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La Faucheuse. de T-Tylon



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» Auteur : T-Tylon - Voir le profil
» Créé le 09/11/2010 à 02:13
» Dernière mise à jour le 01/12/2010 à 13:12

» Mots-clés :   Présence d'armes   Sinnoh   Suspense   Terreur

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Abends.
(« Le soir »)



Sinnoh. Floraville. Maison de la maitresse des baies.

Lundi 12 Avril. 18 heures 57minutes.



Le Dracaufeu se posa à destination dans la tranche de l'après-midi, après un vol de retour plutôt calme. La tranquille ville de Floraville fut en effervescence au retour de la maitresse des baies, les habitants soulagés de la voir revenir entière et en bonne santé, et desservir un accueil triomphant pour la championne, qui insista pourtant qu'on ne lui fasse pas cet honneur –l'ursaring lui pesant toujours sur la conscience-. Le maire s'empressa d'arriver à tout hâte, commençant –en même temps que les parents de benjamin- à la mitrailler de question concernant leurs garçons. Mais la championne mit rapidement fin à ces dernières en donnant sa parole qu'ils allaient bien.

Ce fut ce moment que choisit Tommy pour justement annoncer qu'il avait finit de réparer son van (qui avait des problèmes depuis déjà quelques temps avec le moteur) et qu'il était prêt à partir à n'importe quel moment.

Ni une ni deux, le maire donna son approbation aux parents de benjamin et supplia sa femme de lui donné de ses nouvelles pendant qu'il serait obligé de rester là. Florianne les arrêta un bref instant pour leur donner l'adresse da sa maison, étant donné que c'était là qu'ils habitaient le temps que les pokémons soient soignés, et leur pria de passer à l'arène en premier lieu pour se faire annoncer. Ils acceptèrent avec gratitude, et prirent presque immédiatement la route.


L'experte en baie put donc ensuite guider sa camarade vers son habitation, et cette dernière fut soufflée par sa « petite cabane » comme elle l'appelait (n'ayant pas encore eue l'occasion de lui rendre visite dans sa tanière).

Elle était littéralement bouche bée devant la perfection architecturale du lieu, rien que de dehors c'était un bonheur pour les yeux ; L'architecte avait même prévu les arbres et leurs feuillages dans l'équation, la structure se mariant à la perfection avec l'endroit et son côté isolé… Et en viens immédiatement à amèrement regretter sa disparition.

La propriétaire des lieux nota son étonnement avec un petit sourire en coin, puis l'incita à venir la rejoindre alors qu'elle allait ouvrir la porte. Florianne remarqua une petite boite aux lettres ouvragée sur le côté de l'entrée, se demandant à quoi elle pouvait servir vu que, dans un endroit aussi « reculé », tout devait passer par le numérique.

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Une fois à l'intérieur, l'étonnement qui gagna la championne était au bas mot dix fois plus puissant que celui qu'elle arborait deux minutes plus tôt. L'experte en baie lui fit le tour du propriétaire, et sa « petite cabane » lui apparut rapidement comme un palais, rien qu'au rez-de-chaussée. Arrivées au premier étage, la maitresse des baies profita de la stupéfaction qui figea la dresseuse pour lui proposer un jus de baie. Elle l'accepta et le bu d'une traite, puis elle continua la visite.

Chaque partie de la demeure ne lui fut « épargnée », réservant ses serres et son « labo » en dernier. Quand vint l'heure de lui montrer ceux-ci, elle la ramena au rez-de-chaussée, dans le long du couloir jusqu'à la porte de la cave, et l'incita à descendre avec elle dedans.


« Tu as mit ton labo dans la cave ? Ca fait très « stéréotypé » si tu veux mon avis. » Fit-elle un brin amusée par ce qui s'offrait à elle.

« Je ne garde pas grand-chose chez moi pour m'en servir vraiment comme d'une cave, alors oui je l'ai transformé en laboratoire pour mes expériences ; mais c'est plus un atelier qu'un laboratoire dans sa complexité. »


Elle alluma la lumière une fois arrivée au bas de l'escalier, et la championne fut la première personne au monde à voir dans quel environnement travaillait la maitresse des baies : quelques étagères de rangement notées par ordre numérique et alphabétique sur lesquelles reposaient des bacs de différentes numérotation, quelques terrarium dans lesquels poussaient de petits plants de baie en observation sous une lumière artificiel qui imitait celle naturelle du soleil, deux-trois petits microscopes, deux petits ordinateurs et quelques autres petits appareils plus ou moins identifiables…

Le tout prenait une place curieusement assez dérisoire vu la taille globale de la cave, n'occupant même pas le tiers de cette dernière. La maitresse des lieux nota l'interrogation de Florianne à ce sujet, et lui indiqua une autre entrée derrière l'une de ses étagères –formant un petit couloir avec- qui menait à une autre partie de la cave.

L'entrée était « cachée » par une sorte de rideau noir pour éviter que « l'atmosphère » des lieux ne se mélange avec celle de la première partie de la cave. Luna passa en première, Florianne en second, et cette dernière sentit immédiatement que la température et l'odeur n'était plus du tout la même avec l'autre partie de la cave. Ses yeux lui relayèrent l'information finale qui lui faisait dire que c'était plus un entrepôt qu'une cave :

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C'était immense ! Des dizaines de petits demi-cylindres semi-transparents de moins de deux mètres de haut se côtoyaient en rangées de 5 sur la largeur pour plus de 20 sur la longueur et séparés entre eux par moins d'un mètre de distance. Chaque cylindre possédait un chiffre et une marque différente pour représenter le type de baie qui se cultivait en son sein, selon des conditions bien précises : les baies Oran, kika, Sitrus et Prine poussaient ensembles dans les mêmes cylindres, là où les Nanad et Repoi étaient cultivées dans un autre, chaque cylindre les contenants ayant une forme, un numéro et une lettre, pour indiquer quels types de baies y étaient cultivés.

Florianne repéra d'ailleurs, outre tout le système logistique artisanal digne d'un Mac Gyver, un cylindre avec le symbole « radioactif » dessus et plusieurs masques accrochés à l'entrée en plastique du cylindre. Luna remarqua tout de suite cela et elle s'empressa immédiatement de l'avertir.


« Cylindre des Durins ».


La championne fit un mouvement de recul direct, casant ce cylindre et son emplacement comme étant la « zone morte » de la cave de Luna à ne jamais approchée. Sauf si la fin du monde se profilait à l'horizon. Elle continua la visite malgré cela et Luna lui montra et expliqua le contenu du moindre d'entre eux, ainsi que pourquoi certaines d'entre elles étaient cultivées selon des conditions différentes par rapport à d'autres, et pourquoi certaines étaient cultivées en même temps dans le même cylindre là ou d'autre restaient mono-espèce. Puis elle arriva à l'un des derniers cylindre, lui expliquant que c'était le dernier « fonctionnel » et que les autres étaient en stand-by en attendant des baies qui nécessiteraient leurs emplois ; ce dernier cylindre était d'ailleurs pratiquement vide, il n'y avait qu'une baie qui poussait timidement dans un bac de terre bien trop gros pour elle.


« C'est laquelle celle-là ? »

« La Yapap, la baie psy… » Puis elle fit une tête plutôt déçue et triste. « Elle n'a pas beaucoup changée depuis que je l'ai plantée, et je crois que je me suis bien trop avancée concernant la potentielle pousse qu'elle pourrait devenir… »

« Comment ça se fait qu'elle est aussi… Faible ? » Elle n'arrivait pas à trouver un autre adjectif pour qualifier son état apparent.

