit sûr dans les environs ? Nous sommes incapables de voler, et nous sommes en terrain découvert. Tranchodon nous trouvera en moins de deux. Ça ne sert à rien de courir.

- Alors... c'est quoi ton plan ? Demandai-je.

- Attendre que les impériaux arrivent. Combattre. Et mourir.

- Ce n'est pas un plan qui va nous rapporter beaucoup d'argent ça, intervint Cresuptil. La vieille vous a demandé de fuir non ?

- Mais fuir où, sinistre crétin ?! S'emporta la jeune femme. Tout le coin est contrôlé par l'Empire, et leurs vaisseaux couvrent toute la zone à des kilomètres à la ronde ! Tranchodon sait que nous sommes là. À cause de toi d'ailleurs...

Comme si elle venait de se souvenir de ce détail, elle se leva violement et avant que Cresuptil n'ait pu faire le moindre geste, elle l'attrapa par derrière et serra ses bras contre son frêle coup. Cresuptil hurla à la mort, et moi-même je m'approchai, inquiet. Je savais que Ludmila était capable de lui briser le cou d'un seul geste, avant qu'il ne puisse utiliser la moindre attaque psy.

- T'es une foutue ordure qui nous a trahi pour du pognon ! Continua Ludmila en serrant davantage. On aurait jamais dû te prendre avec nous. À cause de toi... à cause de toi... Dame Sol...

Ludmila s'apprêtait vraiment à péter un câble, si ce n'était déjà fait. Je ne pus qu'intervenir pour prendre la défense de Cresuptil.

- Attends, Ludmila ! Ne fais pas ça ! Ça changera rien !

- Ça me soulagera un peu !

- C'est grâce à lui qu'on a pu descendre de la montagne, insistai-je. Il aurait très bien pu n'utiliser ses pouvoirs que sur lui pour freiner sa chute, mais il l'a fait aussi pour nous.

- Parfaitement ! Renchérit Cresuptil. Et pour cela, vous me devez beaucoup d'argent, stupides humains !

Je soupirai intérieurement. Cresuptil n'arrangeait pas son cas. Même à deux doigts de la mort, il ne pouvait s'empêcher de penser à son fric.

- Frelali l'a trompé, continuai-je. Ils nous a tous trompé. Relâche-le s'il te plait...

Ludmila ne bougea pas, mais je vis bien qu'elle hésitait. Je fis un pas en avant pour lui poser une main réconfortante sur l'épaule.

- Dame Sol n'aurait pas voulu ça, tu le sais.

Ludmila grogna de dépit. Elle lâcha Cresuptil, mais dégagea violement son épaule de ma main. Puis elle retourna s'asseoir sur le sol.

- Ça ne change rien, de toute façon, déclara-t-elle. On va tous mourir.

Je ne voyais pas comment la contredire. Elle était plus expérimentée que moi sur le fait de se battre. Enfin, expérimenté, peut-être l'avais-je été autrefois, mais je n'en gardais aucun souvenir. Toutefois, l'idée de m'asseoir et d'attendre que nos ennemis viennent nous cueillir m'était intolérable. C'était alors que bizarrement, Cresuptil prit un air supérieur.

- Hé hé hé, pauvres humains impuissants... S'il ne s'agit que de pouvoir s'échapper loin d'ici, je peux facilement gérer ça, et pour une somme dérisoire de seulement 100.000 jails.

- Et comment tu comptes faire ? Cracha Ludmila. Tu comptes utiliser tes pouvoirs psychiques pour nous faire voler ?

- Non, mais j'ai mieux que ça. Je peux utiliser mes pouvoirs psychiques pour me téléporter.

J'accordai soudain mon attention pleine et entière à Cresuptil. Ludmila elle-même cligna des yeux, surprise.

- Tu... tu connais Téléport ?

- Et comment ! C'est une attaque qui peut valoir beaucoup d'argent, après tout.

Ludmila se leva et revint vers Cresuptil. Ses yeux brillaient à nouveau d'une rage à peine contenue et je craignis que cette fois, elle ne l'achève bel et bien.

