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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 16/12/2012 à 09:30
» Dernière mise à jour le 06/04/2018 à 00:04

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 137 : La révolte des Pokemon
Après deux mois passés à creuser cette fichue roche brune, jours après jours, Siena se disait que ça aurait au moins un point positif : ses muscles n'avaient jamais été mis autant à contribution. Si jamais elle rentrait un jour à la base, et si père acceptait de la reprendre malgré sa fugue, elle allait cartonner à tous les exercices physiques qu'il pourrait lui imposer ! Au début, Siena n'avait pas penser tenir une semaine. Le travail était harassant et parfaitement épuisant. La journée, la chaleur faisait des ravages, et la nuit, Siena crevait de froid sous la minuscule couverture qui était donnée à chaque travailleur.

Ajoutons à cela que la nourriture, en quantité négligeable, était parfaitement infecte, et que les conditions d'hygiène et de salubrité étaient inexistantes. Enfin, il fallait préciser que nombre de travailleurs étaient des gens fort peu recommandables. Plusieurs badauds à l'air patibulaire l'avait reluqué un peu trop fréquemment, et Siena n'était guère rassurée, car elle était en âge de comprendre ce qu'était un viol. Et ce ne serait assurément pas les sbires Freedom qui feraient quoi que ce soit pour la protéger.

Heureusement, Siena s'était fait deux amis fidèles, et sur qui elle pouvait compter. Sans eux, nul doute qu'elle aurait déjà tenté depuis longtemps de s'évader. Le premier était un Pokemon de leur groupe, un Makuhita, qui semblait avoir adopté Siena, car étant la plus jeune et la plus fragile. Apparement, ce Pokemon était doté d'un grand sens de l'honneur. À chaque fois que Siena se déplaçait hors des baraquements, il était près d'elle, pour décourager les chasseurs potentiels, humains ou Pokemon. Car il n'était pas rare qu'un Pokemon perde la boule sous la pression et attaque férocement un humain, sans se soucier de savoir s'il était un de leurs tortionnaires ou pas.

Le second ami de Siena était Zelan, le fils d'Erik. Du fait de leurs âges, ils s'étaient naturellement rapprochés. Zelan s'était révélé un garçon vraiment gentil et un partenaire de discussion agréable. Rien ne semblait pouvoir mettre à bas son éternel optimisme. Il avait le don, de son simple sourire, sincère et plein de confiance, de revigorer instantanément la jeune fille. Zelan était un peu devenu son bouclier face au désespoir. Bien sûr, il y avait son père Erik, qui était toujours gentil avec Siena, mais il avait une équipe entière à coordonner en plus de ses fréquents rapports au méprisable Gendaï. Il ne pouvait pas toujours être là pour elle, bien qu'il essayait toujours de la préserver, en tant que sa plus jeune recrue.

Siena avait appris la solidarité dans ce groupe d'esclaves, plus encore que lors des entraînements de Penan avec les autres cadets. Elle avait appris la force aussi. Malgré son âge, elle refusait d'en faire moins que ses camarades, ou que ces derniers tentent de la ménager. C'était sa faute si elle s'était fourrée dans ce pétrin, et elle comptait bien assumer jusqu'au bout. Au bout de deux mois, un tel rapprochement s'était formé entre Siena et ses compagnons d'infortune qu'elle ne songeait même plus à les quitter. Il aurait été impensable de retourner tranquillement dans sa base en laissant ses amis continuer à trimer ici. Ils partiraient tous ensemble, ou pas du tout.

Siena avait longtemps parlé de la sa vie et de la Team Rocket à Zelan, qui se montrait curieux de tout. Mais elle s'était montrée impuissante à lui expliquer la différence entre l'utilisation des Pokemon telle que la préconisait la Team Rocket et l'esclavage qu'utilisait sur eux la Team Freedom. Il était vrai que la Team Rocket avait l'avantage de ne pas se servir d'esclaves humain, mais après avoir vu ce qui se passait aux excavations de Cuplens, Siena se montra bien moins admirative de la théologie Rocket. Les crédos de Giovanni étaient que les Pokemon étaient inférieurs aux humains, et que ces derniers se devaient de les utiliser pleinement pour forger un avenir radieux pour l'humanité. Siena y avait adhéré depuis toujours. Mais là, en train de creuser en compagnie de plusieurs Pokemon, dont son ami Makuhita, elle ne voyait pas bien en quoi elle leur était supérieure.