« Je ne sais pas. C'est la première fois que je cultive la Yapap, et je n'ai aucune idée des conditions à réunir pour la faire pousser correctement… » Elle émit un petit un petit soupir dépité.
« Mes analyses m'indiquent pourtant qu'elle ne devrait avoir aucun problème pour pousser : elle possède la terre qui conviendrait le mieux pour elle, l'eau est filtrée comme il faut pour l'irriguer, la lumière est dirigée de manière optimale sur ses feuilles pour la photosynthèse… Honnêtement, je n'arrive pas à savoir ce qui manque. » Elle émit à nouveau un soupir, mais cette fois-ci s'apparentant à de la tristesse.
« A ce rythme, si aucun changement n'opère dans sa croissance… Elle va mourir. »


La championne s'approcha doucement du plant, s'accroupissant juste à ses côtés pour être à sa hauteur. Même si cela paraissait inutile et risible, cela lui faisait quelque chose de voir une plante mourir devant elle. Même si ce n'est que la première fois qu'elle la rencontre. Elle regardait doucement le plant d'un air compatissant, prit l'une de ses feuilles les plus flétrit délicatement pour la regarder, et murmura simplement.


« C'est triste qu'elle puisse mourir seule… »


Comme si la plante et la championne s'étaient comprises mutuellement, la feuille que tenait la championne se mit à récupérer des couleurs et à s'agrandir lentement. La maitresse des baies fit une mine surprise en constatant un changement aussi drastique en un délai aussi court, mais la championne, quand à elle, n'en paraissait curieusement pas surprise. Elle continuait calmement de tenir la plante et de la caresser doucement. Et plus elle la caressait, plus le plant grandissait à une vitesse dépassant les connaissances de l'experte dans le domaine. Au bout de 3 minutes, le plant avait quadruplé de volume et avait reprit des couleurs bien plus vive.


« … J'abandonne… Je viens de voir un truc auquel je n'ai aucune explication, et dont je suis totalement larguée… »

« Peut-être parce que tu n'as pas intégrée une donnée dans tes calculs ? Une donnée qui paraitrait anodine, mais pourtant essentielle ? » Lui disait-elle doucement tout en regardant le plant.

« Tu sais ce qui lui manquait ? »

« Simplement de la compagnie. » Répondit-elle calmement.

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Ca lui paraissait d'une telle évidence que son idée s'imposait d'elle-même, n'ayant pourtant mit en avant aucun argument scientifique pour étayé sa théorie (qui n'en était pas une avec le ton et l'assurance calme qu'elle utilisait) Mais Luna saisit immédiatement qu'elle avait raison, et cette fois-ci avec un argument logique : une baie psy nécessite un esprit pour se développer, et pas forcément QUE des pokémon psy (même si c'est potentiellement conseillé) ; comment une baie qui évolue au contact d'une conscience pourrait grandir dans un endroit qui en est dénué ?

Mais ce qui valait vraiment le détour côté information à garder en mémoire, c'est que Flo avait une faculté de compréhension innée dans le domaine des plantes ;la surclassant elle-même dans le domaine parfois. Même si la spécialité des baies est toujours à son avantage, le niveau de connaissance de la championne en la matière général l'égalait en bien des domaines en tant que Faucheuse. Diable, c'est vraiment ce qui s'appelle avoir la main verte ! D'ailleurs cette dernière se retourna vers Luna, tout en continuant de tenir gentiment le plant.


« Je pense que tu devrais l'installer avec d'autres baies ; tous les meilleurs terreaux, la meilleure eau et la meilleure lumière que tu pourras lui donner, ne vaudront jamais un peu de compagnie. »

« Très bien « mademoiselle plante », dans ce cas là : pourrais-tu m'apporter ton aide pour la changer de place ? »


Sa remarque faisait lieue de plaisanterie et un brin de boutade auto-dérisoire, mais avait un certain fond de vérité concernant la championne ; elle devenait presque une autre personne quand elle venait à « parler avec les plantes », comme si elle les comprenait instinctivement. Cette dernière répondit à sa proposition d'un petit sourire en demandant où se trouvait le nécessaire de jardinerie pour l'opération, et l'experte des baies les lui apporta dans les minutes qui vinrent.

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L'opération fut d'une rapidité déconcertante –pour un connaisseur- ; la championne et la maitresse des baies avaient fait preuve d'une précision littéralement chirurgicale pour changer le plant de place, l'installant avec les premières baies de l'un des premiers cylindres le plus « peuplé » de tous. Et même si la baie avait fait preuve d'un « comportement » impressionnant, il faudrait attendre encore au moins un jour (en étant très optimiste) pour que les racines prennent pleinement.

Mais dans l'immédiat –vu l'heure- Luna proposa à la championne si elle voulait allez se restaurer dans un restaurant de la ville et profiter des spécialités locale, mais elle l'avertissait d'un énorme détail : pas de viande au menu. C'à quoi elle répondait si c'était vraiment un problème, et si elle aurait dû s'attendre à autre chose de la part de Floraville…


Elles sortirent de la cave, Luna derrière pour fermer les lumières, et une idée absurde vint à germer dans sa tête, mais tellement absurde qu'elle ne pouvait l'ignorer : si cette baie réagit aux émotions, et donc aux pensées, et que Florianne arrive à les comprendre instinctivement… Alors il y'avait un risque, même ersatzcopique, que ses baies pourraient lui « révéler » sa vraie nature.

Ca paraissait tellement dingue comme çà, mais il fallait voir la chose sous un autre angle : d'une simple cellule dénuée de strictement tout modèle de raisonnement sophistiqué, on pouvait arriver à une être humain et à tout ce qu'il peut potentiellement faire… Et quelle est la différence fondamentale entre un homme et une plante ? Quasi inexistante. Tous deux ont un ADN, un système et un modèle de fonctionnement vivant basé sur les même principes : nourriture, eau, transformation de la matière en énergie, et véhiculassions de l'information identique à la base. Après tout : les plantes évolues de la même manière qu'un être humain, en s'adaptant. Hors pour s'adapter il faut avoir « souvenir » d'une situation, il faut l'appréhender, la décortiquer, l'analyser d'une certaines façon, d'un point de vue qui n'est pas forcément celui d'un être humain…

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L'être humain n'est, comme le reste de l'univers, pas absolu. A ce titre, qui pourrait prétendre connaitre la vérité vraie sur l'univers ? Personne. Qui pourrait dire « mais non c'est ridicule, une plante ne peut pas « dire » qui tu es », et sur quoi baserait-il ses certitudes ? Fondamentalement sur rien du tout. Après tout, c'était le même discours que celui des religieux du moyen-âge « La terre est ronde ? HA, la bonne blague ! Elle est si bonne que je vais te mettre au bûcher pour te prouver que j'ai raison. » Et on connait tous le résultat.

Le fait est que l'on ne sait RIEN sur les fondamentaux de l'univers, ni sur son fonctionnement véritable, et que les théories scientifique qui affirment détenir la « vérité » ne sont ni plus ni moins qu'affabulation.

Combien de théorie ont-elles été considérées comme « absolues » avant de s'être fait réduites en poussière par une nouvelle découverte ? Bien plus que la communauté scientifique et religieuse ne voudraient jamais l'admettre. Et bien souvent l'être humain, dans son infinie hypocrisie, préfère renier l'univers et ses faits que d'accepter le fait qu'il existe des choses dépassant sa compréhension et qui lui donnent tort.