- Pourquoi tu n'en a jamais rien dit, abruti du village ?! Explosa-t-elle. On aurait pu venir ici en se téléportant depuis le Vallée des Brumes ! Ou mieux encore, tu aurais pu tous nous téléporter quand Tranchodon nous a attaqué !

- Ça ne fonctionne pas comme ça, stupide femelle humaine, répliqua Cresuptil du ton arrogant de celui qui savait tout. Je ne peux pas me téléporter dans un endroit où je ne suis jamais allé, donc il m'était impossible de vous amener ici depuis la Vallée des Brumes. Quant à fuir en se téléportant quand les impériaux nous ont encerclé, c'était aussi exclu. Tranchodon avait des Pokemon psy avec lui. Ils émettent des ondes contraires pour bloquer toute tentative d'utilisation de Téléport. C'est la procédure impériale habituelle.

Pour une fois, Ludmila ne répliqua pas. En tant que Paxen habituée des raids et infiltrations contre l'Empire, elle devait sûrement savoir tout ça. Elle se força à baisser la voix et à prendre un ton presque poli.

- Alors... tu peux nous ramener jusqu'à la Vallée des Brumes ?

- Je pourrais, si je le voulais, la nargua Cresuptil. Mais pourquoi le ferais-je ? Je peux me téléporter tout seul et vous laisser là. Vous ne faîtes que m'ignorer et me dédaigner, vous autres Paxen. Surtout toi, la femelle !

Ludmila serra les poings, et je compris qu'elle s'était engagée dans une féroce lutte mentale pour s'empêcher de sauter une nouvelle fois sur le Pokemon.

- Tu auras ton argent quand nous serons à la base Paxen, promit-elle.

- L'argent, c'est bien, admit Cresuptil. Mais en l'occurrence, ce n'est pas assez. C'est ma fierté et mon honneur qui ont été blessés. Je veux que tu t'excuses, l'humaine. Je veux que tu tombes à genoux devant moi, que tu implores mon pardon pour m'avoir maltraité, et que tu admettes ma supériorité naturelle de Pokemon !

Je me dépêchai d'intervenir avant que Ludmila ne perde à nouveau la boule. Je me mis bien devant Cresuptil si jamais elle perdait ses nerfs déjà mis à rudes épreuves.

- Euh... m'sieur Cresuptil, dis-je, c'est un peu excessif tout ça. Si on pouvait s'en tenir à de simples excuses, je suis sûr que Ludmila...

Je savais qu'Arceus le Tout Puissant se mettrait à danser avec des fanfreluches roses avant que Ludmila ne se mette à genoux devant un Pokemon, surtout un comme Cresuptil. Mais j'espérais qu'elle se montre raisonnable et accepte de présenter quelques excuses. Ce qui, vu l'expression de son visage, n'était déjà pas gagné.

- Je ne reviendrai pas sur mes conditions, fit Cresuptil, inflexible, en croisant ses bras squelettiques. J'ai vos misérables existences entre mes mains.

Ludmila me contourna pour faire face à Cresuptil. Durant une seconde de panique, je l'imaginai insulter Cresuptil ou pire, l'attaquer férocement, et que ce dernier ne se téléporte sans nous. Mais il est à croire que je verrais peut-être bientôt Arceus danser avec des fanfreluches roses, car Ludmila se mit à genoux devant Cresuptil et baissa la tête. Le Pokemon en fut tout aussi estomaqué que moi.

- J'implore votre pardon pour vous avoir maltraité, monsieur Cresuptil, récita Ludmila avec une voix qui se rapprochait pas mal de la soumission. Je reconnais votre supériorité en tant que Pokemon par rapport aux misérables humains que nous sommes. Je vous en prie, ramenez-nous dans la Vallée des Brumes.

