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Smirnoff, 2ème recueil de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 30/09/2008 à 16:11
» Dernière mise à jour le 11/06/2009 à 06:43

» Mots-clés :   Humour   Johto   Romance   Sinnoh

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070 - Derrière les murs
« Le hasard, c'est peut-être le pseudonyme de Dieu quand il ne veut pas signer »
(Théophile Gauthier)

Ce matin là, les membres de l'administration de la faculté de Doublonville se réveillèrent avec une étrange sensation. Jonathan Ludges commençait à appréhender de se lever, car la seule idée de rejoindre Estelle commençait à lui peser moralement, par rapport aux sentiments qu'il commençait à éprouver pour la jeune femme, qui lui semblaient mauvais, car la pensée de sa femme et de sa fille, malgré les années, était toujours aussi présente et il ne pouvait pas se le cacher, il commençait à apprécier Estelle. Cette sensation de tromper la famille regrettée lui était proprement insupportable.
Linus était extrêmement tendu. Sa femme avait beau le masser, son fils avait beau être tout joyeux ce matin en allant à l'école, rien n'y faisait. Il savait qu'une tête tomberait bientôt, et qu'il devrait en assumer les conséquences, parce que celui qui serait licencié serait forcément quelqu'un de proche de lui. Il commençait petit à petit à entrevoir les limites de sa vie, de son pouvoir, de son caractère. S'il commençait à retrouver un semblant d'équilibre dans son mariage, il sentait qu'au niveau du travail ce ne serait peut-être bientôt plus si idyllique.
Norbert et Eddy se levèrent avec le secret à garder et la conscience, à terme, de devenir un poids pour l'administration, du fait de leur « statut » de couple. Norbert savait jusqu'ou le chantage dont il était la victime pouvait le mener. Eddy sentait que leur situation devenait de plus en plus difficile avec toutes ces choses à ne pas dire, mais pour Norbert, il tiendrait. De même Norbert sentait que la dernière chose un peu stable dans sa vie, outre ses Pokémon, c'était sa relation avec l'intendant. Il fallait qu'il essaie de préserver tout ça. Au moins pour garder la raison, le reste irait de lui-même.
Estelle se réveilla avec la ferme intention de mettre au clair ce que Jonathan ressentait pour elle. De même, elle avait un peu peur d'être licenciée. C'était déjà assez dur moralement pour elle d'être hébergée par son petit frère, alors si en plus elle devait redevenir un boulet sans emploi, la situation deviendrait quelque peu humiliante. Et surtout, elle sentait que son frère n'allait pas vraiment mieux, mais plutôt qu'il stagnait. De même, elle savait qu'une relation éventuelle avec Jonathan lui attirerait les foudres de son frère, tant à cause de la rupture qu'il avait personnellement connue que du fait même du personnage de Jonathan en lui-même.
Vous l'aurez compris, une seule personne arriva au bureau ce matin-là en sifflotant et en dansant.

Ce matin là, les quatre étudiants observaient Smirnoff qui parlait avec ses Pokémon sur le terrain.
-Conseil de guerre ou thérapie familiale ?! s'étonna Andrew.
-Ils ont l'air préoccupés… s'étonna Jules.
-Monsieur Smirnoff et ses Pokémon discutent, je ne vois pas ce qu'il y a d'étonnant quand on connait un peu le type ! sourit Penny.
-T'es joyeuse toi ce matin… s'étonna Sadia. D'habitude t'es à la limite de chialer dans ton coin…
-Je suis de bonne humeur c'est tout…
Les trois autres la regardèrent.
-Quoi ?! Vous pensiez que j'étais dépressive ?! Je suis peut-être…
Elle haussa les épaules.
-Simplement de bonne humeur, et vous, vous êtes très indiscrets !
Andrew, Jules et Sadia hochèrent la tête, pas convaincus. Etienne se dirigea vers eux.
-Bon. Aujourd'hui on fait une sortie.
-Vos Pokémon veulent des glaces ? demanda Andrew.
-… J'emmène les autres au Souterrain et vous je vous dépose dans une Backroom !
-Quoi ?!!
-Le souterrain ? Mais…
-On va participer à ce qu'on appelle un tournoi clandestin. Pendant mes cinq années ici, une de mes virées nocturnes s'est achevée par la découverte de cet endroit et de ces gens. J'ai pensé que ça vous ferait du bien, vu la sècheresse casuelle du jour, de partir en virée dangereuse.
Sadia frissonna.
-J'espère qu'on ne va pas se faire… tripoter ou agresser…
-Rassurez-vous, ces gens sont parfois ignobles, mais de tout Johto, ce Souterrain est la Mecque des combats. J'en ai juste parlé avec mes Pokémon parce que dans cet endroit je ne peux pas vous garantir la totale protection. Ils vont donc rester à nos côtés durant le trajet en contrebas. Erwan restera avec moi. Jules, vous ferez équipe avec Simon, mon Foretress qui a la vie dont vous rêvez, engoncé dans une coquille…
-Super…
-Sadia, je vous laisse avec Debra, ma prévenante Flagadoss.
-Tant mieux elle est gentille…
-Et côté Cuisses, elle assure autant que vous !
-Pardon ?!
-Andrew je vous laisse avec mon cher Timothy qui n'hésitera pas à vous encorner si vous faites un geste de travers.
-Qu'il essaie… grommela l'arrogant brun.
-Et Penny, voici Estelle, mon Seviper, qui sera une compagne de choix dans ces souterrains effrayants !
Le Pokémon serpent fixa la jeune femme, embarrassée.
-Prenez une petite laine, fait froid là-dessous.