Les seuls « vrais » scientifiques qui ont amenés le monde vers l'avant ne sont en vérité que de simples humains ayant acceptés de voir l'univers tel qu'il était, en laissant de côté tout gêne inutile que représente les bas-instincts et raisonnement de l'être humain au profit des meilleurs : la curiosité, l'imagination, la passion, le goût de l'expérimentation, l'humilité à reconnaitre sa limite et demander avis aux autres, partageant par la même ses idées et découvertes…

Autrement dit : personne. Ca ne sert à rien de tergiverser là-dessus : personne n'est réellement scientifique, pas plus qu'un être humain est supérieur à un autre. Rien ni personne n'est absolu, c'est tout.


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La jeune femme ferma la porte de sa maison, alors que la nuit commençait à pointer le bout de son nez à l'horizon. Elle réfléchit à cette idée durant le trajet vers la ville, et en déduit un contre –aussi extravagante que sa théorie fut-. Tout ce qui suffisait de faire était de conserver cette baie dans la serre avec les autres baies, de se comporter avec elle de la même manière qu'avec les gens –sourire et propos factices- et de lui accorder l'attention qu'elle « mérite » sans jamais l'amener à son vrai laboratoire SCS ; et il n'y aurait plus aucun risque, fusse-t-il minime.

Mais un autre problème se posait ; et si cette baie lisait au-delà des apparences ? Qu'elle avait réagit aux émotions de Flo, et pas aux propos de ses paroles –aussi sincères fussent-ils- ? Dans ce cas son numéro ne servirait potentiellement à rien… Une minute, elle réagit comme les types psy ? Alors il n'y avait pas lieu de s'inquiéter… Elle est en pensée ce qu'est le vide pour l'espace : insondable. Bloquer ses pensées est un jeu d'enfant pour elle ; il n'y a qu'à se réfugier dans un mutisme de réalité pour palier au sondage d'un pokémon psy.


Pourquoi un pokémon psy est-il sensible aux ténèbres et à l'insecte ? C'est une question que les dresseurs ne se posent généralement pas, sauf les élites, car tout ce qui compte est que ça marche et rien de plus. Mais si on voyait chaque « type » selon un autre point de vue, à quoi correspond le type psy ? A la conscience. Le type psy est juste une appellation résumée de façon grossière pour simplement dire qu'un pokémon appartenant à ce type fait plus usage de sa conscience que les autres pour se servir de son énergie et la modeler selon ses désirs, en fonction de sa force. Après tout un Kadabra n'aura jamais la même puissance qu'un Gardevoir (sauf rares exceptions).

Dans ce cas que représente le type insecte et ténèbres ? C'est encore plus simple : quels sont les autres principes de raisonnement de l'être humain ? L'inconscience et l'instinct. Et ces deux là ont la primeur sur la conscience à cause d'un seul sentiment : le doute.

Le doute est à la fois le sentiment le plus humble de l'être humain et à la fois le moins sûr, car ce sentiment est le plus efficace pour faire vaciller la détermination de l'être humain. D'ailleurs l'art de la guerre est strict là-dessus « le doute est la moins sûre des défenses : une ennemi qui doute à déjà perdu. » Et la seule chose qui peut douter chez un humain : c'est la conscience.

De ce fait, l'insecte représente l'instinct et les ténèbres l'inconscient. Par inconscience l'être humain peut tuer, par instinct l'être humain peut tuer, par conscience l'être humain peut tuer, mais seul ce troisième modèle de raisonnement peut éprouver le doute sur le bien fondé de l'action. Les deux autres non. Et c'est aussi pour cela que l'insecte est le maitre de cette trinité, battant même les ténèbres : l'instinct à la primeur sur l'inconscient.

L'inconscient veut dire « en dehors de la conscience », donc en dehors du raisonnement, ne se fatiguant pas à réfléchir sur le bien ou le mal fondé de quelque chose. Mais il conserve toujours un part de cette vérité, de ce principe à agir pour l'être auquel il est lié, de ce raisonnement primal universel. Pas l'instinct.

L'instinct est la programmation, les réflexes et tout ce qui permet au corps humain « d'agir ». L'instinct ne doute pas, l'instinct ne questionne pas, l'instinct n'est soumit à aucune autre loi que la sienne : agir. L'instinct est au corps humain ce qu'est le BIOS pour un ordinateur : sa base. C'est par instinct que les cellules du corps se reproduisent, que le cœur bat, que le corps est tel qu'il est ; il n'y a pas de raison, pas de questionnement, pas de sentiment, pas d'hésitation : 1 + 1 = 2, c'est tout.

Et c'est exactement pour cela que la Faucheuse le sublime au maximum, car c'est par instinct qu'elle a le plus de chance que son corps la trahisse ; un être humain normal et un judoka ne réagissent tous deux pas du tout de la même manière dans une situation donnée : si le judoka subit une agression dans la rue, l'expérience accumulée dans ses muscles va se mettre en branle grâce à l'instinct et il se défendra bec et ongle contre l'adversité. Mais le type lambda, n'ayant aucune connaissance du combat, va réagir sur les bases de ce que l'instinct trouve à fournir comme réponse dans ce genre de situation : paniquer et fuir.


Donc si son « instinct » s'était « réveillé » face à l'Ursaring, ce dernier serait mort et sa couverture serait carbonisée devant les enfants. La seule chose qu'elle concède à son instinct (sachant pertinemment qu'il est impossible à évincer) est toute la programmation biologique complexe fondamentale pour laquelle elle ne peut rien faire « consciemment » : la mitose cellulaire, la production des globules rouges, blancs, des plaquettes, le transfert des éléments nutritif, et le fonctionnement trop complexe de certains organes ; sauf concernant certains sur lesquels elle possède un certain contrôle, comme le cœur et les poumons-.

Si elle devait contrôler consciemment la moindre de ses cellules, le moindre des éléments chimique qui la compose, alors, Faucheuse ou pas : elle serait détruite par le flot inimaginable d'information à traiter. Pas à cause du flot en lui-même, mais juste que cela lui prendrait trop de temps d'analyser et réagir correctement à la demande de chaque cellule des centaines de millions de milliards de milliards qui la compose.


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« Luna ? Allô Luna, ici Terra ? »


Evidemment la jeune femme savait pertinemment ce que Flo disait et qu'elle lui parlait, ce n'était pas un problème pour elle de réfléchir à plusieurs choses en même temps sans perdre le fil d'une conversation, aussi complexe soit-elle. Mais faire tout comme si elle rêvait était dans son rôle le perfectionnant jusqu'au bout.


« Oh pardon, désolée j'avais la tête ailleurs… Tu disais ? »

« Tu devais vraiment avoir la tête ailleurs vu que ce n'est pas moi qui te parlait, mais ce charmant serveur qui attend désespérément ta commande. »

« Oups ! » Fit-elle gênée de ne « pas avoir remarquée » le serveur.

« Ce n'est rien mademoiselle baie, oublions çà, à la place : que désirez-vous ? » Lui répondit-il avec un sourire professionnel.

« Le soufflé Gracidée s'il vous plait. »

« Très bien. » Répondit-il en notant la commande. Puis il se tourna vers Flo.
« Et pour vous, mademoiselle, qu'est-ce que ce sera ? »

« C'est la première fois que je vais goûter la cuisine de Floraville, même si j'ai déjà eu l'occasion d'avoir eu un aperçut de la part de la matriarche. » Le serveur fit un regard surpris, puis il s'exclama.

« Oh vous devez être la championne de Vestigion ! Pardonnez-moi de ne pas vous avoir reconnue… » Fit-il d'une petite mine gênée, ce à quoi elle ne répondit que ce n'était pas grave.
« Et si vous avez eu un aperçut avec la matriarche, j'ai bien peur que peu de chose risque de vous surprendre. Dans ce cas là, pourrais-je vous proposez quelques chose ? »

« Allez-y, je vous en prie. »

« La brise arc-en-ciel, l'une des plus grande spécialités de nôtre ville. » Fit-il d'un air de fierté professionnelle.