En tous cas, la Team Freedom devait penser la même chose que la Team Rocket, voire même au-delà. Il était apparu à Siena que les Freedom détestaient les Pokemon, et les utilisaient seulement par nécessité. D'après ce qu'elle avait saisit du discours du Boss de la Team Freedom aux travailleurs il y a deux semaines, il voulait, à terme, exterminer tous les Pokemon. L'apparition du Boss de la Team Freedom l'avait rendu perplexe. Siena avait pensé jusque là que Gendaï était le Boss. Mais non.

Le Boss, un dénommé Vrakdale, était autrement plus terrifiant et immonde que Gendaï. Il était drapé d'une robe noire avec un col rouge proéminant qui entourait un visage ravagé. Entièrement chauve, son visage avait vraisemblablement été gravement brûlé. Sa peau craquelée, qui manquait en divers endroits, laissait voir ses muqueuses, ses nerfs et même ses os. Et, plus inquiétant, de la fumée s'échappait en permanence de son corps, comme s'il brûlait réellement en temps réel. Il avait parlé d'une voix rauque, sifflante, comme si ses cordes vocales avaient elle-même fondues.

- Travailleurs pour la liberté ultime et éternelle, entendez-moi ! Moi, Vrakdale, j'ai été choisi. Choisi par un être très puissant, un être qui devra être vénéré de tous, un être qui est au-delà de la mort et qui se rapproche le plus de Dieu pour nous, misérables mortels. Cet être m'a montré le futur radieux qui s'offrait, à nous les humains, si nous suivions ses enseignements. Oui, cet être m'a montré ce que serait un monde sans Pokemon. Un monde entièrement pour les humains, libre de toute souillure ! Et pour y parvenir, nous devons d'abord retrouver la pierre sacrée qui se trouve sous nos pieds. Selon l'être divin qui nous guide, elle est la clé de la naissance d'un monde nouveau ! Travaillez, travaillez... La fatigue n'est rien. La mort même n'est rien. Quand tout nous sera révélé, nous serons tous récompensés ! Pour la liberté !

Ce cri fut repris par les travailleurs, par obligation, mais sans enthousiasme. Pour Siena, ce Vrakdale lui avait fourni la preuve que la Team Freedom n'était qu'une bande de malades et que tout ce qu'ils faisaient ici n'avait aucun sens. Si au moins ça avait servi à quelque chose, peut-être les travailleurs auraient mis plus de cœur à l'ouvrage. Mais ça ne changeait rien ; elle ne pouvait pas s'enfuir. Ce n'était pas faute d'y avoir réfléchi, mais les défenses de ce complexe étaient impénétrables. Un pauvre gars avait tenté de s'évader une nuit ; le lendemain, son cadavre avait été attaché à un poteau, à la vue du tous. Pour y sortir, ou y entrer, il aurait fallu une armée. D'ailleurs, Siena s'étonnait que le gouvernement n'ait jamais fermé ce lieu. Il n'avait pourtant pas l'air très discret. Zelan lui avait fourni la réponse, l'air morose.

- Des Dignitaires du gouvernement font du commerce avec la Team Freedom. Ils tirent profit de la vente d'esclave. La Team Freedom l'a compris, et donne toujours un gros morceau du gâteau aux Dignitaires pour être tranquille ensuite.

La corruption de personnages éminents du gouvernement n'était pas chose nouvelle, même pour Siena, mais aller jusqu'à faire affaire avec des esclavagistes, alors que le gouvernement n'arrêtait pas de prêcher que la Team Rocket était le mal absolu, c'était le comble de la mauvaise foi. Siena, dans ses moments difficiles, s'était dit que peut-être la Team Rocket la sauverait, elle et tous ces pauvres gens. Penan devait l'avoir fait chercher. Mais depuis le temps qu'elle était portée disparu, ils devaient se dire qu'il n'y avait plus aucune chance de la revoir vivante.