Le groupe descendit donc dans le métro de Doublonville, qui partait un peu partout dans Johto.
-On va encore plus bas. Il faut juste que je retrouve la porte secrète.
Les gens allaient au travail, nonchalants sur ce quai frigorifié. Etienne appuya sur un carreau de carrelage blanc sur le mur du souterrain de métro.
-Derrière ces murs, toute une société…
Une porte dérobée s'ouvrit derrière eux.
-Dépêchez-vous, elle ne reste ouverte que quinze secondes !
Le groupe se précipita derrière la porte. Etienne alluma un luminaire et ils descendirent des marches. L'endroit était sombre et chaque pas résonnait.
-Ici, les codes sont abolis, chacun combat avec son style. Vous n'êtes acceptés que si vous êtes à part dans votre style de combat.
-En quoi l'êtes-vous ?! s'étonna Andrew.
-Moi ? Vous comprendrez plus tard si un jour vous me voyez me battre vraiment sérieusement.
-Ah ? Bon…
Ils arrivèrent dans ce qui ressemblait tout à fait à un vieil entrepôt.
-Ils devraient être là…
Des halogènes s'allumèrent. Les quatre étudiants baissèrent la tête ou se couvrirent les yeux. Un homme avec chapeau melon et canne de bois arriva, la démarche pantelante.
-Oh-Ho…. Mais qui revoili-revoilou avec sa dégaine demi-Dieu, demi-loup ?
-Il adore les rimes à la con et Ned Flanders ! avertit Smirnoff.
L'homme arriva dans la lumière. Des yeux de fou, une dégaine de jeunot, un pull blanc accompagné d'un baggy grisâtre. 30-35 ans au bas mot. Légère barbe.
-Smirnoff le fou… Tu reviens au Club Diogène ? C'est la surprise la plus toni-truculente dont j'ai entendu parler depuis, pfou… Quelques semaines !
-Mes chers étudiants, laissez-moi vous présenter Allan Personne, chef officieux du club Diogène.
-Diogène ? En hommage au… philosophe ? s'étonna Jules.
-Diogène de Sinope, tout à fait, mon grand. Mais ils sont drôlement choux tes minots. Tu nous ramènes de la chair fraiche pour des combats controversés contre nous ?
-En quelque sorte, si tu entends bien ce que j'entends… Et si tu n'es pas encore sous morphine liquide !
-Je préfère l'oxycodone diluée maintenant, c'est plus pratique.
Sadia regarda Smirnoff.
-Vous nous avez emmené voir un drogué ?!!
-Allan a été brûlé au troisième degré à la hanche, d'où sa canne. Il est devenu accro aux antidouleurs pendant sa période de rémission. Cela ne l'a pas empêché de devenir trois fois champion de la ligue Pokémon et d'être un cas stratégique à part comme preuve qu'un… drogué pouvait gagner des matches et même faire preuve d'esprit tactique.
-C'est un cas ?! s'étonna Jules.
Une foule de gens bizarres approcha, à l'effroi des quatre étudiants.
-Nous sommes tous des cas. Si nous nous appelons Diogène, c'est pour 3 raisons : Nous sommes comme lui, nous ne demandons que le soleil quand Alexandre le Grand vient nous demander ce que nous désirons. Nous n'avons pas la convoitise de la victoire. Ensuite, nous sommes tous ici pour nous battre et découvrir chaque jour de quoi intérieurement nous sommes capables en comparaison de ce que nous dégageons à la surface. Enfin, nous gênons, et Diogène est l'homophone de « Dis, on gêne » !
-La dernière raison est… ridicule ! soupira Andrew.
Tout le monde ricana.
-Ils sont mignons, ils frissonnent de tous leurs membres… Tu as ramené cette poulette dont tu nous parlais tant ? demanda Allan à Smirnoff.
Etienne soupira.
-J'ai… perdu ce trésor là, il n'y a pas longtemps.
Tout le monde sembla désolé. Allan baissa la tête.
-Sorry pour toi, Etienne. Mais je parie que tu l'as bien cherché.
Etienne lança un regard noir à Allan qui le regardait intensément.
-C'est faux…
-Tu as toujours ce que tu veux. Jamais ce qui te déplait.
-Tu dis sans savoir. Tu n'es pas objectif.
-Au fond, ta situation te plait. Je suppose.
Etienne soupira.
-C'est ça, le pire, n'est-ce pas ? Le bonheur d'être enfin seul, libéré de toute contrainte et de la convention d'être humain. Ce que tu cherches depuis toujours au fond de toi.
Les quatre regardaient Smirnoff, la tête basse, triste.
-Mouais. Je suis surtout venu pour que mes quatre avortons défient le club en guise d'entrainement.
-Hey, vous avez entendu ça, friendies friandises ? Smirnoff le fou veut se servir de nous comme de tapis de yoga pour ses Chipmunks !
Ricanements. Allan sortit une Pokéball et la pose sous son pied. Il tapa dessus et se retrouva sur un Coudlangue.
-Pourtant, Le Fou devrait savoir que les Insensés luttent avec la rage du diable !
Etienne sourit.
-Tu veux bien ?
-C'est bien parce que c'est toi, boy. Propose un pion, j'avancerais mon fou.
-Euuuh… Jules, vous commencez.
-MOI ?! Mais non… Ces types sont flippants comme la mort !
Ricanements à nouveau. Allan sourit alors que Coudlangue reculait dans la foule.
-Monsieur… S'il vous plait !!
-T'inquiète… Ils sont cools. Ici c'est juste la Mecque des combats. Tu ne vois pas que Sadia ne sait plus vers quoi se tourner ?
Sadia soupira.
-Vieil abruti…
-C'est beau, l'amour ! soupira cyniquement Etienne.
Etienne, ses Pokémon et les trois autres reculèrent, laissant Jules seul face à la foule. Tous les autres s'écartèrent, laissant le passage à un vieillard dansant avec un harmonica. Le silence se fit, laissant place au son de l'instrument.

-Et la meilleure note revient à Jules !
Gros silence.
-Eh bien, ça mériterait quand même quelques applaudissements, non ?
Non. Personne n'applaudit les meilleures notes. Ce serait comme applaudir son dictateur. Applaudir celui qui vous aplatit, qui fait passer votre note à vous pour une note de merde.
Au contraire, si c'était possible de tuer cet enfoiré d'intello à la récré, ou du moins de lui coller une gifle ou de lui lancer un regard indifférent, cela serait fait avec plaisir. On lui dira à peine bonjour dans les jours qui suivent.
D'autres en profitent pour repérer « The personne à fréquenter » pour avoir de l'aide pour ses devoirs.
C'est beau, l'école.
-Bon…
La prof donna à Jules son 95 sur 100. Il était plutôt content de lui. Pas les autres. On s'demande bien pourquoi…

Dans la cour de récré, il s'occupait de Rhinocorne, son premier Pokémon. Beaucoup s'étonnaient qu'il ne le fasse pas évoluer.
-T'as un problème avec les Rhinoferos ?
-Non…
-Bah alors !
-C'est juste que… Je veux qu'il reste comme ça. Pour moi, l'évolution, ce n'est pas important.
En fait il s'agissait juste pour Jules de garder le plus longtemps possible ses Pokémon tels quels. Caprice de dresseur plutôt qu'autre chose. Aussi, il estimait qu'un « petit » Pokémon lui laissait un net avantage dans l'effet de surprise. Par ailleurs il avait cultivé une certaine philosophie personnelle qui résidait dans le fait que si ses Pokémon changeaient, ils changeraient aussi de façon de combattre, ce qui ne l'arrangeait pas. Lui préférait rester sur ses acquis que réapprendre de nouveaux coups à chaque fois.

Surtout qu'en rentrant chez lui, Jules devait s'occuper de ses frères jumeaux et de sa petite sœur, leurs parents travaillant jusque tard. Ses Pokémon l'aidaient quelque peu à sa tâche : Rhinocorne surveillait les petits, Obalie, Grainipiot et Fantominus l'aidaient à faire la cuisine ou à laver par terre. C'était une façon de vivre à laquelle tous s'étaient plus ou moins habitués.
-Grand frère, c'est quoi ce que tu laves ?
Jules soupira et regarda sa petite sœur.
-Mes vêtements…
-Ils sont tous déchirés.
-Je sais. « Je sais, on me les as déchirés parce que j'ai eu la meilleure note. Alors on a rien trouvé de mieux à faire qu'à me pousser, me frapper et me déchirer mes fringues... »
-Arrête de jouer après l'école ! grommela la petite sœur, excessivement sérieuse avant de s'en retourner à ses poupées.
Jules eut un faible sourire.