« Ca parait prometteur, qu'est-ce comme plat ? » Demandait-elle la curiosité piquée à vif.

« Une salade de fleurs, sucrées et salées par nôtre maitre cuisinier en la matière. C'est un ensemble de pétales de fleurs aromatisés aux différentes épices et spécialités locale, dans un défilé de goût et de couleur garantis 100% naturel et dénué de la moindre matière grasse superflue. »

« C'est surtout l'un des plats le plus chers de la ville… » Souligna la maitresse des baies d'un petit sourire en coin.

« Mais je suis sûr que le chef vous fera une « fleur » sur le prix, de part l'histoire de la forêt. » Sourit-il humblement.

« Ne vous tracassez pas pour cela. » Répondit Flo. « Vous n'avez pas besoin de me remercier, et je paierais pour ce plat vu que je le prends ; vous m'avez donné l'eau à la bouche. »


Le serveur se plia aux exigences de la championne, prit leurs cartes, et s'en alla en cuisine pour passer la commande. Laissant les jeunes femmes entres-elles sur la terrasse appréciant la fine brise fraiche dans l'obscurité de l'ombre des montagnes surplombant les éoliennes.


« C'est idiot, j'aurais pu en profiter pour te faire goûter les cocktails locaux. »

« C'est pas grave, quelque chose me dit que la salade sera bien suffisante. Et puis je ne pense pas trop m'avancer en supposant que tes jus de baies les surpasses dans le domaine, si ? »

« Evite de tenir ce genre de propos dans un tel restaurant ! » La réprimandait-elle en chuchotant. « Aimable ou pas, ils ne vont pas nous garder si tu leur fait une mauvaise pub ! »

« Donc tes jus de baie sont bien meilleurs, merci pour la précision. » Fit-elle taquine en souriant.

« Shhht ! J'aime bien ce resto et je ne veux pas leur faire ombrage ! »

« Relax, Luna, comment veux-tu qu'ils le sachent ? Regarde autour de toi : nous sommes seules sur cette terrasse. » Elle soulignait ce dernier détail en tournant la tête de droit à gauche.
« D'ailleurs je suis curieuse de savoir comment fait un tel établissement pour rentrer dans ses rentes, alors qu'il n'a pas l'air d'avoir le moindre client bien souvent ? »

« Le propriétaire et chef cuisinier des lieux est le partenaire des parent de Benjamin, tu sais « CookieLicots », et ils ont un sacré chiffre d'affaire ensemble. »

« Ah oui, je connais ces cookies ! C'est pas donné, mais il parait que le prix est parfaitement justifié tellement ils sont bon. »

« Et le chef est un vieux passionné à la retraite : il forme des apprentis cuisiniers venant des quatre coins de l'archipel dans sa cuisine, leur donnant l'expérience du terrain qui leur fait défaut dans les écoles, tout en cuisinant calmement pour son propre plaisir. »

« Mais comment il fait pour former des cuisiniers avec si peu de client ? C'est pas un peu paradoxal ? »

« Tu te souviens de l'histoire de Vistelle concernant le chef cuistot Cobuse ? Et le passage où il la convainc d'aller à Floraville pour connaitre la vraie cuisine ? »

« Oui ? »

« Et bien le chef de ce restaurant fut le maitre de Cobuse. »

La bouche de Florianne pendit lamentablement comme celle d'un Magikarpe, complètement prise par défaut par la nouvelle. Et Luna enchaina.

« Je ne suis pas cuisinière, et je n'ai pas été non plus sous sa tutelle, mais l'aspect le plus important de la cuisine est la passion. Le travail d'équipe, la propreté des aliments, le respect de l'hygiène… Tous ces aspects font parties intégrante de la cuisine aussi surement que le cuisinier lui-même, mais le gâteau d'anniversaire d'une mère à son enfant aura toujours meilleur goût qu'un gâteau d'un grand chef pâtissier. »

« Ne pas chercher à atteindre l'excellence c'est atteindre l'excellence. » Récita-t-elle, et son interlocutrice lui sourit.

« Exactement, mais ce n'est pas tout. A part pour les habitants de la ville, et de rares exceptions, le délai de réservation d'une table ici est de 8 mois. »

Elle lui refit la même tête que quelques minutes auparavant.

« 8 mois ?! Mais les prix n'induisent pourtant pas l'idée du grand luxe, sans vouloir les vexer ! »

« Et c'est exactement pour cela que tu ne vois personne, et qu'il n'y a pratiquement personne qui vient manger ici, à part des habitant de la ville de temps en temps. Quand on réserve un restaurant « chic » deux facteur entrent en jeux : la nourriture évidemment, et le prestige ; le prestige de se targuer de pouvoir dire « j'ai réservé une table dans le meilleur restaurant de l'ile, à 300.000 pokédollars le dîner. » Car tout le monde n'a pas les moyens de s'offrir une soirée dans ce genre d'endroit. »

« Tu veux dire qu'il ne reçoit la visite de personne à cause de ses prix trop bas ? »

« Précisément ; Où est l'intérêt de réserver 8 mois à l'avance une place dans un restaurant à même pas 1000 pokédollars la soirée pour deux personnes ? Parfois le nom fait plus que le produit, tu le sais bien. Et puis très peu de gens prépare ce genre de chose à si long terme ; à la limite un dîner dans un restaurant le soir sur un coup de tête, voir une à deux semaines à l'avance, un à deux mois pour les meilleurs d'entre eux pour les personnes lambda… Mais 8 mois c'est beaucoup trop, et c'est pour cela qu'il est aussi doué. »

« Parce que les personnes qui ont choisit malgré tout de venir manger ici le mérite, justement de part ce choix ? »

« Exactement. D'ailleurs une légende court à son sujet : il parait que ceux qui mangent de sa cuisine, après avoir patienté les 8 mois, repartent végétarien pour le reste de leur vie. »

« Euh… Tu sais que j'apprécie beaucoup les plantes, mais je ne crache pas sur un bon filet. »

« Ne t'inquiète pas, j'ai déjà mangée ici et il m'arrive toujours de manger de la viande ; il ne force personne en rien, ce sont les gens eux-mêmes qui font ce choix. »

« Mais d'après ce que tu me dis, il les y incitent fortement. »

« Est-tu devenue totalement végétarienne après avoir mangée la cuisine de Vistelle ? » Et devant sa réponse négative, elle termina.
« Alors tu n'as rien à craindre je te le garantis, car son niveau n'est pas si éloigné que ça de Vistelle. La grosse différence, qui va séparer le repas de ce soir de celui de Vistelle, sont les ingrédients… Et potentiellement aussi le talent. »

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La championne émit une petite tête surprise concernant le dernier point abordé par la jeune femme, mais celle-ci lui fit mine de regarder sur le côté en voyant le serveur revenir avec deux plateaux ; leurs commandes étaient servies… A un détail près, plutôt deux en fait : le premier plateau portait le « soufflé » de la jeune femme, mais semblait « ratatiné » à première vue, et le second portait une sorte de petite cheminée à la forme bizarre, mais aucune trace de la salade.

Devant le regard interloqué de la championne, le garçon la rassura.


« Ne vous inquiétez pas vôtre salade arrive, mais le soufflé devait être apporté en premier. » Puis il repartit.

Florianne se pencha pour étudier les ustensiles apportés par le garçon, et s'autorisa –par curiosité- à poser une question à voix haute.