Siena s'imaginait très bien père, fou de rage, et Mercutio et Galatea, en pleurs. Même s'ils étaient des triplés, Siena était née la première. Elle était donc la grande sœur, et s'était toujours fait un point d'honneur à être fort pour son frère et sa sœur, de toujours être là pour eux. Mercutio et Galatea étaient assez sensibles, ils pleuraient souvent, alors que Siena savait surmonter les difficultés stoïquement. Les imaginer seuls et perdus sans elle lui donnait souvent la force de continuer à creuser alors que ses muscles n'en pouvaient plus. De toute façon, c'était ça ou le fouet. Les sbires Freedom punissaient sévèrement tous ceux qui ne pouvaient plus travailler.

La première semaine, Siena était tombée bien vite de fatigue. Quand les sbires s'étaient approchés avec leur fouet, Zelan s'était interposé, et avait reçu le fouet à sa place. Alors qu'il n'était pas rare que même les adultes pleurent devant la morsure de cet instrument, Zelan était resté droit, ferme, et n'avait pas poussé un cri. La honte qu'elle avait ressentit devant son impuissance et l'admiration devant Zelan avait poussé Siena à ne plus jamais flancher.

Il était huit heure du soir, et le soleil commençait à se coucher. L'équipe de nuit allait prendre le relais, tandis que Siena et ses camarades allaient pouvoir se doucher, manger leur maigre pitance et se reposer quelques heures. Un moment que Siena attendait déjà dès qu'elle se levait le matin. Le temps de douche était chronométré, et bien sûr, il était impensable de songer à des douches séparées ou à tours de rôle. Ils se douchaient tous en même temps, hommes et femmes, assez serrés dans ce carré qui ne pouvait contenir qu'une dizaine de personne à la fois.

De toute façon, au vu de leur situation, la pudeur était le cadet de leur souci. Et n'étant pas encore pubère, Siena se fichait pas mal d'être vue toute nue. Débarrassée de la crasse et de la sueur, Siena s'assit enfin dans son coin pour grignoter sa tranche de pain et sa bouillie insipide. Qui y'avait-il d'ailleurs, dans cette mixture brune et immonde ? Personne ne semblait capable de le dire. C'était parfaitement répugnant, bien sûr, mais au moins, ça tenait à l'estomac.

Puis, un quart d'heure plus tard, c'était l'extinction des feux. Il y a quelque mois, quand elle dormait encore la base, Siena aurait trouvé impossible de s'endormir à même le sol rocheux, à coté de plusieurs personnes, avec les bruits de forage qui continuaient au dehors, et avec une couverture trouée et fine tandis que la température baissait fortement la nuit. Mais, après ces journées de travail intensif, s'endormir, même dans ces conditions, était la chose la plus aisé qu'il soit, et sans doute la plus agréable.

Elle ferma les yeux, mais avant de s'endormir séance tenante, elle sentit quelqu'un se coucher tous près d'elle. C'était Zelan, qu'elle reconnut à ses yeux d'or. Il lui sourit et elle lui sourit en retour. Ce n'était pas toujours possible, du fait du peu de place disponible, mais Siena aimait bien quand Zelan dormait près d'elle. Elle se sentait alors en sécurité, et dormait toujours très bien. Elle se rapprocha de lui pour se tenir chaud. Si la promiscuité était inévitable ici, ce n'était pas pour autant que les gens cherchaient à dormir collés. Mais ça ne dérangeait pas les deux enfants, au contraire. La chaleur humaine de l'amitié ne pouvait qu'apaiser les cœurs dans cette situation.

- Tu sais ce qu'on ferra, quand on sortira d'ici ? Chuchota Zelan.

Accablée par le labeur, Siena n'y avait jamais vraiment pensé, si ce n'était dans ses rêves illusoires où la Team Rocket venait la sauver.

- J'imagine qu'on reviendra à nos anciennes vies, fit Siena.

- Tu crois qu'on pourra ? Faire comme si rien ne s'était passé entre temps ?

- Ce sera une épreuve qu'on devra surmonter. Je pense que le souvenir d'ici sera quand même moins terrible que l'instant où nous y étions. Moi, ça me rendra plus forte !

Siena le pensait vraiment. Même si, à choisir, elle n'aurait jamais voulu mettre les pieds ici, cette expérience ne lui aura pas été inutile. Du moins, si elle survivait.

- Et pour toi, ça sauvera ta mère, non ? C'est pour ça que vous travaillez ici, toi et ton père ?