-Le vieux Ollie… s'étonna Smirnoff.
-Vous le connaissez ?! s'étonna Andrew.
-Je connais tout le monde ici, voyons, j'ai enregistré tous ces cas stratégiques il y a bien longtemps. A une époque je venais corriger mes copies ici, et je les observais s'affronter. J'ai enregistré plus de soixante-dix cas stratégiques pendant ces cinq ans. C'est de ce lieu que me vient ma renommée.
-Ouah… s'étonna Penny.
Jules s'avoua impressionné de combattre dans « La chapelle fondatrice » de Smirnoff. Ca lui donna du cœur à l'ouvrage.
-Quel genre de cas est le vieil Ollie ?
-Le genre « Beat-box grande gueule qui impose son style ». Un cas classé au rang des plus belles diversions jamais connues.
Ollie continuait sa danse tout en jouant de son fluteau. Jules observa le vieillard qui s'arrêta.
-Hey… Alors petit, on vient se bastonner ?
-Ouais…
-Je suis un expert en combat… Non pas simple ! Non pas double, mais….
L'homme sort trois Pokéball.
-TRIPLE !
Andrew sembla perplexe.
-Oui, Ollie a tenté d'imposer le combat triple dans les années cinquante. Il a lamentablement échoué mais… il est resté expert dans cette catégorie marginale.
-Ok… Trois contre trois… C'est ça ?
-L'est malin ! sourit Ollie, sous les rires des autres. Ne t'en fais pas, continua t-il, ils rient de moi, pas de toi ! sourit le vieillard à nouveau.
-Ouais… Phogleur, Rhinocorne, Pifeuil !!
Les trois Pokémon sortirent de leurs Pokéballs.
-Ok !
Ollie sortit un Joliflor et un Snubbull.
-Oh…
D'un vigoureux coup de bras, il envoya l'autre Pokémon au plafond. Jules leva la tête. Deux yeux rouges le fixèrent avant de partir. Le jeune homme sembla pétrifié.
-Euh…
-Alors… Tu te bats ?
Joliflor dansait tout en criant, tandis que Snubbull restait fixe et aboyait. Ollie joua alors de l'harmonica, et lors de ses interruptions, il était interrompu par un « Joli ! » suivi d'un « OUAH ! ». Ca ressemblait à de la musique folklorique expérimentale. Penny semblait danser un peu. Andrew observait, intéressé. Sadia avait peur de cet endroit.
-Fuiiiiiihiiiiii ! siffla l'harmonica.
-Joli-Flor !!
-OUAH !
-Fuihihiiii !
-Joli, Joli ! Joliflooo-hooor !
-OUAH-OUAH-OUAH !
-Vous avez jamais pensé à en faire un CD ?! tenta Jules.
-Hey petit… C'est un combat ! s'interrompit Ollie.
Un Metalosse arriva par le côté, sans crier gare. L'attaque largua l'équipe de Jules comme des moucherons. Les trois Pokémon atterrirent quatre mètres plus loin. Jules resta complètement stupéfié.
-Tu vois, quand je dis Combat 3 contre 3, ça veut dire que j'en sors deux comme ça pour faire joli, mais gaffe au troisième dans ce cas là. Ma chanson t'a distrait, mais moi j'étais toujours dans le match ! Cet harmonica me permettait de traduire ta position à Metalosse qui s'est empressé de t'attaquer une fois la résonnance des sons enregistrée et le volume de la pièce déterminé. Attaque lancée avec une précision magnifique, quoi !
-Et la distraction par la musique est depuis ce temps là très utilisée. J'ai revu un autre type le faire avec une guitare, récemment, se souvint Smirnoff.
-Et nous applaudissons tous Ollie qui, une fois de plus, a réussi à bluffer Personne ! sourit Allan.
La foule applaudit. Jules rappela ses Pokémon et s'en retourna, dépité vers les autres.
-J'ai été nul !
-Face à des combattants si expérimentés, je doute que vous ayez réellement une chance mais au moins ça va vous faire grandir mentalement. La prochaine… On va dire… Fatima !
-Sadia !!
-Pareil… Excusez-là, elle est un peu désorientée, elle ne sait plus vers quel cardinal se tourner ! assura Etienne.
Sadia s'avança et attendit son adversaire. Un étrange personnage arriva. Un barbu un peu replet.
-Eh bien, mon petit sucre, tremblote pas comme ça !
Sadia s'étonna. Une voix tout à fait féminine avait retenti. L'homme retira sa barbe postiche.
-Désolé, j'adore m'amuser à faire ça !
Mais même sans barbe, impossible pour Sadia de déterminer s'il s'agissait bien d'un homme ou d'une femme. Seule la voix restait distinctive.
-Je m'appelle Joséphine Joseph – Enfin c'est comme ça que tout le monde m'appelle ici, mon vrai nom c'est Joséphine Orson.
-Oh seigneur, vous… êtes hermaphrodite ?!
Tout le monde ricana. Joséphine sourit.
-Non, mon petit sucre. Je suis une femme, mais je ressemble assez à un homme. Et comme je fais une allergie aux cosmétiques, je ne me maquille pas, alors impossible de savoir au premier regard si je suis un homme ou une femme. Je suis androgyne, quoi.
Sadia semblait embarrassée.
-Oh… Oula… C'est… gênant ! Pardon pardon pardon !!
-Ne t'en fais pas, je cherche ni plus ni moins qu'à provoquer des réactions comme la tienne ! J'aime titiller les gens sur leurs limites. Et toi c'est… ce genre de limites !

Sadia, enfant, était avec sa mère, à l'hôpital. La fillette semblait passionnée par ce qu'il y avait autour d'elle. La mère semblait anxieuse. Le père revint, et la mère arriva vers lui.
-Alors ?
Le père baissa la tête.
-C'est fini…
-Ooooh non… Ohh…
D'autres hommes et femmes de la famille dans le couloir pleuraient ou criaient leur douleur.
-Ils n'ont pas pu la sauver… Ils ont dit qu'ils ont fait tout ce qu'ils avaient pu…
-Hicham c'est terrible…
-Je suppose que c'était la volonté de Dieu…
Sadia regarda ses parents qui semblaient bien malheureux. Elle se demanda pourquoi.