« Normalement le soufflé n'est pas censé être apporté en dernier, vu qu'il se dégonfle rapidement ? Et est-ce que c'est vraiment un soufflé ? »

« Tu verra… » Lui répondit-elle d'un petit sourire espiègle. Puis le garçon revint avec son… Plat…

« Et voilà… » Présenta-t-il devant la championne. « La brise arc-en-ciel. »


Flo ne disait rien, complètement subjuguée par le contenue de son assiette : plus d'une centaine de pétales de fleurs de toutes les couleurs se laissaient balloter tranquillement par la brise du vent, étant maintenue sur la vaisselle grâce à des petites tiges savamment nouées entre elle pour donner l'illusion d'un buisson parcourut de fleurs aux alliances et origines improbables, défiant comme par pure magie la pression de l'air et la gravité, ondoyant dans un jeu d'effet de couleurs et de lumières magnifiques… Elle se permit une note d'humour, en revenant à la réalité au bout de quelques minutes.


« Sérieusement… Vous comptez sur moi pour manger çà ? C'est comme si je devais manger une œuvre d'art… »

« Le chef sera ravi d'apprendre qu'il aura réussit à vous surprendre. » Puis il sortit un humble briquet en inox de sa poche, à la griffe de la forge Fuego, pour se rapprocher de l'autre jeune femme.
« Maintenant, le soufflé Gracidée. »


Il fallut toute la volonté de Florianne pour contrecarrer celle de son estomac criant famine, et celle de ses yeux hurlant au sacrilège d'être détournés d'une telle splendeur, pour retourner son attention vers le plat de la jeune femme.

Le garçon prit le petit pot dans lequel était le soufflé, le plaça dans l'emplacement prévu pour dans la cheminé, et, par un principe chimique d'une recette secrète, il mit le « feu » dans la petite cheminée pendant quelques dizaines de secondes, le soufflé commença à prendre de l'ampleur en gonflant comme un ballon, et une Gracidée éclos au sommet du plat pour indiquer qu'il était prêt à être dégusté.


Le garçon souhaita un bon appétit aux demoiselles, et prit congé d'elle ; laissant Flo une fois de plus sur le derrière, et ça se voyait à son regard.


« Je rêve, où il y'a une fleur qui a éclos au sommet de ce soufflé ?! »

« Ne t'inquiète pas, ce n'est pas une vraie Gracidée. Par contre elle est tout ce qu'il y'a de plus comestible, et de bon d'ailleurs. » Elle commença à attaquer ce dernier pour souligner ses dires. « Bon appétit ! »

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La championne retourna son attention vers la salade, SA salade, et fut à nouveau hypnotisée par cette dernière ; la narguant de venir la manger en cueillant ne serait-ce qu'une seule de ses pétales, brisant ainsi toute l'harmonie du plat.

Seulement la championne est du genre à ne pas aimer qu'on la nargue ouvertement sans répliquer, et saisit –avec toute sa volonté- le pétale le plus « caché » dans ce buisson, de couleur mauve très clair, à la limite du gris. Elle contempla ce dernier pendant quelques secondes, presque comme si ce dernier la suppliait paradoxalement de le manger et de l'épargner, puis elle le mit en bou… Oh seigneur…

L'expérience… Non, est-il seulement possible d'appeler çà une expérience ? Un être humain est-il vraiment possible d'appréhender un tel goût ? Est-ce une illusion qui parcourt sa bouche, et danse sur son palais ? Elle ne saurait le dire… Seulement qu'elle ne pouvait plus du tout penser à autre chose que ce qui se trouvait sur sa langue.

Le pétale, d'une douceur comme le velours, s'était paresseusement lové sur sa langue, épousant à la perfection sa forme, alors que son goût se répandait avec la douceur d'une brise dans le moindre millimètre carré de sa bouche. Il n'y avait pas besoin de mâcher, la seule présence de la salive était suffisante pour en expérimenter toutes les facettes et tous ses secrets au repos, sans effort. De toute manière ce n'était pas comme si elle avait la force de mâcher.

Elle prit d'ailleurs un instant à penser à ce que Cynthia avait pu ressentir avec le « tastestick » de Luna dans le vieux château, et le souvenir de l'ex maitresse toujours dans le coma brisa cet instant de contemplation gustative. Elle sentie le pétale commencer à se dissoudre sur sa langue et en profita pour l'avaler, le laissant glisser d'une traite dans son go… Sier… Hallucinant –pensa-t-elle- même une fois passé dans le gosier le goût remontait dans son œsophage pour se répandre dans son nez, l'enivrant d'une odeur sauvage de lavande et de brise marine…

La dégustation de ce pétale ne lui prit que quelques secondes, mais c'était comme si une heure toute entière était passée pour elle. La sensation était si forte, si claire, si limpide et légère, tout en étant si imposante et dominante… Elle tourna son attention à nouveau vers le plat, et se rendit compte qu'elle n'était même pas arrivée à l'orée d'où cette brise allait l'emporter… Il en restait tellement… Le moment où elle finirait ce plat paraissait à la fois si long, si loin, et pourtant si proche…

Elle cessa de réfléchir et d'hésiter à continuer son repas, sa voisine ne se privant pas de déguster lentement et méticuleusement cet extraordinaire soufflé. Elle se rappela juste que Lovis lui avait vaguement conseillé de se reposer. Elle prit un nouveau pétale… Et ne pensait déjà même plus à la phrase du champion.


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Lundi 12 Avril. 20 heures 40minutes.


La nuit était déjà tombée depuis quelques temps, et les lumières de la ville s'étaient allumés en cette prévision bien avant encore, mais les deux jeunes femmes qui reprenaient la direction de la maison de la maitresse des baies en avaient… Comment dire… Rien à foutre ?

La championne, Florianne Serpin de son nom, était limite aussi énergique qu'un Ramoloss narcoleptique. Et même si sa comparse n'était pas dans le même état « stone », c'était pas loin non plus. D'ailleurs, à l'approche de la maison de la maitresse des baies, Florianne déclara –sur le ton du mec bourré à pas d'heure qui s'est prit une bonne cuite-.


« Plus jamais… Promet-le moi… Plus jamais je toucherais à ce plat… Putain, je suis encore plus raide qu'un Parecool… » Et sa camarade rentrait plutôt difficilement ses clés dans la fente de la porte.

« Je vais te verser un jus de baie, ça va te réveiller… Faut juste que j'arrive à ouvrir ma porte… Voilà… » Puis elle sentit la main de Flo qui se posa sur son épaule.

« Je suis sûr qu'il a mit un truc pas cathodique dans sa dope… »

« Pas « catholique » tu veux dire. « Cathodique » c'est un modèle d'écran informatique… Et puis traiter son plat de « dope » ; tu ne serais pas en train de me faire un cinéma ? »

« Peut-être… J'crois pas… Je sais plus… Où est ce jus de baie ? » Fit-elle avec la volonté qui lui restait.

« Au premier, je vais le chercher. Pendant ce temps installe-toi dans un des canapés du rez-de-chaussée, je reviens dans 5 minutes. »


La championne acquiesça l'air un peu endormi, et son amie l'aida à s'assoir dans le canapé du milieu, juste en face de l'écran, pendant qu'elle remontait les escaliers à la recherche du précieux nectar.

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La championne en profita pour s'attarder sur la pièce, malgré son état un peu « inattentif », et une chose l'interpella : une sorte de boite collée au mur où était écrit « boite au lettre ».

Curieuse comme un vieux chat, elle profita de l'absence de Luna pour se lever, aller en direction de la boite en question, l'ouvrir et… Se faire emporter par un vague d'enveloppes dans un cri de surprise.