- Oui, à l'origine. Mais Gendaï ne cesse de prolonger la durée de notre « contrat ». À ce rythme là, ma mère sera morte avant qu'on ne revienne lui payer le coût de l'opération pour sa maladie...

Siena aurait voulu compatir, mais n'ayant jamais eu de mère, elle ignorait totalement ce que pouvait ressentir son ami. Et d'après ce que Gendaï avait dit, Siena en avait pour quinze mois de travail avant d'être libre. Il lui restait donc plus d'un an, et Zelan et Erik avaient toutes les chances de partir avant elle. Et Siena ne pouvait imaginer la vie ici sans Zelan. Elle savait que c'était terriblement égoïste, mais elle ne voulait pas qu'il parte.

- Quand nous serons libres, nous nous reverrons, même si on retourne chacun à nos vies, hein ? Demanda Siena.

- Bien sûr, dit Zelan avec une telle conviction que Siena ne put que le croire de toute ses forces elle aussi. Nous ne cesserons jamais d'être amis !

Et peut-être plus que des amis, quand j'aurai grandi, songea Siena avec un sourire. C'est avec cette belle pensée et la présence chaude et rassurante de Zelan près d'elle que Siena trouva le sommeil. Pour sa dernière nuit passée ici...


***


Sur le pan de la montagne de Cuplens, un humain et un Pokemon regardaient d'en haut les excavations de la Team Freedom, et le spectacle désolant et affreux de tous ces esclaves. L'humain, un adolescent d'une quinzaine d'année, ne nommait N. Le prince N, pour ses hommes de la Team Plasma. Il aimait les Pokemon plus que tout, et son cœur ne cessait d'être obscurcit par la colère et la tristesse quand il voyait les humains les maltraiter, comme maintenant. Les humains pouvaient bien se détruire entre eux, ça lui était égal. Après tout, les humains étaient des êtres naturellement vils et dangereux. Mais faire subir ça aux Pokemon... C'était impardonnable ! Encore plus que l'esclavage dans les Pokeball. En tant que leader prophétique de la Team Plasma, l'organisation qui s'était jurée de libérer les Pokemon du joug des humains, et en tant que roi autoproclamé des Pokemon, N allait faire cesser cette ignominie à Cuplens aujourd'hui même !

Le Pokemon qui l'accompagnait était d'une beauté et d'une grâce remarquable. Quatre pattes, le pelage d'un bleu cristallin, une longue crinière violette constamment secouée comme par un vent inexistant, des yeux rouges où brillaient l'intelligence, la noblesse et la puissance... C'était Suicune, le fils ainé de Ho-Oh, considéré comme l'incarnation du vent du nord. De tout temps, Suicune avait toujours été un grand défenseur des Pokemon en danger ou opprimés. Pokemon représentant la pureté, il avait naturellement été vite attiré par le jeune humain qui savait communiquer avec les Pokemon et qui se battait pour eux. Suicune était un allié de la Team Plasma et des idéaux du Roi des Pokemon. Et il avait mené N à Cuplens pour qu'il agisse contre cette Team Freedom qui semblait encore plus extrémiste que la Team Rocket concernant l'utilisation immorale des Pokemon.

- Vois ce qui se déroule sous tes yeux, N. C'est là une situation des plus flagrantes, mais hélas courante dans ce vaste monde.

Suicune venait de s'exprimer dans sa langue, faute de pouvoir s'exprimer en humain, mais N avait la caractéristique bien connue de comprendre le langage Pokemon. Selon la rumeur, il avait été élevé par des Pokemon. Les Pokemon les plus fanatiques pensaient même qu'il était une espèce d'Elu, né de la pensée d'Arceus, un humain avec une âme de Pokemon, qui apporterait la liberté et la suprématie des Pokemon. Le jeune homme n'avait pas vraiment cette prétention. Il souhaitait seulement diminuer un peu le malheur des Pokemon sous le joug des humains. Toujours, à court terme comme à long terme, partout. C'était là les enseignements de Ghetis, le chef des sept Sages de la Team Plasma, et le protecteur de N.

- Je vois, noble Suicune, répondit N. Et mon cœur saigne de cette vision, bien qu'elle me conforte dans mon idéal. C'est ce paradoxe qui fait ma force. Qui fait la force de la Team Plasma !