-Tu ne feras pas médecine !
Sadia hocha la tête.
-D'accord, papa...
Le père regarda sa fille sévèrement.
-Je sais que c'est une grande ambition, ma fille. Et je suis fier que tu y songes. Mais tu ne feras pas médecine.
Sadia acquiesça à la requête de son père, sous le regard de sa femme. La jeune fille partit, un peu dépitée mais soucieuse de ne pas contrarier son père.
-Tu aurais pu être moins autoritaire...
-Je refuse que ma fille se plaise à représenter ce métier.
-Tu pourrais au moins lui expliquer...
-C'est au dessus de mes forces.
-Hicham… Tu ne peux pas en vouloir éternellement au corps médical pour la mort de ta sœur !
-Si on lui avait dépisté ce cancer à temps, ma sœur serait vivante.
-Je sais que… tu rejettes la faute sur les médecins parce que tu ne veux pas culpabiliser mais…
-Je suis désolé, ma fille ne fera pas ce métier ou de simples mortels décident de la vie ou de la mort des gens. C'est au dessus de mes forces.


-Tu es prête, jeune fille ?!
-Euh… Oui…
-Dorothée, go !!
Le Qulbutoke apparut. Elle avait du rouge à lèvres seulement sur la lèvre supérieure (Ce qui donnait au Pokémon un air très bourgeois, aristo japonaise un peu geisha).
-Euh… Azumarill !
Le Pokémon Aqualapin apparut. Joséphine semblait attendre. Sadia hésitait.
-Si personne n'attaque il n'y aura pas de combat… Pas de combat, pas de chocolat comme disait papa ! ricana Allan.
-Je croyais que c'était ta grand-mère qui disait ça !! s'étonna Etienne.
-Libre à toi de me croire, Libératoire à toi de me voir !
-Celle-là était usée jusqu'à la corde !
-Je sais, soupira Allan, je me complais dans ma condition d'artiste romantique, homme antique, somatique !
-T'es lourd à un point que tu surpasses ton Coudlangue ! soupira Etienne.
-Pistolet à O !
-Voile Miroir !
Qulbutoke s'avança au cœur du jet d'eau, le renvoyant progressivement.
-Aqua Jet !
Azumarill fonça sur Qulbutoke qui fut repoussé(e ?) en arrière. Le Pokémon se releva mais eut affaire à l'Hydroqueue du Pokémon lapin.
-Riposte !
Azumarill se prit un violent choc physique de la part du Qulbutoke. Le lapin recula.
-C'est un choix à faire, Sadia. Tu attaques ou tu recules, mais pas les deux ! signala Etienne.
Joséphine regarda Sadia.
-Ta faiblesse, je la vois amplement, là… Tu es comme nue devant moi. J'ai éveillé le dégout chez toi, donc je te connais très bien maintenant, je sais jusqu'ou je dois aller pour t'angoisser, c'est très simple. Tu devrais faire de cette faiblesse une arme, mon petit sucre.
Andrew regarda Smirnoff.
-C'est un cas stratégique elle aussi ?
-Le cas Orson, oui très connu et reconnu. Elle collectionne les Pokémon avec une affection génétique rare. Elle a un contact téléphonique-fax-email avec les pensions du monde entier qui sont censées les appeler quand elles repèrent un Pokémon du genre de ceux qu'elle dresse.
-Quel genre de Pokémon ? demanda Penny, pas rassurée.
-Les Pokémon qui ont les différences de genre des femelles mais qui en réalité sont des mâles et inversement.
Andrew et Penny regardèrent mieux le Qulbutoke. Jules rehaussa ses lunettes, intrigué.
-C'est…
-Un Mâle. Mais il a cette rougeur labiale commune des femelles. C'est un défaut génétique. Joséphine a décidé de consacrer sa vie à l'étude de ces Pokémon particuliers. Elle a déjà présenté des tas de thèses, et la recherche a grandement évolué grâce à elle. Vous saviez que les Poussifeu avaient une différence physique ? Les mâles ont près de la nuque une minuscule tâche noire qui n'est pas présente chez les femelles. C'est subtil ! Eh bien grâce à Joséphine, les différences entre les genres n'ont plus de secrets pour nous. Elle a créé ce qui permet aujourd'hui de les répertorier et de les recenser comme des attributs génétiques communs à presque tous les Pokémon.
-Azumarill ! Bulles d'O !
L'attaque frappa Qulbutoke qui renvoya tout avec Voile Miroir.
-Maintenant ! Pleine puissance !
Azumarill réussit à surpasser le renvoi de Qulbutoke et repoussa la créature jusqu'à sa maîtresse.
-Eh ben… Bravo. Contre le suivant je doute que tu fasses long feu.
Elles rappelèrent leurs Pokémon.
-Siddhârta ! Vas-y !
-J'appelle Rafflésia !
Joséphine avait appelé un Hippodocus marron avec des tâches noires autour des articulations des pattes.
-Ouah… s'étonna Jules.
-C'est un… Ou une… s'étonna Penny.
-Ca c'est une femelle. La pigmentation est incomplète car le taux de testostérone est supérieur à celui des œstrogènes. Enfin ça c'est ce qu'elle en a conclu.
-Eco-sphère !!
Rafflésia envoya une rafale de balles vertes. Hippodocus supporta les attaques.
-Damoclès !!
L'attaque de l'Hippodocus frappa le Pokémon plante.
-Tu as peur d'elle ? sourit Joséphine.
-Elle me… dérange !
-L'ennui, mon petit sucre, c'est que de cette façon tu ressembles à tout sauf à une adversaire ! Comme tu es embarrassée, je vois toutes tes faiblesses ! C'est une femelle, intérieurement elle est tout ce qu'il y a de plus commun ! Et tu es gênée parce qu'elle est… différente ?
-Mais oui !
Andrew, Jules et Penny restèrent surpris par la sincérité désarmante de Sadia. Etienne hocha la tête.
-Un avantage par rapport à vous, c'est qu'elle ne mâche pas ses mots ! D'un autre côté elle est mauvaise bluffeuse.
-Mais, mon petit sucre, quand tu feras un métier plus tard, ou tu seras amenée à rencontrer des gens étranges, différents, handicapés, il faudra avant tout les traiter comme des gens normaux… et t'es pas super impassible !
-Désolée !
-T'excuse pas, c'est pire ! Ultralaser !
Rafflésia fut larguée. Joséphine agita la main pour que le combat continue.
-Euh… Sablaireau !
Le Pokémon apparut, face à…
-Ludivine !
Un Papilusion avec des marques noires sur les ailes arrière.
-Lui c'est un mâle ! signala Etienne. Un mâle avec le signe des femelles.
-En quoi ces Pokémon changent la stratégie du combat ? s'étonna Andrew.
-Attraction ou Séduction ne fonctionne pas sur eux. De même ils ne peuvent pas se reproduire.
Penny sembla quelque peu gênée.
-Les pauvres…
Sadia hésita à attaquer. Joséphine soupira.
-Tu imagines si un jour ce n'est pas ton sens moral mais tes convictions qui sont altérées ?
La jeune femme face à Joséphine s'étonna.
-Tu es en plein trouble. Si je me battais sérieusement, le Lance Soleil de Ludivine t'aurait déjà atomisée. Dépasse tes appréhensions. Tu es musulmane, tu as été élevée dans une foi et une morale qui te conduisent à émettre certains jugements – normaux chez tous les religieux. D'ailleurs je suis juive, personnellement ! Mais j'ai décidé que ma foi servirait avant tout mon combat pour éviter que ne soient rejetés ces Pokémon différents. Ta foi doit servir ton combat, non l'inverse.
Sadia hocha la tête.
-Gyroballe !
Sablaireau se roula en boule et fonça sur le Papilusion sans rouler sur le sol. La balle se dirigea, comme mue dans les airs.
-Giga Sangsue !!
Papilusion battit des ailes à l'envers. Ce faisant, il aspira l'énergie vitale de Sablaireau.
-Plaie Croix !
Sablaireau brisa le flux de l'attaque.
-Et Roulade !!!
La boule Sablaireau cette fois en mouvance issue du sol, fonça sur Papilusion qui s'écroula.
-Vous… N'avez pas utilisé Lance Soleil ?!
Joséphine éclata de rire.
-Tu as cru que j'avais Lance Soleil, parce que dans ta peur de l'ennemi tu étais prête à tout croire. La prochaine fois tu feras attention à ce que fait Papilusion plutôt qu'à ce que je dis, à quoi tu prêtais excessivement attention vu l'embarras provoqué par ma personne et mon apparence. Mon petit sucre, la prochaine fois que tu as affaire à un adversaire dans mon genre, ne laisse rien transparaître. Calme comme l'eau, légère comme une plume. Zen ! Sinon, tu donneras ta carte vitale à ton adversaire.
Sadia hocha la tête et salua à l'indienne.
-Merci beaucoup. J'ai grandement appris à votre contact.
-A ton service, mon petit sucre.
Sadia s'en retourna vers ses camarades. Etienne se pencha vers elle.
-Je suis fier de vous, vous avez retrouvé la direction vers où il fallait prier !
-Hmph… Allez au diable !
-C'était un compliment ! Un compliment merdique mais un compliment !
-Prochain affrontement désarmant de tristesse ? demanda Allan.
-Euh… Le gosse de riche !
Andrew s'avança, soupirant.
-J'aurais préféré me présenter moi-même ! grommela le jeune homme.
C'est alors que la foule s'écarta. Un homme repoussant arriva.
-Quoi ?!! geignit Andrew.