Si j'étais étonné que Ludmila eut accepté ses conditions, je le fus encore plus de constater qu'elle était parvenue à dire tout ça sans vomir ou faire la grimace. Je souris pour moi-même. La fierté de Ludmila était grande, mais apparemment, son devoir envers les Paxen l'était encore plus. Il y eut un moment de silence, puis Cresuptil s'agita. Il paraissait à la fois satisfait et gêné.

- Oui... bon... je suppose que ça ira. Dans ma grande mansuétude et ma grandeur d'âme, j'accepte de vous téléporter avec moi. Mais je tiens à ma rétribution financière dès que nous serons dans votre satanée base !

Après que Ludmila et moi lui ayons assuré que oui, il aurait tous les jails promis et plus encore, Cresuptil usa enfin de ses pouvoirs et nous fit tous disparaître en un vif éclat de lumière. Alors que nous étions dans un paysage montagneux il y a une seconde, nous voici à présent près d'un grand lac, avec, flottant dessus, une base où flottait le drapeau de l'Empire. En voyant ça, Ludmila jura haut et fort.

- Ce n'est pas la Vallée des Brumes, sinistre crétin !

Vite oubliés, ses excuses et son ton de soumission...

- Je dois me téléporter par étape, expliqua Cresuptil. Votre savoir est-il donc si réduit, humains ?! La vallée est trop loin pour un seul voyage.

- Mais pourquoi avoir choisi ici, tout prêt d'une base impériale ? Demandai-je.

- Je n'ai rien choisi, protesta le Pokemon, excédé devant tant de bêtise. Le lieu de téléportation est aléatoire, mais il me rapproche forcément de notre destination. Maintenant, taisez-vous !

Il fallu quatre voyages pour que Cresuptil nous annonce enfin que nous étions arrivés. Sauf que je ne reconnus rien du paysage. Ce n'était ni une vallée ni un village ; on aurait dit le cratère d'une pluie de météorites. Tout était dévasté et encore fumant. Et l'odeur était tout à fait abjecte.

- Encore pas à la bonne adresse ? Soupirai-je.

Mais Cresuptil avait l'air perdu.

- Non, c'est forcément la Vallée des Brumes. Téléportation fonctionne à l'instinct. Je ne peux pas me tromper.

- Tu rigoles ? C'est clairement pas...

Mais mes yeux reconnurent alors le relief. Il y avait bien les collines tout autour, et le large bassin où le lac était censé se trouver. Mais plus aucune végétation, et plus aucune maison. En revanche, il y avait pas mal de débris de bois. Et des formes sombres éparpillées un peu partout. Quand je vis qu'il s'agissait de restes de Pokemon totalement carbonisés, je tombai à genoux pour vomir. Ludmila - et c'était tout à son honneur - resta debout et digne, mais son visage avait blêmit.

- Le colonel... bafouilla Cresuptil. Il avait bien dit avoir... purgé la Vallée de sa souillure ?

Ludmila ne répondit pas, et se mit à errer au milieu du désastre en titubant. Je m'efforçai quand à moi de recouvrer une certaine contenance, bien qu'à présent, je savais pourquoi l'odeur ici était si infecte. Vu les dégâts et les impacts, Tranchodon avait du bombarder le village avec son vaisseau. Un village pacifique, incapable de se défendre... Une telle ignominie me mit hors de moi.

- Tranchodon... pourriture !

Même Cresuptil était choqué. Il secoua la tête.

- Faire ça... ce n'est pas bien, même pour de l'argent. Ces Pokemon, ils étaient rustres et sots, mais en rien menaçant pour l'Empire. Pourquoi avoir fait ça ?

- Parce qu'ils nous ont aidé, j'imagine, répondit-je en me bouchant le nez. Frelali a dû tous les balancer.

Comme s'il se rendait seulement compte de ce qu'il avait engendré en parlant à Frelali de leur projet, Cresuptil frémit.

- Je... je ne voulais pas ça ! Ces Pokemon ne m'avaient rien fait. Je n'aurais jamais pensé que Frelali irait...

- Même si tu ne lui avais rien dit sur notre destination, il aurait quand même trahi les habitants en les dénonçant. T'es pas responsable de ça, vieux. C'est la faute de Frelali... et de ce fou de Tranchodon !