« Flo, ça va ?! » Fit la jeune femme au premier en ayant entendu le cri.

« J'ai juste subit une attaque surf de la part de ta boite au lettre, rien de grave ! » Répondit-elle sur le ton de l'humour.


La jeune femme descendit avec deux verres sur un plateau, mais prit l'ascenseur pour cela, surprenant ainsi Flo qui la vit lentement descendre par un endroit d'où elle ne l'attendait pas du tout.


« Tu m'avais pas parlée de çà ?! »

« Désolée, j'ai oubliée. » Puis elle s'approcha en lui tendant l'un des deux verres, et émit un bref soupir en voyant la « mare » de lettres sortant de la boite.

« Je ne savais pas qu'il était possible pour une boite de contenir tant de lettre. » Commença la championne sur le ton du sarcasme modéré.
« Ou peut-être, au vu de l'attaque surf, que c'est une nouvelle espèce de pokémon ? Il faudrait prévenir le professeur Sorbier. L'avertir d'une découverte sans précédent dans l'histoire de l'évolution… » Termina-t-elle en buvant son jus de fruit.

« Haaaaa… » Soupira la jeune femme en voyant toutes ces lettres. « Dire qu'avant de partir elle était vide. »


La championne sentit le jus de fruit se bloquer dans sa gorge, et réprima l'envie de le recracher dans l'autre sens sur le coup de la surprise. Elle l'avala difficilement, et toussa pour se débarrasser de l'impression désagréable qui lui grattait la gorge.


« *Kof* Tu plaisantes ?! Y'a facilement plus d'une centaine de lettre dans ce foutoir ! Comment ça pourrait s'être remplit à ce point en 3 jours ?! »


Puis elle replaça le verre vide sur le plateau, prit une des enveloppes, déchira l'ouverture –même si ça se faisait pas de lire le courrier des autres-, et commença à lire à haute voix.


« « Chère Mlle Luna. L'Hôtel des 5 Jacques de l'ile Citrus, dans les iles orange, vous offre un séjour gratuit de 3 jours dans nôtre suite royale avec la personne de vôtre choix. Il serait un honneur pour nous de vous accueillir et de vous offrir le meilleur du séjour dans l'archipel Orange. Cordialement, signé : Luana Jade, directrice de l'Hôtel des 5 Jacques et championne d'arène de la ligue Orange ?! » » Elle marqua une pause.
« Mais c'est un Hôtel 5 étoiles nom de dieu ! Et c'est quoi le reste ?! » Elle prit une autre enveloppe au pif.
« « Chère Mlle Luna. L'académie d'Atalanopolis serait honorée et fière de vous nommer comme membre honorifique de nôtre établissement, au travers d'une cérémonie et d'une attestation officielle reconnue par le ministère de l'éducation et des sciences. Nous prions humblement et sincèrement de bien vouloir donner suite à cette invitation dans les plus brefs délais, à partir du moment où vous lirez ces lignes. Tous mes respects et hommages. Cordialement, signé : Rodolphe Allistar, directeur de l'académie d'Atalanopolis ?! » » Elle marqua une nouvelle pause.
« Mais par les boules de noël d'un Blizzaroi, c'est quoi ce délire ?! »


Elle n'attendait pas une éventuelle réponse de la jeune femme qu'elle plongea littéralement ses mains dans le tas pour en tirer un max de lettres, et de décider de juste survoler les cachets posés dessus… Comment ça des cachets ?!


« Invitation de la part de l'école des rangers d'Almia à la ville de Véterville, dans le cadre d'une visite de l'école des rangers et de ses infrastructures sur l'ile. Cachet officiel des Rangers et du professeur Pressand ?! Invitation de la part de la Sylphe Sarl au QG de la société à Lavanville ?! Invitation de la part DE LA LIGUE DE KANTO ?!!? » Elle manqua s'essouffler à l'exclamation de ce dernier passage.


Et elle passa sur tout le reste, survolant avec la même vélocité et étonnement le moindre cachet sur la moindre enveloppe, et finit par se tourner vers Luna, l'air complètement perdu.


« Toi et moi, on a pas la même qualité de prospectus dans nos boîtes aux lettres… »

La remarque fit rire la jeune femme, mais qui retomba presque aussitôt dans une attitude dépitée.

« J'ai beau dire au facteur de ne pas déposer de prospectus dans ma boite, il me répond qu'il y peut rien vu que ce ne sont pas des prospectus. Il dit aussi que si son boulot ne lui rapportait pas d'argent, il ne se serait pas privé de cramer toutes ces foutues lettres –je le cite- parce qu'il en a plein le… Enfin, il en a marre de se trimballer avec plusieurs kilos de lettres dans ma boite aux lettres chaque semaine, vu que j'arrive en fin de course pour lui… »

« Et je le comprends sérieusement ! M'enfin tu ne peux pas tous leur dire NON une bonne fois pour toute ?! T'aurais plus une seule de ces foutues choses dans ta boite aux lettres ! »

« J'apprécie honnêtement ta sincérité et ton franc parlé, Flo… Mais envoyer balader les gens n'est déjà pas dans mes habitudes, alors des invitations venant de la ligue encore moins… »


La championne ne put contredire l'experte en baie sur ce point. Refuser une invitation de la ligue de Kanto, c'était politiquement, culturellement et logiquement très difficile. Surtout quand on sait que les personnes ayant reçues ce genre d'invitation se compte à la limite sur les doigts de la main… Autant retenter de tirer Lisa hors d'un magasin de musique, c'est beaucoup plus facile.

A la place la championne soupira un bon coup, avant d'enchainer avec un bâillement qui reprit là où le soupir s'était arrêté. Un sacré bâillement même. Elle se sentait d'un coup bien fatiguée, et Luna le comprit rapidement.


« Voyage + salade + Florianne = pionce en vue. » Plaisanta-t-elle.

« J'te permet pas d'abord… » Elle commençait à somnoler, avant de rassembler toute sa volonté restante dans un ultime effort pour rester éveillée.
« Ouah… Faut pas que j'm'endorme ici… Et pas toute habillée… J'aime pas çà… »

« On prend l'ascenseur, je t'amène dans la chambre d'ami. » Alors qu'elle lui indiquait le chemin en se prenant l'épaule mutuellement.

« Ah merde… Je savais que j'avais oubliée quelque chose… »

« Quoi donc ? »

« Des vêtements de rechange… »

« Et bien voilà l'occasion idéale pour te rendre la pareille. » Lui fit-elle d'un sourire.

« Et mince, t'as la rancune tenace… »

« Je sais, mais la vengeance est un plat qui se mange froid… Ou chaud… Ou tiède… Je sais plus… » Dit-elle hésitante en bâillant.

« Ah ? Se pourrait-il que j'ai les compétences d'un pokémon et de l'attaque bâillement ? » Alors qu'elles montaient dans l'ascenseur.

« Oh pitié… Arrête de réfléchir aussi loin… Ca me fatigue… » Lui répondit-elle a l'entrée de la chambre, la championne la lâchant automatiquement.

« Je crois être encore suffisamment grande pour me déshabiller toute seule… Tu permets ? »

« Y'a un pyjama dans la penderie, à ta gauche… Et met tes affaires dans ce bac, je les laverais demain. » La championne passa de la penderie au bac avec la vélocité d'un Archeodong.

« Une penderie d'ami ? T'en a de ces idées, j'te jure… » Alors qu'elle bâillait de plus belle en commençant à enlever ses survêtements.