Les habits étaient parfaitement propres.
Les cheveux parfaitement coiffés.
Parfums en pagaille dans la pièce.
Onguents protecteurs appliqués sur la peau.
Manucure parfaite, visage clair sans aspérités.
Les cinq femmes de chambre étaient apprêtées auprès du jeune garçon.
Lorsqu'elles s'éloignèrent, il était tout beau, tout propre. N'importe qui serait ressorti d'un tel traitement beau comme un dieu grec. Ou comme un sandwich grec, c'est selon votre façon de voir ce genre de sollicitude…
-Voilà, monsieur !
Andrew, 8 ans, regarda autour de lui les cinq femmes qui venaient de passer vingt minutes à le préparer. Il avait ses beaux habits du dimanche, propres et clairs. Il semblait princier et intouchable…
Dégoûtant.
Il décida de fêter ça en allant manger de la confiture de fraises avec les doigts, puis d'aller jouer avec la boue. Ca leur ferait les pieds, tiens.

16 ans, Andrew effectue un golf avec ses parents et une famille d'amis.
-Andrew, tu as vu la fille des Sanderson ?
Andrew regarda la blondasse avec sa robe de princesse, ses rubans dans les cheveux et son maquillage légèrement excessif.
-T'es sur qu'elle a seize ans et pas douze et demi ?!
-Tu sais que les Sanderson sont très riches !
-Tu as raison, Papa, vivement que j'épouse cette pouffiasse.
-Andrew, tu la connais à peine…
-Mais tu veux que je me la fasse, c'est ça ?
-Ne sois pas si incorrect !!!
-Je la connais à peine mais je devrais l'épouser parce qu'elle est riche ?! Ou est la correction, ou même la logique, papa ? Ou est la stratégie ? C'est le plan le plus débile de l'univers. C'est ridicule. Adam et Eve étaient obligés de coucher ensemble parce qu'ils étaient seuls, mais moi j'ai le choix, je peux espérer vivre avec un peu d'amour dans ma vie ?!
La princesse s'approcha d'Andrew qui allait faire un swing.
-Salut An…
Il leva son club, en plein backswing, et lui latta la face avec une indifférence glaçante.
-AOUCH !
-CAROLINA !!
Le père d'Andrew regarda son fils médusé alors que celui-ci effectua, indifféremment au sort de la jeune pucelle éperdue dans les vaps du choc reçu, un magnifique swing qui alla directement dans le trou après deux rebonds. Et pas un regard pour le nez en sang de la damoiselle !
-Trou-en-un, Papa ! Herbert, vous avez perdu ! soupira négligemment l'adolescent avant de jeter son club dans le caddie et de prendre la voiturette et de repartir pour la maison, lassé de ces âneries.

-Est-ce que tu te rends compte de… l'incident ?!
Andrew semblait s'en moquer comme de l'an quarante. Et il s'en moquait vraiment. Et appeler ça un incident c'était faire que bien des choses là dedans avaient de l'importance.
-En tout cas si elle pouvait être plus souvent sur le terrain, j'aurais de meilleurs résultats au golf.
Le père d'Andrew se frictionna le visage.
-Tu… n'as de respect pour rien, tu es… malpoli, tu négliges les gens autour de toi, tu n'estimes même pas tes Pokémon… Y'a-t-il quelqu'un que tu aimes ?!
-Moi. Je m'aime. Ca me suffit, non ? C'est déjà pas mal.
-Throooo… Je t'envoie chez un psy !
-Gratifiant… marmonna insolemment le jeune homme.

-Tu n'as pas ce que tu désires.
Andrew regarda le docteur Graham.
-Tu ne… parviens pas à te satisfaire de ce que tu possèdes. C'est trop, tellement trop que tu aimerais avoir juste ce qu'il te faut, mais tu n'arrives pas à extraire ça de tout ce qu'on te donne. Alors tu prends ce que tu estimes nécessaire. Et cela explique ton détachement face aux choses. Tu choisis, tu ponctionnes.
-Vous me recommandez quoi ?
-Avant ça je dois savoir comment se comportait ta mère avec toi, avant qu'elle ne se sépare de ton père.
-Je…
-Si tu hésites à en parler c'est qu'il y a quelque chose.
-En fait… Elle ne me donnait rien. J'étais en permanence frustré avec elle. Quand je voulais un câlin, elle se contentait de me tapoter l'épaule. Elle n'aimait pas trop ça je crois… Elle ne m'aimait pas trop peut-être… D'après papa, elle voulait une fille…