Cresuptil resta immobile sur place à contempler le sinistre spectacle. Je rejoignis Ludmila qui continuait à marcher entre les débris et les restes de Pokemon, regardant le sol comme si elle cherchait quelque chose. Au bout d'un moment, elle s'arrêta, et ramassa quelque chose. Je vis qu'il s'agissait de son fameux médaillon des Chen, vert et jaune, qu'elle avait donné à ce petit Flabébé avant de partir. Ludmila tomba à genoux et des larmes commencèrent à couler sur ses joues. Cette vision me choqua encore plus que celle du village anéanti. Ludmila ne devait pas pleurer. Ludmila devait être forte, hargneuse, brutale. Je tentai maladroitement de la consoler. Après tout, n'était-ce pas là le rôle d'un homme ?

- L'Empire paiera ces atrocités, lui dis-je en lui mettant la main sur l'épaule. Et surtout Tranchodon. Ensemble, nous allons...

Ludmila se releva brusquement et se dégagea de ma main comme si j'étais porteur d'une terrible maladie. La haine et le dégoût brillaient dans ses yeux ombres quand ils croisèrent les miens.

- Ne me touche pas ! Surtout pas toi, pas maintenant, pas ici ! Tu peux te les garder, tes mots gentils ! Ne t'approches plus de moi, MONSTRE !

Elle s'éloigna en courant presque, me laissant couler sur place. Je comprenais bien que Ludmila soit bouleversée, et sans doute tenter de la consoler n'était pas une si bonne idée. Mais pourquoi me traiter de monstre ? Ce n'était pas moi qui avait atomisé ce village... Perplexe et blessé, je revins vers Cresuptil.

- On fait quoi, maintenant ? Me demanda celui-ci.

- On attend, soupirai-je. C'est Ludmila qui connait la localisation de la base Paxen. Laissons-la... se remettre de ses émotions.

Cresuptil acquiesça sans se plaindre de rien, ce qui était rare chez lui. Quitte à attendre, je préférais le faire dans un lieu qui me donne un peu moins la nausée. Tout était brûlé à la ronde, bien sûr, mais nous nous éloignâmes assez pour ne plus avoir à supporter la vision des restes carbonisés des victimes Pokemon. Puis je m'assis. Ludmila préférait clairement être seule, et j'allais respecter ce vœu. Mais j'avais encore en tête sa réaction à mon égard. En fait, ce n'était pas la première fois. Elle avait souvent des gestes impulsifs de recul ou des froncements de sourcils quand je m'approchais trop d'elle, et me parlait parfois avec une sècheresse peu commune.

Connaissant le caractère explosif de Ludmila, personne n'avait fait mine d'en être surpris, moi le premier. Je pouvais voir ça aussi comme une réponse à mes constantes tentatives pour la draguer. J'étais comme ça, j'y pouvais rien. Je trouvais Ludmila fantastique et je ne pouvais pas m'empêcher d'être près d'elle et de lui sortir des mots doux, alors que je savais très bien que je me ferais rembarrer à chaque fois. Alors oui, j'étais saoulant, et elle avait peu de patience. Mais je suspectais qu'il y avait plus que ça. Plus de l'ennui, c'était presque de la répulsion que je lisais dans ses yeux quand elle me regardait. Je surprenais parfois des regards qu'elle me lançait. Elle détournait bien vite les yeux et faisait comme si rien ne s'était passé, mais je n'étais pas aveugle.

Bien qu'elle essayait de le cacher, Ludmila Chen devait avoir une raison de ne pas m'apprécier. Mais moi, j'avais perdu la mémoire. Même si je lui avais fait quelque chose de vache quand nous étions Paxen ensemble, je n'en gardais aucun souvenir. Et ça m'était insupportable. Je ne voulais pas être jugé pour quelque chose dont je ne me rappellais pas, quelque chose qui pour moi aurait été commis par quelqu'un d'autre. Bah, après tout, je ne savais pas grand-chose du type que j'étais avant ma stase. J'étais peut-être le pire des salauds. Ou peut-être était-ce simplement une affaire de cœur. Peut-être que Ludmila et moi, nous sortions ensemble avant, mais que je l'avais trompé avec une autre fille ? Je pense que ça me ressemblait bien, ce genre de truc...