« Y'a deux toilettes au fait : une en bas et une autre à cet étage, dans la salle de bain. » Puis elle commença à monter dans sa chambre.

« Merci… Deux toilettes ne sont pas de trop, au cas où je me perdrais ici… » Dans une dernière tentative de défi humoristique.

« C'est pour çà que j'en ai demandée deux. » Lui répondit-elle depuis l'étage, la voix faisant un bref écho dans l'escalier et faisant sourire la championne.


Cette dernière posa ses balls sur la petite commode à ses côtés, ainsi que sa montre et le reste, se leva pour se diriger vers la penderie… Prendre le pyjama, et être trop crevée pour être étonnée par sa taille ridiculement grande, se changea avec les dernières forces qui lui restaient, et s'écraser mollement sur le lit d'ami… Elle n'avait même plus la force de lever les draps pour se glisser dessous.

La dernière chose à laquelle elle pensa avant de sombrer dans le sommeil, fut d'être légèrement surprise de constater… A quel point… Elle était… Fatiguée…


La maitresse des baies revint quelques minutes plus tard dans la chambre d'ami, constatant que la championne dormait profondément dans une position pas vraiment adaptée pour le sommeil. Elle la souleva légèrement pour la mettre sous les draps de façon délicate, faisant bien attention de ne pas la réveiller « devant les pokéball », esquissa un sourire calculé dont elle était la seule à être au courant de sa nature factice, et repartit vers le second étage… Pour disparaitre juste devant sa chambre, comme par magie.


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Un peu plus de trois jours, voilà le temps durant lequel la Faucheuse ne s'était pas manifestée dans le milieu de l'underworld. Mais ce n'était pas un problème, dans le sens où il lui fallait parfois plusieurs jours pour exécuter un contrat. Le seul véritable problème était que, dans la majorité de ses contrats, Cynthia Luna n'était jamais loin d'une personne victime de la Faucheuse, même si elle avait aussi des alibis en bêton pour une bonne partie d'entre eux. Ne jamais négliger la moindre chance, le moindre pourcentage de risque de se faire pincer.

Et là… L'occasion était… Parfaite. Elle était sûre et certains que son indic aurait un contrat pour elle, et que si elle le remplissait pendant que Flo était justement chez elle : c'était le jackpot.

Mais il ne faut pas que ce soit quelque chose de trop facile, le genre de chose que même un débutant dans le métier (euphémisme) pourrait réussir. Mais pas non plus à la limite de mission impossible, qui lui demanderait plusieurs jours ne serait-ce que pour collecter des informations et repérer le terrain.

Il lui fallait le juste milieu : un contrat avec une certaine dose de difficulté et théoriquement impossible d'accès en un minimum de temps depuis son repère, mais avec une certaine facilité d'accès et des conditions optimales.

En temps normal elle passait par toutes ses procédures de rencontre, mais des fois elle faisait des exceptions. Laissant ainsi dans le gaz les personnes qui tenterait de quantifier son raisonnement apparemment aléatoire et capricieux.

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Elle alluma son ordinateur après avoir passée avec succès tous les protocoles de sécurité, et se connecta directement pour contacter son indic ; qui répondit cette fois au bout de la troisième intonation.


« Oui Faucheuse ? »

« Contrat. » Ce n'était pas une question.

« Et bien j'ai quelque chose de très particulier pour vous… C'est arrivé récemment, depuis hier en fait. »


La fenêtre s'afficha comme d'habitude pour l'autorisation de réception des données, et se ferma plus rapidement qu'elle n'apparut comme à son habitude, toujours sans avoir détecté aucun problème. Le fichier s'ouvrit automatiquement, tandis qu'elle analysait déjà en détail les informations. Son indic, comme à son habitude, les résuma à voix haute.


« Cible : Jack Bauer. Âge :31 ans. Taille : 1 mètre 76 centimètres. Poids : 67 kilos. Profession : courtier en assurance… » Il pouffa de rire à ce passage.
« Je sais que je suis pas payé pour donner mon avis ou faire dans le sarcasme, m'enfin là c'est sans doute la couverture la plus naze de toute l'histoire de la profession d'agent secret bidon… » Finit-il en rigolant.


= Effectivement je ne le payais pas pour se réflexions et ces sarcasmes, dont je n'avais que faire, mais je ne pouvais aucunement ne pas le rejoindre dans sa réflexion sur ce coup-ci ; c'était belle et bien la couverture la plus nulle qu'il m'est jamais été donnée de voir dans un contrat. Mais c'est surtout les conditions qui étaient curieuses. Et sa photo me fit évidemment réagir avant tout le reste : type totalement banal, si on omet la coupe au bol d'un vert douteux de la team galaxie.

Je fis immédiatement le rapprochement avec ce qu'avait acceptée de me dire Florianne : le saboteur de Verchamps, actuellement retenu dans le compartiment de détention du poste de police de la ville. Même si je lisais les conditions, je devais le sommer de finir ce qu'il avait commencé pour parfaire le tout.=


« Conditions. » Tonnait-elle d'un ton neutre.

« Oui. » Il reprit son calme. « Les conditions sont tout ce qu'il y'a de plus particulier, comme vous pouvez le voir : conditions d'élimination libre ; mais il faut que ça ne passe pas pour un suicide, ni un accident, ni un exemple, ou un message : juste un meurtre. » Il marqua une pause au vu de ces conditions plus que particulière, et se tourna vers la vidéo.
« Faucheuse, je sais bien que mon avis n'a aucune valeur ou poids pour vous-«

« Abrège. »

« Pardon. Je pense vraiment que c'est une invitation spécialement prévue pour vous, et ça pue le traquenard selon moi. »

« Continue. » Même si elle connaissait déjà les réponses.

« Un meurtre qui ne se réclame de rien d'autre qu'un meurtre dans un contrat pour tueur à gage ? Je n'ai encore jamais vu cela. Et, à juste titre, vous êtes la seule personne que je connaisse capable de remplir ces conditions. De plus je me suis renseigné, et il semblerait que ce « Jack » s'est fait arrêter justement hier, et est retenu dans le poste de police de Verchamps. Hors la proposition de contrat est presque immédiatement apparut quand l'information s'est confirmée… »

« Je vois… Prime ? »

« Et c'est justement le dernier point qui me fait douter sur ce contrat : 500.000 pokédollars. Pas suffisamment astronomique pour attirer l'attention, mais pas suffisamment bas pour ne pas qu'on le remarque… Honnêtement, ce contrat pue le piège à des kilomètres. »

« Dans ce cas, j'ai une question pour toi. »


L'indic se retourna de stupeur vers l'écran. C'était la première fois que la Faucheuse s'adressait directement à lui autrement que dans un sens : elle posait des questions, et il y répondait. Ce changement le troubla profondément, et ça se lisait sur son visage. Mais il se reprit très rapidement, sachant que trop bien que la faucheuse n'aimait pas attendre, et qu'il semblait en meilleurs termes que jamais avec lui/elle ; il ne fallait absolument pas faire tout capoter.


« Je vous écoute. » Dit-il fébrilement.

« Penses-tu vraiment que quelqu'un tenterait de me piéger ? »


La question faisait clairement office de piège, et l'indic savait qu'il n'avait aucune chance d'y trouver une parade en si peu de temps avant que la faucheuse ne perde patience. Alors, même si c'est un tabou dans le métier, il choisit la solution à laquelle elle s'attendait : l'honnêteté.