-Moi c'est… Bob Stunkley ! Je suis… L'homme qui pue.
Et en effet une odeur terrible se faisait ressentir. Sadia était offusquée.
-Lui j'aurais pas pu l'affronter ! geignit la jeune musulmane.
-Moi non plus ! soupira Jules. J'aurais eu les mains prises à me boucher le nez et la bouche et à m'éventer pour respirer !!
-Quelle horreur !! cria presque Penny
-Vous avez pourtant face à vous un des plus grands performeurs de Gaz Toxik, Puredpois etc.
Les trois étudiants regardèrent Etienne, surpris.
-Comment ça ?
-C'est un cas stratégique particulier. Il a examiné les effets des gaz les plus toxiques. Il se lave tous les six mois par amour pour son travail. Il travaille comme chimiste dans un grand laboratoire d'analyses sur les effets bactériologiques, et est plus précisément expert en toxines gazeuses, et pour mieux les observer, il a décidé de sacrifier son hygiène personnelle. J'ai de l'admiration pour lui, mais il faudra me payer pour que j'aille lui serrer la main.
-Les plaques brunes sur son visage… esquissa Penny
-C'est de la crasse, et je peux vous rassurer sur un point : Il est de race blanche, contrairement à ce qu'on pourrait penser !
-UEEEEH !!!
-OUH….
-BEURK…
Bob cracha par terre sous le regard dégoûté d'Andrew. Penny regarda si le sol n'allait pas fondre sous l'acidité du crachat (Sait-on jamais).
-Ok ! On commence !
-… Vous… renardez sec… Ca pue !
-Je sais que ça pue ! Qu'est-ce que tu veux que j'y fasse !?
-Vous connaissez le savon ?!
-J'me suis lavé y'a trois mois, c'est bon, non ?
-Non c'est pas bon ! cria Andrew. Vous êtes immonde !!
-Et alors ? Faut bien faire quelques concessions quand on est passionné. J'ai remarqué qu'en me lavant trop régulièrement, les gaz avaient un effet exagéré sur moi, alors pour mieux les examiner, je m'accorde à leur teneur. En me lavant chaque jour, je diminuais la solidité de ma peau et de mon système immunitaire. De plus, les produits utilisés pour se laver de nos jours sont polluants. En ne me lavant pas souvent, je rends service à notre planète !
Andrew sortit Coxyclaque.
-Je préfèrerais être sourd ou avoir le taux de cire que vous vous trimballez dans les oreilles.
Penny grimaça. « Qui je vais affronter, moi ??? »
-Grotadmorv ! Go !
-Je m'en doutais ! sourit Jules.
-Coxyclaque ! Mach Punch !
Le Pokémon insecte chargea vers l'ennemi.
-Gaz Toxik !
Grotadmorv envoya une fumée terrifiante, verdâtre. Coxyclaque sembla pourrir sur place. Andrew s'étonna. La pièce était envahie de gaz polluant.
-Qu… Quoi ?!
Il regarda sa peau qui se nécrosait sous l'effet de la fumée.
-Qu… Eh !!! Mais…
Grotadmorv ravala la fumée. Andrew se regarda, rien n'avait changé. Sauf Coxyclaque qui était complètement désorienté et qui tournait sur place.
-Un effet hallucinatoire temporaire sur les humains et l'effet d'une drogue hypnotique sur les Pokémon. Une attaque terrible. Il a transformé son gaz en véritable arme de désorientation massive ! constata Smirnoff.
-Il ne travaille pas à des travaux nocifs ? s'étonna Sadia.
-Aucunement – Il s'intéresse à différer les effets de ses gaz par pur jeu, par chance ce n'est pas un fou dangereux ou un assassin, juste un joueur du combat. Mais ça il n'a pu le réaliser qu'en devenant lui-même toxique.
-Coxyclaque, Météores !!
Le Pokémon s'immobilisa et tourna sur lui-même, envoyant les étoiles qui foncèrent droit sur Grotadmorv.
-Detricanon !
Le Pokémon Dégueu envoya une sorte de boule qui éclata et projeta une fumée compacte qui piégea Coxyclaque. Andrew s'avoua étonné.
-Alors ça…
-Eh ouais. Le terrible résultat de mes recherches. Tu peux rappeler ton Coxyclaque mais il ne pourra pas sortir du Detricanon.
Andrew rappela son Pokémon.
-Groret ! Eclate-le ! Psyko !!
-Grotadmorv, Buée noire !
Le Pokémon cracha une fumée froide qui se transforma en créatures spectrales. Sadia, Jules et Penny regardaient cela d'un œil intéressé et surpris. La Psyko fut détournée. Les fantômes noirs partirent exploser sur Groret.
-On reconnaîtra là l'influence de Dragon Ball… Sauf qu'à mon souvenir c'était plus marrant ! songea Smirnoff.
-Zut ! Rayon Gemme !!!
La perle sur le front de Groret brilla d'une couleur blanche et partit en toile, chaque rayon perçant les fantômes.
-Hm ?!
-Moi aussi j'aime m'amuser avec mes attaques ! Rayon Gemme !
Groret envoya son rayon qui ferma la bouche de Grotadmorv en imposant des coutures de pierre blanche. Les rayons étaient partis comme des fils que Groret avait menés par sa Psyko.
-Il arrive à contenir l'essence du Rayon Gemme et à faire ce qu'il veut avec ?! s'étonna Jules.
-En gros il contrôle une sorte de roche molle. C'est plutôt pratique… constata Etienne.
-Rafale Psy !!
Il envoya l'attaque comme des tirs laser de ses perles. Grotadmorv recula, bouche cousue de pierre.
-C'est que qu'on appelle… Fermer les Peau-Pierre ! lâcha Allan.
-Faites-le taire ! pleura presque Smirnoff.
-Hmph… Peut plus attaquer… Reviens. Smogogo !!
Le Pokémon gazeux apparut.
-Brouillard !!
Une fumée jaunâtre remplit la pièce. On n'y voyait pas à quinze centimètres.
-Ouah !! s'étonna Penny.
-C'est violent ! admit Etienne. On se croirait en plein cœur de la politique gouvernementale !
Lorsque la fumée se dissipa, Groret était à terre, KO. Et tout le monde toussait.
-Boooob ! Tu pues déjà assez comme ça, pas la peine d'enfumer tout le monde !! grommela Allan Personne.
-Désolé patron !
-Tout de même ! Surtout avec des invités, c'est embarrassant !! grommela le chef, de nouveau.
Andrew fronça les sourcils et appela Colossinge.
-Puredpois !
Smogogo cracha une fumée magenta épaisse qui vint ligoter les membres du Colossinge entre eux. Le Pokémon ressemblait à un sac à patates.
-Ouah ! La fumée se solidifie à volonté ! s'étonna Jules.
-Des propriétés étonnantes, ces gaz… Il a vraiment un talent incroyable. Ses coups sont en passe d'être reconnus comme des attaques officielles.
-Puissance !
Colossinge brisa ses liens de fumée.
-Smogogo, attaque Gaz Toxik !
Le Pokémon Gaz Mortel cracha un gaz noir qui tourbillonna. L'attaque active fonça sur Colossinge et s'écrasa sur lui avec force.
-Son attaque avait la force d'un coup de poing de Mackogneur ! examina Jules.
-C'est le futur arbitre qui parle, là ? s'étonna Etienne.
-Oh oui, l'attaque avait bien cette puissance là !
Andrew se retourna.
-Vous voulez pas la FERMER !
Etienne et Jules se regardèrent.
-L'est pas commode ! murmura Jules.
-J'avais compris ! remarqua Etienne.
-Colossinge ! Attaque Mania !
Le Pokémon se rattrapa par terre et sauta droit sur son adversaire qui se prit un violent coup sur le crâne.
-Finissons-en ! Mitrapoing !
Colossinge largua Smogogo d'un rapide coup de poing en pleine face. Bob soupira.
-Eh bah toi, t'y va pas de main morte…
-Mouais… Un peu plus de décrassage, ça vous ferait pas de mal… Vous êtes répugnant.
Etienne sourit.
-C'est mon petit bébé ! Il parle comme moi ! Dernière concurrente ! Pénélope !
La jeune fille s'avança. Elle était plutôt bien habillée, collants et jupe grise avec veston de cuir noir et écharpe blanche. Très jolie, surtout avec ses soyeux cheveux blonds. Allan sourit.
-Les anges ont leur cité, mais ils ont envoyé une larme de sagesse au pays des affreux !
-Hihi ! Merci ! sourit Penny, flattée.
-Tu dis ça pour moi ?! grommela Bob.
-Tu pues trop, Bob ! Rentre chez toi, sérieux, tu nous gâches le spectacle !! hurla Allan.
Une femme très classe arriva face à Penny. Crâne rasé, maquillage, fourrure de Lineon autour du cou, collier de grosses perles roses et robe bleu noir presque translucide.
-Oh… Ouah…
-Classe, n'est-ce pas… Je me qualifie plutôt de Classe Ouvrière. On ne dirait pas comme ça mais je suis directrice de chantier. Les cheveux rasés c'est un genre… J'aime pas énormément les cheveux. Je suis Ulrica !
Penny hocha la tête. Etienne regarda son étudiante qui n'avait pas l'air rebutée par l'ambiance générale. Plutôt heureuse. Comme si une nouvelle l'avait rassurée.
« C'est bizarre… »