- Ahhhh, soupirai-je. L'amour est une chose bien compliquée...

Cresuptil, qui était plongé dans ses pensées, me regarda avec surprise. Puis il ricana.

- C'est parce que c'est une chose que seuls des idiots comme vous avez pu inventer. L'amour n'existe pas chez les Pokemon. Du moins pas comme chez vous. La plupart d'entre nous fonctionnons par phéromones. Si une femelle nous attire, on en fait notre partenaire reproductrice. Si nous sommes plusieurs pour une même femelle, nous nous battons, et le vainqueur l'emporte. Si elle refuse, nous le sentons directement, et nous allons voir ailleurs. Nous n'avons pas tous ces chichis d'humains que vous entretenez. La reproduction est un acte très banal pour nous.

- Euh... disons que pour nous, ça ne se résume pas exclusivement à la reproduction...

- Absurde. Si un mâle veut une femelle, c'est pour se reproduire. La nature est ainsi faite, quelque soit la race. Et je sais que vous autres humains, vous tirez un grand plaisir de votre méthode de reproduction. Si tu tournes tant autour de cette femelle Chen, c'est que tu la désires sexuellement. Je suis un Pokemon psy. Je peux percevoir ton excitation quand tu es près d'elle, que tu la regardes ou que tu lui parles.

Je sentis mes joues s'empourprer.

- C'est... euh... Je suis un garçon, c'est normal... Je veux dire, on aime regarder les jolies filles oui, mais... il y a plus que ça. Je n'aime pas Ludmila que pour son physique.

- Je ne vois pas pour quoi d'autre on pourrait apprécier cette femelle, rétorqua Cresuptil. L'esprit et les sentiments n'ont pas leur place dans la reproduction. Ils n'y prennent aucunement part. Ça fait perdre du temps, et le temps c'est de l'argent. Si tu désires tant cette femelle, prends-là directement. Une technique de séduction qui fonctionne à tous les coups pour nous autres Pokemon. Je peux même t'aider à l'immobiliser avec mes pouvoirs psy si jamais elle se débat. En contrepartie d'un prix convenable, bien sûr...

- C'est gentil, mais non merci. Cette... technique de séduction a un nom chez nous, ça s'appelle le viol, et c'est... assez mal vu. Il faut un bon endroit, un bon moment, et un consentement réciproque. Et puis je répète que je ne pense pas qu'à...

Comme je vis Ludmila nous rejoindre, je laissai ma phrase en suspens, en espérant que Cresuptil n'irai pas raconter notre conversation. Ludmila avait l'air plus calme, bien que son beau visage fût toujours tiré par la colère et la tristesse.

- Je suis désolée, pour tout à l'heure... me dit-elle. Je... j'étais hors de moi.

Ça, je n'en doutais pas, mais j'étais quand même déterminé à mettre les choses au point entre nous.

- Tu sais, commençai-je, si jamais je t'ai blessé en quoi que ce soit avant ma capture et mon coma, je m'en excuse. Si je t'ai fais un truc mauvais, dis moi le, je t'en prie. Ne rien savoir me tues...

- Non, non ! Répliqua Ludmila. Il y a... Tu ne m'as rien fait du tout, Tannis. Excuse-moi. C'est juste moi qui pète les plombs, de temps à autre...

Mais je remarquai qu'elle regardait le sol en disant ça. Ludmila pouvait dire ce qu'elle voulait, je sentai qu'elle ne me disait pas tout. Mais tant pis. Ce n'était pas le moment de la brusquer avec mes histoires. J'essaierai d'en savoir plus à la base Paxen, là où plein de gens étaient censés me connaître.

