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Team Rocket X-Squad de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 13/09/2015 à 09:01
» Dernière mise à jour le 19/05/2019 à 22:53

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 295 : L'ère des ombres
Suant abondamment sous l'effort qu'elle faisait pour contrôler la base entière dans les airs au cœur de la bataille, Galatea fut plus que ravie quand la flotte de Lunaris arriva enfin et encercla le Mégador. Galatea fit se retirer la base, et se permit un long souffle.

- Le beau gosse de service est enfin arrivé nous sauver, annonça-t-elle à Estelle et ses officiers derrière elle.

- Contactez-le, ordonna Estelle.

Octave ne répondit pas avant un moment, signe qu'il devait être en communication avec le Mégador. Puis sa voix de velours résonna dans l'intercom de la salle de commandement.

- Ici Octave. Nous venons vous porter assistance.

- Et nous vous en remercions, Votre Majesté, répondit Estelle. Ce n'est pas seulement nous que vous sauvez, mais également le dernier Pilier de l'Innocence ainsi que toute la région Hoenn.

- Qu'en est-il de mon fils ? Voulu savoir l'empereur. A-t-il bien été extradé du Mégador ?

Estelle interrogea Galatea du regard. Celle-ci, dans le Flux, put effectivement sentir son frère qui revenait vers la base, avec lui, en plus de son groupe, Faduc et une présence faible et innocente qui ne pouvait être que Julian.

- Je les sens qui sortent du Mégador, annonça Galatea à Octave. Julian est avec eux. Ils seront à votre bord dans pas longtemps.

- Très bien, fit Octave, soulagé. J'ai laissé dix minutes à Siena pour se rendre, bien que je me doute de sa réponse...

Galatea fronça les sourcils. S'il avait pu avoir Siena au bout du fil, c'était que Mercutio n'avait pas pu la capturer ou à défaut l'éliminer comme convenu. Enfin, il n'avait pas pu, ou n'avait pas voulu. Si tel était le cas, Galatea aurait été bien en mal de lui en vouloir. Elle-même était loin d'être sûre d'être capable de tuer sa sœur si elle le pouvait. Valait peut-être mieux qu'Octave l'atomise en détruisant le Mégador. C'était certes plus lâche, mais moins douloureux.

- Venamia est peut-être cinglée, mais ce n'est pas le cas de Vilius, leur rappela Estelle. Si mon frère est à bord, et s'il voit qu'il n'y a pas d'autre solution que se rendre, il n'hésitera pas, quoi qu'en pense Venamia. Vilius a toujours privilégié sa survie à n'importe quoi d'autre.

- Venamia pourrait tenter de s'échapper, les prévint Galatea. Elle peut filer sur le dos de son oiseau de foudre, et la bestiole va fichtrement vite. Elle peut aussi utiliser des Pokemon psy pour se téléporter.

- Notre blocus du Mégador est total, renchérit Octave. Même à dos de Pokemon, elle ne pourra pas passer sans se prendre plusieurs tirs. Et nous avons bien sûr déployé un système de brouillage de Pokemon psy pour empêcher les attaques Téléport.

Galatea sourit pour elle-même. Les Lunariens avaient progressé.

- Parfait, dans ce cas, fit Estelle. Je serai prête à prendre sous mon aile tous les Rockets qui auront choisi de se rendre. Voyons ce que vaut leur loyauté envers Venamia face à une mort certaine.


***


Lady Venamia avait beau chercher dans Futuriste une quelconque issue pour échapper à la flotte d'Octave ; il n'y en avait aucune. Elle avait beau se plonger tellement dans l'avenir de telle façon qu'elle puisse distinguer ce qui allait se passer dans une dizaine de minute ; elle ne voyait que sa destruction. Ça, ou la reddition, bien sûr. Mais cette option était inacceptable. Mieux valait la mort que l'humiliation. Si Venamia se rendait, elle connaîtrait les deux. Estelle pourrait bien épargner tous ceux qui la reconnaîtront comme nouvelle Boss officielle, même Vilius ; Venamia se ferait à coup sûr exécuter.

- Etat du vaisseau ? Demanda-t-elle.