Deux jours avant, dimanche.

Penny se promenait dans une rue commerçante. Quelqu'un arriva vers elle à son insu et l'attrapa, lui bloquant la bouche et les yeux.
-Hm !!!
La personne la lâcha. Lorsque Penny se retourna elle aperçut son oncle.
-Oh ! Oncle Antoine !
Il s'agissait bel et bien d'Antoine de Beaufort.
-Comment vas-tu, Pénélope ?
-Très bien ! Je suis enfin entrée en cellule de formation supérieure de stratégie !
-A Doublonville, c'est ça ? Moi je vais me faire muter là bas, pour donner des cours d'histoire en remplacement d'une prof qui est partie.
-C'est vrai ?! Chouette ! On va être dans le même établissement !
Il fallait savoir que cet oncle était la seule personne de sa famille que Penny supportait à peu près. Moins apostrophant, moins donneur de leçons. Collant, par contre. Trait héréditaire, on va dire.
-Eh oui. Comment vont tes parents ?
-Bien…
Il la regarda. Elle n'avait pas l'air ravie de parler d'eux.
-Je sais qu'ils te bassinent avec ton apparence, mais ils n'ont pas tort, tu dois prendre soin de toi.
-… J'ai été boulimique pendant seulement deux ans…Ils pourraient être compréhensifs.
-Tu sais que c'est ta faute, pas la leur si tu es tombée malade !
-Tonton… soupira Penny.
-Et… qui est ton professeur en stratégie ?
-Un excentrique du nom de Smirnoff.
-… Oh… Fais attention à lui c'est un malade.
-Pourtant il est connu dans l'établissement… Sa sœur est même au secrétariat !
Antoine se figea sur place.
-Bon, je te laisse tonton ! Tu arrives quand à la faculté ?
-… Janvier !
Penny sembla soulagée.
-Cool ! A plus !
Penny partit dans une ruelle, soupirant de voir que quoi qu'elle fasse, sa famille aurait une emprise sur elle.
Antoine resta immobile, les yeux froncés.
-Cette sale petite garce d'Estelle…