- Je veux juste... poursuivis Ludmila en serrant les poings. Je veux juste que cette ordure de Tranchodon crève !

Je constatai qu'elle avait remis son médaillon autour du cou.

- Lui, et l'Empereur, poursuivit Ludmila, les Cinq Etoiles, les G-Man, le reste de l'Armée, et tous ceux qui soutiennent l'Empire ! Je veux tous qu'ils meurent !

Je n'étais pas particulièrement un connaisseur, d'autant que je ne gardais quasiment aucun souvenir de ma vie d'avant, mais il me semblait que la grande majorité des Pokemon de Pokemonis soutenaient l'Empire. Ils n'étaient pas forcément mauvais, c'était seulement des Pokemon qui vivaient en paix dans l'Empire et qui voulaient continuer leurs vies tranquilles. À ce que m'avait dit Kerel, les parents de Cielali soutenaient aussi l'Empire, comme bien d'autres. Moi aussi, j'étais en colère, et oui, il fallait châtier les auteurs de ce genre de carnage. Mais mes cibles étaient bien précises. Je ne voulais pas faire payer à l'ensemble des habitants de l'Empire le sadisme d'un seul de leurs officiers.

Ludmila, elle, voulait clairement s'atteler à un génocide, sans chercher à comprendre qui était responsable et qui ne l'était pas. Ce que faisait Tranchodon, en somme. Tant de haine dans ses yeux et dans sa voix me faisait peur. Dame Sol aurait trouvé quoi dire pour l'apaiser un minimum, mais Dame Sol n'était plus là, et moi je ne savais pas quoi faire. Pourtant, je savais que si je laissais Ludmila prendre ce chemin, ça allait mal se terminer pour elle. Le chemin de haine mène soit à la mort, soit au mal. Je ne savais pas d'où je sortais cette phrase, mais j'étais certain que quelqu'un me l'avait dit, un jour. Ludmila inspira un grand coup pour se forcer à se détendre. Puis elle leur dit :

- Allez, on y va. Le chemin est long jusqu'à la base Paxen, si toutefois elle n'a pas bougé.

- Comment une base pourrait-elle bouger ? S'étonna Cresuptil.

- Avec des pattes, répondit simplement la jeune femme.

Elle passa devant et leur indiqua le chemin. Cresuptil marmonna des commentaires intelligibles sur les bases avec des pattes qui devaient coûter beaucoup d'argent. Je rattrapai Ludmila.

- Mais... et les autres ? Peut-être que certains ont réussi à s'échapper !

- Si c'est le cas, ils devront s'en sortir d'eux-mêmes. On ne peut rien pour eux.

- On va les abandonner ?! Ton compagnon Penombrice en fait partie !

- Tu crois que je ne le sais pas ?! S'écria Ludmila. Tu crois que ça me fait plaisir de le laisser ? Mais si Penombrice s'en est sorti, il pourra rentrer tout seul. Il connait le chemin comme moi. Le plus important est de te ramener toi à la base.

- Pourquoi ? Demandai-je. La Pokeball de Daecheron nous a échappé. Je sers encore à quoi ?

- Il se peut que... tu ais appris d'autre choses durant ta détention, hésita Ludmila. Ou même que Xanthos t'ai dit autre chose avant de mourir. On en sait rien.

- Mais sans Sol pour me fouiller la cervelle, ça servira à rien, contrai-je. Vous m'avez dit que l'Empire a placé une protection mentale dans ma tête pour empêcher les Pokemon de lire en moi.

- C'est vrai, mais Dame Sol avait toujours espoir que tu finisses par récupérer tes souvenirs de toi-même. Comme tu as passé toute ta vie dans la base Paxen, y revenir t'aidera sans doute.

Ludmila ne se fit pas plus claire. Elle devait être aussi perdue que moi, en fait. Leur plan d'origine avait échoué et notre meneuse, Dame Sol, n'était plus. Il allait falloir improviser jusqu'à que les chefs Paxen décident à quoi donc je pourrai leur être utile.