- Ces Pokemon en bas doivent connaître ou retrouver la liberté. Immédiatement. Et les humains qui les ont oppressé doivent payer, ordonna Suicune.

- Il en sera ainsi, certifia N. Je peux te l'assurer.


***


Alors qu'elle était en train de creuser, pour changer, le même trou qu'elle creusait depuis deux semaines, Siena se retourna quand elle entendit l'expression d'incrédulité de Zelan, qui lui travaillait un peu plus loin à un autre trou.

- Papa ! Tout le monde ! Venez-voir ça !

Le trou que Zelan avait creusé s'enfonçait plus loin que la normale. Pour la bonne raison qu'il donnait dans un espace creux sous la roche.

- Qu'est-ce que c'est ? S'étonna Erik.

- Il y a une crevasse en dessous, répondit son fils avec enthousiasme. Elle a l'air de descendre très profondément. Ça ressemble à une galerie... C'était peut-être ce que l'on cherche depuis le début !

- Pas de précipitation, fiston, fit Erik, lui-même pourtant fébrile.

Siena le comprenait. Si c'était bien l'ancienne galerie où se trouvait la fameuse pierre que la Team Freedom recherchait, ils pourraient bientôt tous rentrer chez eux ! Tout ce cauchemar allait peut-être prendre fin... Siena retournerait enfin dans sa base, reverrait son père, son frère et sa sœur. Zelan et Erik paieront les frais médicaux de leur mère et femme, qui guérirait vite. Siena et Zelan seraient séparés, certes, mais ils se reverraient, c'était évident. Tout irait bien...

Mais les espoirs de Siena se concrétisèrent de la pire des façons. Avant qu'Erik ne courre prévenir Gendaï dans son bureau, une explosion retentit non loin, suivi de nombreux cris. Siena songea d'abord à un Pokemon qui s'était rebellé. Ça arrivait parfois. Mais ce n'était pas ça. Enfin, l'attaque venait bien d'un Pokemon, oui, mais pas d'un du camp. C'était des dizaines de Pokemon de toutes sorte, sans collier de domination, qui dévalaient la montagne d'un air furieux en bombardant le chantier de plusieurs attaques. Derrière eux, il y avait aussi plusieurs humains, d'étranges personnages vêtus de costumes qui les faisait passer pour des chevaliers. De plus, ces costumes avaient une espèce de blason; un P bleu sur fond noir et blanc. Sans doute une Team, que Siena ne connaissait pas. En tous cas, ils se battaient aux coté des Pokemon.

Ce fut vite le chaos organisé. Les Pokemon assaillants s'en prirent à tous les humains qu'ils croisaient, travailleurs comme sbires Freedom, et libéraient les Pokemon enchaînés, qui eux-mêmes à leur tour se retournaient contre les humains. Les individus ornés du P bleu utilisaient leurs propres Pokemon pour combattre la Team Freedom et pour détruire méthodiquement tout le complexe de l'excavation. La Team Freedom semblait dépassée par cette attaque surprise. Ce fut une aubaine autant qu'une nécessité de s'enfuir pour les travailleurs humains, à moins de rester ici se faire tuer quand les Pokemon déchaînés les trouveraient.

- Zelan, Siena, fuyez ! Hurla Erik.

Les deux enfants ne se le firent pas dire deux fois. Ils se prirent par la main et coururent jusqu'aux limites de l'excavation, quand, remarquant que son père ne les suivait pas, Zelan se retourna. Erik était resté là-bas, aidant les hommes de son unité à fuir. Mais les Pokemon se rapprochaient irrémédiablement d'eux. Zelan lâcha la main de Siena et courut les rejoindre.

- Non, Zelan ! Tu ne pourras rien faire ! On ne peut que fuir, gémit Siena.

Elle avait conscience de la lâcheté de ses propos, mais pourtant c'était un fait : deux jeunes enfants comme eux, sans rien pour se défendre, allaient se faire immédiatement tuer face aux Pokemon meurtriers.

- On part tous ensemble, ou pas du tout ! Répliqua Zelan avant de s'éloigner.