Un officier vint vite - avec crainte - prendre la place qu'occupée Fatra, dont les restes noircis fumaient toujours sur le sol de la passerelle.

- Notre bouclier à Eucandia est à moins de 7%. Le superlaser est inutilisable. Nous avons perdus la plupart de nos canons latéraux.

- Nos effectifs ?

- Nous avons de nombreux Pokemon à bord, mais pas assez de temps pour tous les rassembler... Il nous reste aussi quatre escadrons de FurtiX non engagés, madame.

Tristement insuffisants pour une flotte de cet ampleur, mais qu'importe.

- Equipez-les tous de bombes, ordonna Venamia. Ils effectueront tous une mission suicide en visant l'Asmolé d'Octave. Nous ferons de même. Surchargez tous les réacteurs, et fonçons sur l'ennemi !

Vilius s'était relevé de l'endroit où Venamia l'avait balancé, et se massait son crâne douloureux. Il eut un regard de dégoût et de tristesse du coté des morceaux carbonisés qui restaient de Fatra, et quand il dévisagea Venamia, seul resta que le dégoût.

- Si vous voulez vous suicider, faite une sortie avec Ecleus toute seule. Vous n'avez pas le droit de décider pour tous l'équipage.

- J'en ai le droit, rectifia Venamia. Ceux sont mes hommes.

- Nos hommes. Vous n'êtes que codirigeante de la Team Rocket, tout comme moi. À quoi ça nous avancera, de nous faire exploser ?

- Il a raison, susurra Horrorscor dans l'esprit de Venamia. La mort est définitive. Alors que quand on s'accroche à la vie, on peut être récompensé. J'en sais quelque chose.

Venamia n'était pas dupe. Horrorscor ne voulait pas qu'elle aille à sa mort certaine car si elle venait à mourir, il allait perdre deux tiers de son âme. Venamia non plus ne voulait pas mourir, mais elle ne voyait que ça pour éviter le déshonneur d'une capitulation. Mais Horrorscor avait peut-être une idée ?

- Patiente un moment, lui dit le Pokemon de la Corruption. Quelqu'un va venir t'aider. La corruption s'entraide toujours... quelles que soient ses formes.

Venamia n'eut pas le temps de lui demander ce qu'il voulait dire par là. La porte du pont s'ouvrit, et Silas Brenwark pénétra d'un pas conquérant, son éternel sourire enjouée au visage, sans se soucier de l'air nerveux de l'équipage.

- Où étiez-vous passé ?! L'apostropha violement Venamia.

- Oh, un petit coup de fil à passer. Enfin, quand je dis ça... vous savez comment je passe mes coups de fil, non ?

Venamia savait, effectivement. Silas pouvait faire apparaître un double de lui où ça lui chantait.

- Ça vous aura peut-être échappé, cher confrère, mais nous sommes actuellement un peu dans la merde, lui signala Vilius.

- C'est vous qui m'avez amené ici ! Continua Venamia. C'était une embuscade de l'Empire Lunaris !

- Je ne vous ai jamais dit d'y inviter la flotte de Lunaris, répliqua Brenwark. Il va sans dire qu'après que vous ayez anéantie une de leur région entière et enlevée leur prince, ces gens là ont pu avoir une petite dent contre vous...

- Intervenez ! Ordonna Venamia. Vous êtes censé être un Modeleur de l'Esprit ? Imaginez donc quelque chose qui puisse exterminer tous mes ennemis à la seconde !

Silas secoua la tête.

- Mon pouvoir a ses limites, et de toute façon ne fonctionne pas comme ça. Mais vous n'aurez pas besoin de moi. J'ai déjà fait ce qu'il fallait. Mon maître sera bientôt là.

- Votre maître ? Répéta Vilius.

C'est alors que le visage d'Octave s'afficha à nouveau sur l'écran de contrôle.

- Les dix minutes sont écoulées, dit l'Empereur. Ta réponse, Siena ?

Venamia serra les poings.

- Je me nomme Lady Venamia. Et sache une chose, empereur ridicule : je ne laisserai pas passer cet affront. Tu regretteras de m'avoir défié ainsi, je te le promets ! Je te reprendrai Julian, et je lui montrerai quand je t'exécuterai moi-même !