Oui, Penny était rassurée.
« Janvier… J'ai trois mois de liberté avant que mon oncle ne débarque ! »
Penny reprit son sérieux.
-Vous portez de la fourrure !!! Monstre ! Vous n'avez pas honte !!
Jules, Andrew et Etienne s'étonnèrent.
« Lunatique ! »
Ulrica sourit.
-Pas du tout ! Ne pas se fier aux apparences.
Le Lineon qu'elle avait autour du cou se mit à bouger et descendit de son cou. Penny s'étonna.
-Eh bien…
-Tu me vois comme riche, belle et froide depuis tout à l'heure ? Tu vas déchanter.
-Magirêve, à toi ! Attaque Tonnerre !!
Le Pokémon sorcière tournoya et envoya son attaque électrique, mais Lineon esquiva en attrapant sa queue et en tournoyant. Penny s'étonna.
-Il est trop mignon, j'ai toujours adoré ce genre de Pokémon !
-Lineon, Griffe Ombre !
Le Pokémon réussit à frapper Magirêve.
-Eh !! Rafale Psy !!
L'attaque choqua fortement Lineon qui ne demanda pas son reste. Ulrica le rappela.
-En quoi figure t-elle en cas stratégique ? demanda Andrew.
-C'est une styliste qui utilise ses Pokémon comme vêtements. Elle porte en permanence ses Pokémon sur elle. A côté de son métier de directrice de chantier, elle propose régulièrement des modèles. La dernière mode selon elle, c'est d'utiliser son Gloupti comme sac.
Ulrica détacha son collier qui se rassembla tout de suite en Noeunoeuf.
-Vent Mauvais !
Magirêve cracha son attaque. Noeunoeuf peina à résister.
-Elle est forte ! s'étonna Allan.
-Figure-toi qu'elle m'a battu ! remarqua Etienne.
-Noeunoeuf ! Choc mental !
Le Pokémon tenta l'attaque mais Magirêve y résista parfaitement et laissa tomber une Ball'Ombre comme une chape de plomb sur l'adversaire. Ulrica soupira.
-Je suppose que c'est inutile.
La robe d'Ulrica s'enleva et se mua en Polichombr. Sous lui, Ulrica ne portait qu'un t-shirt et un jean.
-Eh oui… Ne pas se fier aux apparences. Bravo, tu es une jeune fille très forte !
-Merci, madame !
Allan hocha la tête.
-Eh bien, Etienne… Sacrés morceaux, tes marmots.
-Ouais… Je sais…
-A part ça, tout va bien pour toi ?
-Bof… Un peu perdu la volonté de combattre.
-Smirnoff le fou a perdu la volonté de combattre ?! On va régler ça.
Allan sauta de Coudlangue, atterrissant sur sa canne.
-Bien, Etienne… 1 vs 1. Comme avant.
-D'accord. Erwan !
Le Capidextre arriva, souriant.
-Allez ! On y va !
Les quatre élèves s'étonnèrent.
-Pourquoi Smirnoff le fou ?! C'est étrange comme surnom… s'étonna Jules.
-Coudlangue…
Le Pokémon s'avança face à Capidextre.
-Prêt ?
-Je sais pas…
-C'est quoi le problème ? Battu par une élève ?
-Non, je sais pas… J'ai plus trop… le feeling.
-Tu as perdu ton trésor. C'est ça ? Quand les hommes perdent quelque chose de précieux, c'est toujours dur pour eux de trouver un intérêt au reste. Et toi tu es le genre Filou-fêlé du Gulliver, alors pour te désintéresser du combat, ça devait être quelque chose de super précis-précieux que tu as perdu-perdrix…
Etienne hocha la tête, malheureux.
-Mégafouet !!!
Coudlangue déploya sa langue, droit sur Erwan et Etienne qui esquivèrent chacun d'un côté.
-Onde de Choc !
Le Pokémon singe attrapa la langue du Pokémon et l'électrocuta. Mais le Pokémon Lécheur en profita pour attirer Capidextre à lui et le frapper d'un Martopoing. Capidextre recula après le choc.
-Météores !!
L'attaque atteint Coudlangue, frappé par les étoiles.
-Souplesse !!!
Coudlangue frappa Capidextre de plusieurs attaques de la langue. Les étudiants étaient étonnés de la différence flagrante entre la maladresse apparente du Pokémon et la capacité de mouvement de l'appendice.
-Mitrapoing !
Etienne frappa dans le vent. Capidextre frappa dans le ventre du gros Pokémon qui recula.
-Oh… s'étonna Allan.
-Ah… s'étonna Etienne.
Coudlangue sourit et frappa Capidextre d'un coup de pied.
-Eeeeeh ! Vas-y, j'te dirais rien !
-Tu me connais, nan ?! Coudlangue ! Lance Soleil !!!
L'attaque partit sur Erwan qui se rétablit sur ses pattes et sauta en l'air.
-Giga Impact !!!
Capidextre tomba vers Coudlangue et l'assomma de ses deux poings réunis. Le gros Pokémon s'écroula à la renverse.
-Haaan non, Coudlangue !!
-Et voilà ! sourit Etienne.
-Wow… s'étonna Jules.
-Effectivement, le prof est impressionnant… s'écria Penny.
-Plutôt oui… acquiesça Sadia.
-Peuh… soupira Andrew.
-Tu vois, Etienne ! Toujours aussi fou ! Tu n'as rien lâché à ton style !
Le prof était en nage.
-Si on appelle votre prof comme ça, c'est parce qu'il est aussi épuisé que son Pokémon après la bataille ! C'est notre fatigué patraque pas triste !
-Oui bon…
-Allan t'es lourd là !
-Ca suffit un peu !
Le chef se retourna et leva sa canne.
-Ok ? Ok ?! Bon ! J'étais content de te revoir, Smirnoff !
-Moi aussi, je suis content d'avoir revu… Personne !
-N'hésite pas à le clamer autour de toi ! cligna de l'œil le malicieux gardien de la cache secrète du métro.
Etienne sourit et repartit avec ses élèves. A quelques lieues d'ici, le chaos.

-BIEN…
Gisèle était assise face à Linus et Jonathan.
Autour de la table, Norbert, Kenneth, Eddy et Estelle.
Derrière Gisèle, Eric et Judith.
Conseil d'administration.
-J'ai repéré le problème de votre service. J'ai pris la décision de réunir ce conseil afin d'annihiler le problème et d'y remédier !
Linus hocha la tête.
-Très bien, je suis persuadé que nous pouvons trouver un terrain d'entente, et en discuter calmement.
-N'est-ce pas. Bien. Je lance le premier et unique ordre du jour.
-Allez-y, madame la directrice, nous vous attendons, sereins et confiants ! annonça le proviseur.
-Il s'agit de votre licenciement immédiat et sans préavis, Linus.
Etonnement général. Norbert plissa les sourcils, surpris. Eddy regarda la directrice, étonné. Estelle semblait sonnée. Jonathan écarquilla les yeux, visiblement gêné. Kenneth resta impassible.
-P… Je vous demande pardon ?! balbutia le proviseur.
-Vous êtes… un bon proviseur au demeurant, un élément tout à fait convenable. Votre équipe est à même d'effectuer la plupart des tâches avec aisance et facilité, le travail écoulé ces trois dernières semaines est tout à fait satisfaisant. C'est de votre côté que le bat blesse.
Linus tomba littéralement des nues.
-Vous n'imposez pas votre poigne, votre autorité. Vous laissez tout passer, tout glisser avec une bonhommie ridicule. Vous dirigez cette équipe comme une halte-garderie, en laissant se faire certaines choses qui ne relèvent pas des gens mais de vous. Vous avez laissé s'insinuer les voyages dans les bureaux, les allées et venues de professeurs dans leurs heures de cours, vous avez même allongé les pauses… De plus, il va sans dire que vous êtes un alcoolique patenté incapable de vous contrôler. Vous ramenez votre fils pour le faire garder par n'importe qui… Bref c'est principalement votre faute si cette administration part à vau-l'eau !
Linus secoua la tête.
-M…. Mais… En aucun cas… Cette administration n'en pâtit… Et j'ai eu une très mauvaise semaine ! Vous ne pouvez pas me juger… là-dessus !
-Bien sur. Tout le monde ici va le confirmer dès à présent. Qui vote l'éviction de Linus Winchester ?
Jonathan garda les bras bien croisés, le regard noir en direction de la table. Estelle resta impassible, incapable de se décider, étant là depuis moins d'un mois et vouant un certain respect à l'homme Linus pour avoir aidé son frère.
Cependant, les mains de Norbert, Eddy et Kenneth se levèrent, suivies par celle de Gisèle.
-Nous disons donc 4 voix contre 3. Mr Winchester, vous avez jusqu'à ce soir…
Le proviseur resta hébété. Jonathan se leva.
-VOUS AVEZ PAS LE DROIT !!
Linus regarda son vieil ami, à côté de lui.
-ESPECE DE VIEILLE FOLLE !! VOUS AVEZ PAS LE DROIT DE LE VIRER !
-John !!! cria Estelle.
-Jonathan, laisse !
Linus venait de se lever. Il baissa la tête. Gisèle resta impassible comme à son habitude, face aux pires comportements.
-Je… serais parti ce soir.
-Oh, j'oubliais… continua la vieille femme, vous devez confier le poste de proviseur à quelqu'un…
Linus hocha la tête.
-Je… charge mon confrère Mr Finsbury d'assurer ce poste. Il se débrouillera infiniment mieux que moi.
Norbert se mordilla douloureusement les lèvres. Jonathan frappa sur la table et sortit. Il désigna Eddy, Norbert et Kenneth.
-Les TROIS, là ! Je vais vous DEMONTER LA GUEULE !!!
Il sortit en claquant la porte. Linus soupira, assis à sa place tandis que tout le monde quittait la salle du conseil, honteux ou étonné.