La honte de Siena se décupla. Cette phrase, c'était la devise de l'équipe d'Erik. Tous ces liens d'amitié et d'entre-aide que Siena pensait avoir forgé au cour de ces deux mois... n'étaient-ils finalement que du vent tandis qu'elle tentait de fuir toute seule en laissant ses camarades là-bas ? Qu'aurait dit Penan ? Siena resta un moment sans savoir quoi faire, puis fit demi-tour, déterminée à se battre et vendre chèrement sa peau auprès de Zelan et de leurs amis. Au cœur de la mêlée, elle constata avec joie que plusieurs des Pokemon de l'équipe d'Erik, dont Makuhita, n'avaient pas rejoint les assaillants, et défendaient plutôt les travailleurs contre eux. Erik avait toujours bien traité les Pokemon qui travaillaient avec lui ; ça payait aujourd'hui.

Mais ça ne suffirait pas. L'équipe 13 faisait face à un terrible Pokemon, magnifique, mais qui respirait la puissance, et dans ce cas précis, la colère. Siena se rappelait vaguement l'avoir vu dans des manuels présentant les principaux Pokemon Légendaires. Celui-là devait être Suicune, le vent du nord, déterminé à sauver ses compagnons et à se venger de ceux qui les ont exploité. Mais en l'occurrence, il se trompait de cible. C'est ce que Zelan, qui soutenait son père blessé, tentait de lui faire comprendre.

- Arrête Suicune ! Nous ne sommes pas tes ennemis ! Nous sommes les victimes de la Team Freedom autant que les Pokemon !

Le Pokemon Légendaire ne semblait guère convaincu. Il rugit et fonça sur Zelan à une vitesse phénoménale, qui le désarçonna le garçon et son père en les envoyant tous deux à terre. Puis, avec un second rugissement, il laissa s'échapper de son corps une quantité d'eau telle un tsunami qui balaya plusieurs mètres à la ronde. Sous l'effet du rugissement continu, la terre s'ouvrit sur elle-même, révélant plusieurs crevasses dont celle, plus grande, que Zelan avait découvert. Les pouvoirs des Pokemon Légendaires étaient donc si fabuleux que ça, au point de commander à la terre même ?

Même parmi les Pokemon qui avaient défendu les humains, aucun n'osa faire face au vent du nord. Sauf Makuhita, qui se positionna comme à son habitude devant Siena pour la protéger. Zelan se releva, trempé et sonné. Suicune braqua ses yeux rouges malveillants sur lui, et stoppa Zelan dans toute tentative de combattre. Son regard rougeoyant avait paralysé tout son corps, une pression incroyable balayant en lui toute idée de résistance. Suicune fléchit ses pattes, prêt à attaquer.

- Non ! Zelan !

Siena avait échappé à la surveillance de Makuhita pour courir vers son ami. Son meilleur ami, le seul qu'elle n'ait jamais eu. Elle ne pouvait pas laisser Suicune le tuer sans réagir. Suicune bondit, et Siena se plaça sur sa trajectoire. Ce fut comme voir la mort arriver en face, sauf qu'Erik avait bondit à son tour pour pousser la jeune fille. Ce fut lui qui prit de plein fouet l'attaque de Suicune. Le puissant Pokemon le mordit sauvagement à la gorge, la lui ouvrant profondément dans une pluie de sang.

Puis tout alla très vite. Zelan hurla, et Siena tomba à genoux, sous le choc, et incapable de faire un geste. Ce n'était plus au cauchemar. C'était l'enfer. Elle n'avait plus aucune force, plus aucune volonté. Il fallait juste que tout s'arrête. Suicune semblait déterminé à lui rendre ce service. Il ouvrit grand la gueule, et emmagasina une forte lumière. Quoi que c'était, ça allait vaporiser Siena sur le coup. Bien qu'elle le savait, cette information ne la fit pas plus bouger. Et encore une fois, quand le rayon parti, ce fut quelqu'un d'autre qui se sacrifia pour elle.

Elle eut la fugace vision de Zelan, prit en parti dans la lumière, la moitié de son visage atteinte. Puis, emporté par le choc, le jeune garçon chuta dans la brèche la plus grande, sans un cri. Si Siena avait eut la force de se lever et de marcher, elle serait allée le rejoindre, même dans sa chute. Mais son esprit la lâcha devant toute cette horreur, et elle tomba dans une bienheureuse inconscience tandis que Zelan tombait dans les ténèbres de plus en plus profonds.