Octave n'eut pas l'air spécialement surpris par cette réponse, mais il y eut quand même une certaine tristesse dans ses yeux.

- Très bien. Je regrette que ça se finisse ainsi.

Il coupa la transmission, et ses Asmolés commencèrent à approcher, eux, ainsi que les quelques forces de la base G-5, et même Rayquaza. Venamia leur fit face devant la vitre.

- Venez donc ! Je ne vous crains pas ! Leur hurla-t-elle comme s'ils pouvaient l'entendre. Je suis Lady Venamia, et je ne crains personne ! Je suis celle qui dominera ce monde et en créera un nouveau ! Vous êtes insignifiants !

L'équipage regarda leur commandante avec un effarement notoire. Vilius avait l'air désespéré. Seul Silas semblait trouver la situation amusant. C'est alors, juste avant que le premier coup de canon fut tiré, un rugissement monstrueux se fit entendre, de tous les vaisseaux et Pokemon présents. Tous tournèrent la tête dans la même direction. Quelque chose d'énorme et de repoussant venait d'arriver. C'était un Pokemon, et à première vue, on aurait pu l'associer à Rayquaza. Long, aux écailles vertes et bleues, il ressemblait à un serpent géant, à ceci près qu'il avait des cornes et des ailes. Niveau taille, il devait bien faire celle de Rayquaza, si ce n'était plus, car il tirait un énorme carrosse noir qui faisait office de base volante.

- Par le bouc d'Arceus ! Jura Vilius. Qu'est-ce que c'est que cette horreur ?!

- Enviathan, répondit simplement Silas. Le Serpent du Péché, Démon Majeur de l'Envie. Comme il est le plus grand des Sept Démons Majeurs, il sert de moyen de transport au Marquis des Ombres.

Une silhouette sombre sorti du carrosse par le haut, leva les bras, et engloba la totalité des forces en présence. Venamia sentit quelque chose en elle bouger, comme si son âme voulait quitter son corps pour aller vers cet individu. Elle avait déjà senti quelque chose de semblable au Plateau Indigo, en présence d'une fille qu'elle avait prise pour Eryl Sybel mais qui, selon Silas, n'était pas elle. Mais là, c'était en dix fois pire. Venamia se sentait comme écartelée. Elle voulait être avec cette personne, se fondre en elle, ne faire qu'un... Mais elle savait que ce désir n'était pas le sien. C'était celui d'Horrorscor, qui voulait redevenir un et entier. Ce qui signifiait que cette silhouette sombre au sommet de ce carrosse de l'enfer, c'était...

- Je suis le Marquis des Ombres, fit l'individu.

Bien qu'il se trouvait à des centaines de mètres, tous entendirent sa voix rauque et profonde, comme s'il parlait avec un haut-parleur géant.

- Je me présente à vous, gens de la Team Rocket et de Lunaris. Je suis venu vous annoncer le commencement de l'ère des ombres.

Le Pokemon géant qui tirait son carrosse ouvrit sa gueule énorme, et ce qui en sorti semblait être la plus puissante attaque Hydrocanon que Venamia n'eut jamais vu, sauf que l'eau n'était pas bleue, mais noire. Ce jet destructeur toucha le Pilier Céleste de plein fouet à son centre, et le brisa en deux.

- Le dernier Pilier de l'Innocence vient de tomber, poursuivit le Marquis des Ombres. Plus rien ne fera obstacle au déchainement de corruption que j'annonce. Peuples libres et naïfs de toutes nations, vous qui vivez dans la paix et la quiétudes : cette vie innocente est terminée. Moi-même et mes Agents de la Corruption, nous peindront ce monde rose et décadent en noir. Les forts écraseront les faibles, les vertueux seront éliminés, et l'homme pourra enfin évoluer. C'est le début du règne du Seigneur Horrorscor !

Alors, derrière le Marquis des Ombres, un orage sembla se lever. Mais ce n'était pas un orage. C'était des centaines, des milliers de Pokemon spectres. Une véritable armée de fantôme, menée par un Pokemon identifiable à son costume blanc et son chapeau. Au geste du Marquis des Ombres, l'armée de spectres fondit sur la flotte Lunaris, et ce fut le chaos.