« Il y'en a qui dépenserait des fortunes ne serait-ce que pour connaitre ce que vous prenez au petit déjeuner, et d'autres qui fulminent de frustration de savoir que vous êtes en même temps la personne qui détient le plus d'information sur le milieu de l'underworld –avec « la mouche »- dont des données hyper sensibles d'après ce que j'ai comprit, capable de déclencher de véritables guerres si elles se révélaient publiques… Alors oui, je pense que quelqu'un veut vous piégez. »

« Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir fourni tes informations ? »


Nouvelle question piège, mais celle-ci était nettement plus visible que la dernière –qu'il croyait- mais là encore il ne trouva pas mieux que l'honnêteté pour répondre, l'air pensif.


« D'ici quelques années, à ce train là, je pourrais me caser dans une petite île des archipels Orange, tranquillement dans un villa de rêve, un décor paradisiaque, riche et entouré de nana super canon qui me masseront les pieds, et d'autres trucs plus inavouables, pendant qu'on admirera le coucher de soleil depuis la vue imprenable dans mon jacuzzi… Jusqu'à la fin de ma vie. » Il reprit un petit peu sa respiration et sa concentration, et reposa son regard sur l'écran.
« Si je balançais les infos que j'ai sur vous, ce qui est à dire déjà pas grand-chose, déjà de 1 : je me mets la meilleure tueuse à gage de l'histoire sur le dos. Et de 2 : je ne suis peut-être pas un génie de plus de 200 de QI, mais même moi je sais que les personnes à qui je refilerais ces infos me buteront pour être sûr de ne laisser aucun témoin. Et puis qu'est-ce que ça me rapporterait ? J'ai une combine qui marche du feu de dieu et me rapporte des couilles en or, et le risque est inexistant à partir du moment où je ferme ma mouille et que je te relais les infos sans poser de question. Je suis peut-être un crétin finit, mais pas suffisamment pour tuer la poule aux œufs d'or… »

Il déglutit avec une certaine difficulté en se rendant compte de ce qu'il avait dit à la fin, s'étant laissé emporter par son élan.

« Je- je ne voulais pas être insultant, pardonnez-moi ! »


= Il paniquait et ça se voyait facilement. Je ne lui répondais pas parce que c'est exactement comme cela qu'il me servira au mieux : une épée de Damoclès au dessus de la tête en guise d'assurance et de guillotine. Mon silence faisait peser une lourde tension sur ses épaules, accroissant d'avantage cet effet oppressant.

Et si je le manipulais ainsi, c'était justement parce qu'il était le meilleur indic qui soit : dans le milieu de l'underworld, deux choses sont à proscrire : l'honnêteté, et le réalisme.=

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= L'honnêteté c'est évident, le réalisme l'est tout autrement. Quand un mafieux se pointe chez vous pour vous racketter plus d'argent que vous en possédez, il sait parfaitement que vous n'avez pas les moyens, car ce n'est qu'une couverture de prétexte pour la véritable intention cachée derrière : imposer la peur et un contrôle. Dire à un boss de la mafia « ce n'est pas possible de racketter cette famille, elle n'a plus rien » équivaut à un suicide dans la teneur de ses propos. L'underworld n'a rien à faire de la réalité, exactement comme les religieux ; ça n'est qu'un prétexte pour imposer le contrôle, ni plus ni moins.

Et cet indic est un Magikarpe dans un banc de Sharpedo, car il bafoue ces mêmes principes. Sauf qu'il est mon indic, l'indic de la faucheuse, et qu'il sait que toute sa vie repose sur moi de part ce réalisme. Et il n'est, exactement comme il l'a dit, pas assez fou pour oser s'opposer à moi avec des sentiments gênants comme l'ambition ou l'égocentrisme. Il est doué dans son domaine, rentable et intégralement soumis à ma volonté, me craignant plus que le reste du monde. Et ses arguments sont tout ce qu'il y'a de plus convainquant : du fric à la pelle dénué de taxe, des risques minimum, et il doit juste fermer sa gueule ; et il est suffisamment réaliste pour savoir qu'il peut crever à tout instant, et qu'il est trempé jusqu'au-delà de toute rédemption dans des affaires de classe mondiales.

En clair : il s'est engagé sur la voie de la damnation de son plein gré, et compte assumer ce choix jusqu'au bout. Et est doué du minimum de perspicacité pour ne pas être une gêne en temps que petit génie, ou que de gros boulet.

C'est l'indic parfait.=

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« Dans ce monde, ceux qui ne sont pas réaliste se font toujours bouffer de la pire manière par la réalité. » Commençait-elle d'un ton neutre.
« Et quoiqu'il arrive : tout le monde meurt. La seule différence est de savoir ET de choisir « comment ». »

Elle marqua une pause délibérée en attendant la réaction de son indic, et ce dernier fit preuve de l'exacte perspicacité à laquelle elle s'attendait.

« On m'a élevé dans l'idée que celui qui réussit est toujours le mec bourré de tune et pleins au as, entouré de super nana qui obéissent au moindre de ses désirs, même s'il a plus de 80 ans et qu'il ne se sert plus de son jouet avec le même tonus qu'avant. Et on m'a dit qu'il n'existe que trois type de personne qui peuvent en arriver là : le bosseur qui se défonce la santé, le mafieux qui tient tous ses potentiels ennemis par les couilles, et le connard de chanceux qui gagne à la loterie ; et dans les trois cas ils ont toujours des ennemis qui viendront leur chercher des noises. » Il prit une profonde inspiration.
« Alors moi je veux mourir en tant que quatrième variante : le mec plein au As sortant de nulle part, caché et casé dans un coin paumé avec des canons, qui ne fait chier personne et personne ne le fait chier jusqu'à la fin de ses jours. »

« Qu'es-tu prêt à faire pour çà ? »

« Fermer ma gueule et vous obéir. » Sa réponse avait été directe, franche et dénuée du moindre doute.

« Je saurais m'en souvenir… » Puis elle retourna au sujet principal de la conversation.
« Concernant ces conditions : un meurtre que ne se réclame de rien d'autre qu'un meurtre est logique dans l'optique du point de vue publique, car personne ne voit le lien en dessous ; mais un meurtre qui ne se réclame de rien d'autre qu'un meurtre, sur une cible aussi particulière, dans un centre de police, donc logiquement immédiatement étouffé par ces derniers si le tueur venait à réussir : ça n'a pas de sens. » Récitait-elle à haute de voix de façon machinale.

« Exactement ! » Reprenait-il. « En plus ça se repère à des lieux que ce gars est louche : il possède la coupe de cheveux de la team galaxie, son nom de code est aussi crédible que je suis la Faucheuse (joli exemple) et l'endroit où la condition veut qu'il meurt est dans sa cellule, comme un « simple » humain ?! Ce plan pue la défaite depuis la Lune ! »

« C'est exactement pour cela que j'accepte. »


Elle l'avait largué immédiatement. Il ne comprenait plus rien à rien et tenta même d'émettre un avis pour comprendre, mais se ravisa immédiatement sans que la Faucheuse n'eut à dire quoique ce soit ; il avait parfaitement retenu leur récente discussion et il ne lui appartenait pas de discuter ses décisions, seulement d'obéir.

Satisfaite par l'obédience de son indic, la Faucheuse commença à réfléchir à un moyen de prendre les auteurs de ce contrat par défaut. Leurs méthodes étaient bourrées de failles, mais des failles identiques au siennes : des failles piégées et bardées de lames acérées prêtent à éviscérer le fou qui croyait là tenir une occasion de l'avoir. Ses potentiels employeurs n'étaient pas les bouffons pour lesquels ils voulaient se faire passer, et ils jouaient sur les apparences et le mensonge comme elle… Maintenant, une seule question se posait :

Qui se montrerait plus fourbe que l'autre.


[A suivre]