***


- Cet enfoiré ! Jura Mercutio. On lui avait pourtant fait s'écrouler sa foutue forteresse sur la tronche !

Il disait ça, mais en lui-même, Mercutio avait toujours été certain que le Marquis n'avait pas été blessé le moins du monde. Mercutio l'avait attaqué avec le Flux, Eryl avec sa main spéciale Pierre des Larmes, et Izizi avec un poignard ; rien de tout cela n'avait fonctionné. Pourquoi dès lors une explosion et un effondrement devrait l'inquiéter ?

- Alors c'est lui, le fameux Marquis... fit Zeff en se collant au hublot du transporteur. Il se la pète un peu, j'trouve. J'aime pas les gars qui se la pètent.

- Le grand Pokemon ! S'exclamait Julian. Trop fort ! Je le veux ! Je le veux !

- Pas sûr que quelqu'un puisse arriver à le capturer, celui-là, commenta Mercutio.

Il regarda les ruines du Pilier Céleste. Ce monstre l'avait détruit en un coup. Et maintenant qu'il n'y avait plus un seul Pilier de l'Innocence debout, les Sept Démons Majeurs auront tous retrouvé leur réelle puissance. Sept Pokemon comme cet Enviathan. Même pire. Mercutio se souvenait de la façon dont Wrathan, sous sa forme de petit garçon, avait humilié Lyre Sybel.

- Merde ! Jura-t-il en serra les poings. Tout ça pour des prunes...

- Pas si on arrive à offrir la mort à ce Marquis des Ombres, répliqua Ithil. Cela ne sera que justice.

Mercutio ignorait si un seul d'entre eux était capable de pouvoir affronter le Marquis. De toute façon, en l'état, c'était exclu. Il se tenait sur son carrosse noir géant, derrière l'énorme Enviathan. Quant à son armée de Pokemon spectres, elle s'était lancée contre la flotte Lunaris. Les canons des Asmolés ou des chasseurs légers ne leur faisaient rien, et eux, ils pouvaient passer à travers la carlingue pour attaquer directement les pilotes. En essayant de tirer sur les spectres, les vaisseaux Lunariens ne faisaient que se tirer eux-mêmes dessus. Des Ball-Ombre et autres attaques spectres étaient lancées d'un peu partout, et les Asmolés, de part leur taille, étaient tout à fait incapable d'y échapper. Et il y avait aussi le fantôme avec son costume blanc et ses griffes en lame de rasoir... Mercutio ne l'avait jamais rencontré, mais il savait que c'était Fantastux, un des Agents de la Corruption. Solaris puis Eryl avaient eu à faire à lui. Ce Pokemon se servait de son chapeau - une porte directe vers le néant - comme d'un aspirateur, et tout ce qui y entrait n'en ressortait jamais.

- Il faut aider les Lunariens, dit Tender. Ils ne tiendront pas longtemps ainsi !

- Je suis d'accord, mais que voulez-vous que l'on fasse face à tout ça ? Demanda Mercutio. Je n'ai que quatre Pokemon, dont un seul sait voler, et moi, je n'ai même plus assez de Flux pour me soigner convenablement mes blessures !

Dehors, il n'y avait que Solaris qui pouvait éventuellement faire quelque chose. Et dès qu'elle avait vu Fantastux, elle avait foncé sur lui. Qu'elle s'occupe du grand balèze si elle le pouvait, c'était bien, mais il restait toujours un petit millier de spectres.

- C'est l'Asmolé de papa, signifia Julian en montrant le vaisseau de tête. Pourquoi tous ces Pokemon embêtent mon papa ?

- On peut pas ramener le gamin à son père, dit Zeff. Il ne sera pas en sécurité dans cette mêlée de fou !

- De toute façon, on peut pas s'approcher, leur dit Faduc depuis les commandes. Les spectres se concentrent exclusivement sur les Asmolés et nous ignores, mais si on tente quoi que ce soit...

Mercutio ne savait plus quoi faire. Le plan était de ramener Julian à Octave à bord de son vaisseau. Mais en l'occurrence, faire ça, c'était condamner le petit.

- L'Empereur voudrait sans doute que le jeune prince soit en sécurité, quelque soit l'endroit, intervint Ithil. Ramenons-le à la base et partons. Nous ne pouvons rien pour les Lunariens, mais nous pouvons protéger leur héritier.

Tender finit par acquiescer.

- Oui, faisons ça...

Tandis qu'ils s'éloignaient de la bataille, Mercutio constata que le Mégador profitait de cette attaque de spectres pour changer de cap et se réfugier derrière le carrosse noir du Marquis des Ombres. Si jamais Mercutio avait eu le moindre doute, c'était fini désormais. Il était clair que Venamia était du coté des Agents de la Corruption.


***


Tuno ne savait pas trop comment il s'y était pris, mais il était parvenu à réchapper à la destruction du Pilier Céleste. Tout à sa joie folle d'avoir éliminé l'assassin d'Ujianie, il n'avait vu qu'au dernier moment le terrible jet d'eau sombres qui avait percuté le Pilier et l'avait brisé en deux. Quel était ce Pokemon monstrueux qui volait dans le ciel, un immense carrosse derrière son dos ? Et d'où sortaient tous ces Pokemon Spectres qui réduisaient la flotte de l'Empire Lunaris en miette ? Tuno n'en savait trop rien. Mais à dire vrai, il s'en fichait. Il aurait juste préféré que l'Empereur Octave n'en finisse avec le Mégador avant que les spectres n'arrivent. Il avait certes réussi à tuer Sharon, mais en ce qui concernait Venamia, il ne pourrait rien faire. Car son temps était compté.

Tuno avait vu son père mourir. Il avait vu son combat contre ceux de la X-Squad, caché à l'intérieur du Pilier, mais n'était pas intervenu. La X-Squad, son ancienne équipe, n'était pas son ennemie, et Fedan Vrakdale avait mille fois mérité de mourir. Ça avait sûrement même été un soulagement pour lui. Mais Vrakdale mort, Tuno se savait condamné. Il n'y aurait personne pour terminer la formule G qui aurait pu éventuellement le sauver. Et ayant accepté d'accélérer sa transformation pour venir à bout de Sharon, sous conseil de Silas Brenwark, Tuno avait gaspillé la grande partie du temps qui lui restait.

Il avait perdu l'esprit durant son combat contre les gars de la GSR, il le savait. Plus que son corps, c'était aussi son esprit qui était touché. Tuno ne ressemblait plus à rien physiquement, avec son corps distordu et instable, des ténèbres faites de chair humaine. Mais si son esprit foutait lui aussi le camps, bah, autant crever de suite alors. Il voulait conserver un minimum de lui-même avant de quitter ce monde. Il aurait dû rester à l'intérieur du Pilier quand il s'est effondré, tiens...

- Eh bien eh bien, on dirait que vous êtes parvenu à vos fins ?

Silas Brenwark - ou plus vraisemblablement un de ses clones d'ombres - venait de se matérialiser devant lui. Tuno n'était même pas surpris de le voir.

- Ma fin véritable était Venamia, murmura-t-il. Sharon n'était qu'un hors-d'œuvre. Mais je ne verrai jamais le plat principal...

Voilà qu'il parlait de la vie humaine comme de la nourriture. Il était bel et bien devenu un monstre, en effet. Il avait tué une jeune fille quelque minute plus tôt. Pas pour se défendre, mais bien dans le but de tuer. Il pouvait toujours prétexter la vengeance, mais Sharon n'avait même pas conscience de ses actes. Ce n'était qu'une gamine qui n'a jamais été éduquée, qui a servi de cobaye à des expériences horribles, et qui a toujours vécu dans la violence. Venamia s'est servie d'elle uniquement pour son sale boulot, sans lui présenter jamais le moindre signe d'affection. Il aurait dû avoir pitié d'elle. Mais non, il l'avait tué en éclatant de rire, après lui avoir montré ses pires cauchemars. Sa monstruosité révélée au grand jour, Tuno éclata de rire.

- Vous semblez néanmoins ravi, constata Silas.

- N'est-ce pas ?! Fit Tuno en continuant de glousser. J'ai perdu ma famille, je me suis transformé en créature hideuse, j'ai regardé mon père mourir sans bouger et sans rien ressentir, et je viens de tuer une gamine attardée. N'y a-t-il pas de quoi rire ?

Tuno continua à rire. À rire de lui-même, de sa folie, de l'être immonde qu'il était devenu. Silas le regarda faire avec un visage bienveillant.

- Venamia reste encore à votre portée, mon ami, fit-il enfin quand le rire de Tuno se fut tari. Le Marquis des Ombres ne l'a sauvé aujourd'hui que pour vous la laisser, à vous.

- C'est ça oui... Vous allez me faire croire que vous n'êtes pas de mèche, après tout ce foutoir ?

Il désigna la bataille au dessus d'eux.

- Venamia a son utilité pour le Marquis des Ombres, lui concéda Silas. Mais il n'en sera peut-être pas toujours ainsi. Du reste, si elle se fait tuer par vous, ça voudra dire qu'elle n'était pas digne de servir de jouet au Seigneur Horrorscor, et il ira s'en chercher un autre.

- Moi, par exemple ?

Silas haussa les épaules, un sourire énigmatique aux lèvres.

- Les pensées du Seigneur Horrorscor sont impénétrables aux humains comme nous.

- Votre sacré Horrorscor n'aura rien à faire de moi. Je vais bientôt mourir.

- Rien n'est moins sûr.

- Mon père est mort, et il n'avait pas achevé la formule G...

- Oui, quelle tristesse que la perte de Vrakdale... Je l'aimais bien cet homme. J'avais beaucoup de contact avec lui. Il pensait que j'étais le Marquis, sous mon masque de Smiley. Il est parti sans connaître la vérité. Enfin, puisse-t-il avoir acquis un peu de paix dans le Royaume des Ombres... Mais l'heure de le rejoindre n'a peut-être pas sonnée pour vous, mon cher ami. Vous êtes le nouveau Seigneur Vrakdale aux yeux de Lilwen et des Sygmus. Le manoir est à vous. Et Vrakdale renfermait bien des secrets...

- Que voulez-vous dire ?

Le sourire de Silas s'élargit.

- Que votre cher papa vous a peut-être légué une ou deux bricoles dignes d'intérêts. Je vous les laisse. De même que Lilwen et les Sygmus. Lilwen avait pour ordre premier d'obéir à Vrakdale. Elle vous obéira comme elle lui a obéit, vu que vous avez le même nom. Quant au Sygmus, vous trouverez dans le manoir le sérum que votre père leur administrait. Ils continueront à vous servir comme ils l'ont servi, pour continuer à vivre.

- Pourquoi me les donner ?

- Lilwen est une Agent de la Corruption, mais elle demeure une marionnette, un corps sans réelle âme. Je peux en fabriquer d'autre, comme elle. Le Marquis ne manque pas de soldats. Quant aux Sygmus... ceux sont des cobayes ratés. Ils ne seront jamais les G-Man que le Marquis espérait.

- En gros, ils ne vous servent à rien, donc vous me les refourguez, conclut Tuno. Vous vous foutez vraiment de la vie humaine, hein ?

Silas se permit un léger rire.

- Parce que vous oui, peut-être ? La pauvre Sharon... je l'aimais bien, cette gamine. C'est moi qui l'ai présentée à Venamia. Elle adorait chanter. Elle avait une voix adorable. Et elle aimait bien les choses mignonnes, aussi. Elle avait un bébé Chaglam qu'elle gardait dans son dortoir. Le pauvre... plus de maîtresse pour le nourrir...

- Arrêtez ! Hurla Tuno.

Il ne pouvait pas entendre tout ça. Et le ton de Silas signifiait qu'il prenait grand plaisir à le tourmenter.

- Ne niez pas ce que vous êtes devenu, lui dit-il. Acceptez-le, et vous verrez, vous souffrirez moins. Prenez ma main. Je vais vous téléporter chez vous. Endossez votre nouvelle identité, votre nouveau nom. Faite ce que vous voulez ! C'est ça, le but ultime de la corruption : la liberté sans entrave.